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Le film Justice League : un long soupir de désespoir.

Pas facile de faire un film qui plaît à tous.

Par
Boris Nonveiller
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Ça fait déjà plusieurs années que DC Comics tente d’égaliser les exploits des Studios Marvel, c’est-à-dire de créer un univers cinématographique où différentes trames narratives de superhéros se répondent de film en film.

C’est le réalisateur Zack Snyder qui était donc aux commandes de ce qui se voulait le triomphe de DC au cinéma et la réponse aux Avengers de Marvel : Justice League, qui réunit des héros déjà bien connus (Superman, Batman et Wonder Woman) avec des nouveaux venus (Cyborg, Flash et Aquaman).

Toutefois, comme les films précédents de Zack Snyder étaient jugés trop dépressifs et edgy, Joss Whedon, l’un des principaux artisans du succès de la franchise Avengers, a donc été appelé à la barre pour donner un coup de main à Snyder avant de finalement le remplacer.

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Ainsi, une nouvelle menace venue du ciel s’abat sur Terre, Batman et Wonder Woman tenteront d’unifier des hommes aux pouvoirs extraordinaires afin de palier la disparition de l’homme d’acier qui seul peut redonner la confiance au genre humain (j’ai vraiment du mal à croire que j’écris ça au sujet du Superman de Snyder, en passant).

N’ayant pas eu des films consacrés à expliciter les enjeux de leurs drames, les nouveaux venus de la ligue se voient réduits en un assemblage brouillon de clichés et de personnalités unidimensionnelles.

Lors d’une introduction qui dure au moins une heure, on tente de nous exposer les motivations des protagonistes qu’on connait déjà, et de nous présenter ceux qu’on n’avait pas encore eu la chance de rencontrer. Cyborg, Flash et Aquaman, fraichement arrivés au panthéon cinématographique de l’univers de DC, auront chacun un petit dix minutes de présentation.

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N’ayant pas eu des films consacrés à expliciter les enjeux de leurs drames, les nouveaux venus de la ligue se voient réduits en un assemblage brouillon de clichés et de personnalités unidimensionnelles. Cyborg est fâché et attristé par sa nouvelle condition de monstre de Frankenstein des temps modernes et Aquaman est un gros douchebag qui se plait à exposer sans arrêt ses tatous et sa capacité à caller du fort (on dit aussi, comme ça, qu’il est le roi de l’Atlantide, mais ça n’a pas beaucoup d’importance).

Seul Flash réussit à sortir son épingle du jeu. Archétype du geek gêné, drôle et qui veut se faire des super amis, il réussit à être un ajout attachant dans un film qui essaye à tout prix de convaincre son public qu’il est léger et plein d’humour, malgré la gravité des enjeux, le sérieux de la majorité des personnages et l’atmosphère glauque qui persiste encore.

Batman, qui a été présenté dans les films précédents comme un vieux cynique aigri, essaye tout d’un coup lui aussi de faire des jokes qui tombent toutes à plat. Faut dire que la majorité de ses blagues se résument à reprendre des running gags qui circulent depuis longtemps sur Internet, comme dire que son seul pouvoir, c’est être d’être riche, ou de rire d’Aquaman parce qu’il parle aux poissons. Tout ça donne un ton schizophrène et des personnages qui ne sont vraiment pas exploités à leur plein potentiel. Aquaman peut contrôler des marées, créer des tsunamis et diriger les plus grands monstres des fonds marins… et il ne fait rien de tout ça. Il se contente de faire la baboune et de puncher des monstres de temps en temps. Cyborg se résume à un hacker avec des armes robotiques mais sans aucun charisme et Flash réussit à amener une certaine légèreté, mais ne sert à rien d’autre, puisque, malgré sa rapidité surhumaine, il ne peut pas grand-chose contre des ennemis trois fois plus forts que lui. On a même l’impression qu’il appartient à un autre film.

Faut dire que la majorité des blagues de Batman se résument à reprendre des running gags qui circulent depuis longtemps sur Internet, comme dire que son seul pouvoir, c’est être d’être riche, ou de rire d’Aquaman parce qu’il parle aux poissons.

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Le film ne sera donc pas porté par les personnages, même si Wonder Woman fait ce qu’elle peut. L’action est au rendez-vous, mais ce n’est que par principe : à part quelques moments mémorables, elle reste assez générique. Ce sera finalement le principal problème du film. Véritable monstre à deux têtes, il essaye de marcher dans deux directions différentes et finit par ne se rendre nulle part.

La trame sonore de Danny Elfman va reprendre des éléments musicaux du Batman de Tim Burton d’il y a 30 ans et il y a même un clin d’œil au thème de John Williams du premier Superman (1978). Vraiment, tout est fait pour nous faire croire que les bons vieux super héros sympathiques d’antan avaient toujours été parmi nous, que toute la lourdeur de l’univers cinématographique de DC n’était qu’un mauvais rêve, et que la nouvelle équipe souriante qui va nous éloigner de nos problèmes et nous faire rêver un peu est enfin arrivée.

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Justice League n’est peut-être pas le déraillement catastrophique qu’était Batman v Superman, mais ce dernier avait au moins une vision et assumait ses réflexions, aussi prétentieuses et vides furent-elles; c’était un film détestable, mais au moins, il avait une âme.

Ici, personne n’est dupe, pas même ceux qui tirent les ficelles. Le film semble conscient de sa propre supercherie : à la fin du générique de début, la dernière image présente en grand plan la pancarte d’un itinérant, pancarte où il est écrit « I tried ». Ce long soupir de désespoir de la part de l’équipe de tournage semble nous dire que malgré toute la volonté de sauver un film de l’encadrement maniaque et paniqué de son studio, ils n’ont pu rien faire d’autre que d’essayer.

Malheureusement, on ne peut pas faire grand-chose d’un film qui tente de plaire à tous, d’être tout à la fois et qui finit par n’être rien.

Ça reste un beau commentaire sur ce qui peut arriver quand les producteurs font trop d’interventions compulsives, mais en tant que film, ce n’est rien de plus qu’un beau gros essai raté.

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