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Certainement que j’allais écrire sur la Journée internationale des (droit des) femmes. Parce que l’égalité des sexes n’est pas gagnée, que le féminisme n’est pas une relique obsolète et que les femmes ont le droit d’aspirer à mieux.
J’observe, autour de moi comme sur la place publique, un réflexe inquiétant qui consiste à prendre à la légère ou à tourner en dérision celles et ceux qui se réclament féministes.
Certainement que j’allais écrire sur la Journée internationale des (droit des) femmes. Parce que l’égalité des sexes n’est pas gagnée, que le féminisme n’est pas une relique obsolète et que les femmes ont le droit d’aspirer à mieux.
Apparemment, les femmes auraient « rejoint » les hommes depuis longtemps. Apparemment, il est convenable de se moquer, plus ou moins gentiment, des féministes. Un peu comme on se moque de Brigitte Bardot et ses bébés phoques.
Curieuse comme elle est courante, cette idée selon laquelle les revendications féministes sont presqu’un défaut de sophistication. Un réflexe belliqueux un peu arriéré. Une frustration d’adolescente. Au Québec, me suis-je laissée dire, on serait rendu « ailleurs ». Voyez comme elles sont belles et fortes, ces cheffes d’entreprise, ces politiciennes, ces animatrices à succès. Le monde, il est équitable et les femmes le conquièrent à loisir. Ton rouge à lèvre aurait besoin d’une retouche.
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On roule les yeux devant les « féministes frustrées ». Mais pourtant, la misogynie, la violence, l’infantilisation des femmes et le patriarcat ne sont pas le lot exclusif d’autres temps ou d’autres lieux. Loin s’en faut.
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Et contrairement à ce qu’il plait aussi de croire, ce n’est pas en « cessant d’y penser » que l’égalité des hommes et des femmes atteindra son parachèvement. À ce que je sache, nous vivons toujours dans une société où, malheureusement, même le droit de disposer de son propre corps ne semble pas constituer un acquis inébranlable. Vous en parlerez à notre Premier ministre. Et les refuges pour femmes victimes de violence, ils sont bondés. Et les viols, et les agressions, et le harcèlement.
À ces chapitres, il n’y a pas de compromis possible: qu’on vienne me dire qu’en « cessant d’y penser », ces tragédies cesseront. Il y a encore une lutte considérable à mener pour purger la société de ce joug de peur qui, essentiellement, envoie aux femmes le message de rester « à leur place ».
Mais même dans les cas moins tragiques, la vigilance féministe est toujours nécessaire. Car la contrainte sociale induite par le seul fait « d’être femme », elle est bien réelle. Et la souffrance qui en est le corollaire ne devrait pas exister dans une société prétendument démocratique et civilisée.
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J’avais environ 14 ans lorsque j’ai pris conscience qu’il existait un véritable double standard pour les femmes, au sein de notre belle société égalitaire. Qu’il ne suffisait pas d’être intelligente et vigoureuse pour réussir dans la vie, mais qu’il fallait aussi se conformer à un certain modèle cosmétique, sans quoi les deux premiers attributs risquent de passer sous couvert.
Pour les femmes, qu’on l’admette ou non, il faut cette « clé » supplémentaire qu’est l’adage de la dégaine, du look et, surtout, de la silhouette. Et à 14 ans, j’apprenais à m’inquiéter de mon corps bien avant d’envisager l’avenir. Les écoles secondaires sont bien sûr des lieux où se manifestent en puissance les pires démonstrations de darwinisme social, mais je ne crois pas que ces dogmes soient le simple fruit de la débilité adolescente.
Cette haine envers la diversité des corps ainsi que la primauté de l’apparence, pour les femmes, personne ne m’a convaincue à ce jour qu’elles sont caduques dans le monde adulte.
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Les femmes, quand bien même qu’on se targuerait du contraire, sont toujours soumise à une tyrannie injuste, à un double standard qui est trop souvent source d’une insécurité, voire d’une souffrance certaine. Les femmes « doivent » se conformer à une idée formatée de ce qu’est la féminité; à un cadre normatif bien précis en dehors duquel, littéralement, elles « cessent » d’être femmes…
Mais pourquoi aurait-on à lutter pour s’élever avec des ailes amochées d’avance, par tous les « trop ci, trop ça, pas assez ci » dont on nous bombarde? Je me le demande.
La condition féminine vient avec son lot de frustrations et d’inconforts, dont les causes sont arbitraires et genrées. Ce n’est pas ce que j’ai envie de léguer à ma fille, si un jour fille j’ai.
Pour toutes ces raisons, la moquerie et la dérision, lorsqu’on parle de féminisme, elles ne sont pas convenables. Rien n’est aussi destructeur que le rire. Car lorsque l’hilarité se dissipe, il ne reste des idéaux qu’une carcasse exsangue.
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La moquerie n’est pas amour, la moquerie n’est pas bienveillance et la moquerie n’est certainement pas égalité.
Sur ce, je vous souhaite une belle Journée internationale des femmes.
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