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Le débat sur la laïcité dérape pis pas à peu près
Je devrais parler de vraies nouvelles qui intéressent le monde, genre le sport.
Je pourrais faire comme les grands chroniqueurs sportifs, et donner mon avis sur les performances du Canadien, tout en leur donnant des conseils, même s’ils sont des joueurs professionnels ayant atteint le niveau le plus haut, et que moi je suis un gars qui voit des points noirs quand il monte les escaliers.
«Si le Canadien veut gagner sa prochaine partie, va falloir qu’ils essaient de faire plus de buts que leurs adversaires».
Je vais me contenter de chialer sur les politiciens.
Le débat sur la laïcité dérape
Avant de commencer, je tiens à faire un erratum par rapport à ma chronique de la semaine dernière, où j’ai dit «je doute que, placées devant le choix entre leur religion ou leur job au ministère, [les femmes voilées] choisissent le ministère». C’était inexact.
La loi n’interdit le port de signes religieux qu’aux personnes en position d’autorité, et aux enseignants. Par contre, si un employé de l’État sert le public, il ou elle doit le faire à visage découvert. Ainsi, une femme qui porte le voile intégral et qui travaillerait par exemple au comptoir de la SAAQ n’aurait plus le droit de travailler avec son voile.
En fait, elle ne pourrait pas aller chercher son permis non plus, parce qu’il faut également avoir le visage découvert pour recevoir un service. Bon, conduire tout court avec un voile intégral ça doit pas être facile, mais ça peut pas être pire que les milliers de tarlas qui font pas leurs angles morts.
Si vous votez une loi, et que certains refusent de s’y conformer, comment vous pensez que ça va finir? François Legault, lui, il veut pas en parler.
Mais assez parlé de conduite routière, je vais parler d’un sujet qui me fâche moins, la laïcité. À la grande surprise de personne, sauf du gouvernement qui pensait naïvement qu’un débat qui comprend entre autres des gens croyants qui pensent qu’ils vont aller en enfer s’ils ne suivent pas les règles de leur religion et des nazis, allait se passer dans le calme et la sérénité.
Pendant que certaines commissions scolaires et certains maires en appelaient à la désobéissance civile, une chaîne humaine était formée autour d’une école de Westmount pour protester contre la loi.
Valérie Plante, qui a appelé au calme, s’est fait répondre par des messages haineux et des menaces violentes. Évidemment.
Mais c’est la vice-première ministre Geneviève Guilbault qui a jeté de l’huile sur le feu quand elle a dit que les policiers pourraient être appelé si une personne refusait de se conformer.
Vite, elle a dû revenir en arrière, parce que François Legault veut projeter une image de compromis et de modération, pis l’idée que les policiers débarquent dans la classe de maternelle pour arrêter madame Fatima parce qu’elle veut pas enlever son voile, ça fait pas ben ben modéré.
Mais en même temps, si vous votez une loi, et que certains refusent de s’y conformer, comment vous pensez que ça va finir? François Legault, lui, il veut pas en parler.
Ah pis j’ai le goût de finir avec ces mots partagés par Essraa Daoui, une enseignante portant le voile:
«Rembourse moi mes 4 ans d’université, rembourse moi tout le temps passé et les nuits sans sommeil. Rembourse moi mes rêves et mes plans de vie.
On débat pas avec ma vie et ma légitimité d’exister telle que je suis».
Les loyers se font rares: bonne chance sur Kijiji!
Vous le savez, le 1er juillet se rapproche tranquillement, et ça peut être stressant, parce que nous, les québécois, on a eu la bonne idée de tous déménager la même journée. Du génie.
Si vous êtes en recherche de loyer, vous avez peut-être remarqué que c’est de plus en plus difficile. Normal: selon les chiffres de la Société canadienne d’hypothèque et de logement, moins de 2% des logements sont inoccupés.
Qu’est-ce que ça fait? De un, des personnes pourraient se retrouver à la rue. En 2002, Montréal a connu une pénurie tellement épouvantable que la ville avait dû ouvrir des centres d’hébergement d’urgence pour les familles qui n’avaient pas réussi à trouver un loyer.
Pourquoi je spécifie famille? Parce qu’en cas de pénurie, les propriétaires, qui se retrouvent avec le gros bout du bâton, peuvent parfois se mettre à faire de la discrimination: pas de chiens, pas de personnes racisées, et surtout, pas de monde qui ont des enfants.
Après ça, on se demande pourquoi toutes les familles finissent par s’installer en banlieue, même si y’a pas de cafés de troisième vague, en banlieue.
Jody Wilson-Raybould expulsée… et déshonorée?
Bon, ça fait des semaines que l’affaire Jody Wilson-Raybould dure, et si ça passionne les canadiens, ça laisse vraiment les québécois indifférents.
Fait que je vous résume ça super vite.
Jody Wilson-Raybould, qui s’est plaint d’ingérence politique, a demandé au premier ministre… de faire de l’ingérence politique.
JWR était procureure générale, Justin Trudeau lui aurait demandé d’abandonner les poursuites contre SNC-Lavalin pour sauver des jobs, elle aurait dit que c’est de l’ingérence politique, Justin Trudeau a été dans marde.
Après des semaines de scandale, Mme Wilson-Raybould a finalement été expulsée du conseil libéral cette semaine.
Mais c’est pas ça le bout intéressant.
Quand la crise a éclaté, en février, le gouvernement Trudeau serait allé voir Jody Wilson-Raybould pour lui demander ce qu’ils devaient faire pour qu’elle les aide.
Elle a donné trois conditions: des excuses du premier ministre (ça, c’est pas trop dur, il s’excuse de ses gaffes aux deux minutes) et la démission de trois personnes associées au dossier.
Mais c’est la dernière condition qui fait sursauter: elle aurait demandé que le premier ministre oblige le nouveau procureur à ne pas abandonner les poursuites contre SNC-Lavalin.
Bref, Jody Wilson-Raybould, qui s’est plaint d’ingérence politique, a demandé au premier ministre… de faire de l’ingérence politique.
Bon, maintenant qu’on sait que tout le monde est nono dans cette histoire-là, on peut tu recommencer à se foutre de la politique fédérale comme d’habitude?