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Le Comité d’action de Parc-Extension organisait lundi soir, conjointement avec La Coopérative du Monde-Uni, une action-projection devant le 700 Jarry Ouest. Sur place, une soixantaine de personnes se sont donné rendez-vous en face du petit édifice qui loge un garage et un marché abandonné. Activistes du quartier, familles inquiètes et curieux s’entassent entre les carcasses de voitures où des samosas et des miches de pain sont distribués.
L’emplacement de l’occupation n’est pas anodin. Située entre Bloomfield et Champagneur, au cœur d’une rue séparant officieusement la partie sud et la partie nord du quartier, l’adresse est représentative des transformations plombant Parc-Extension. Alors que l’embourgeoisement du flanc sud est en marche depuis quelques années, l’enjeu du 700 Jarry Ouest est la perte aux mains du marché spéculatif d’un lopin central qui engagerait un processus dommageable pour l’ensemble du secteur.
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«c’est une lutte non pas pour les militants, mais pour les familles les plus démunies. S’il y a un moment pour dire NON aux condos dans Parc-Ex, c’est maintenant!»
Revenons en 2019, un promoteur immobilier acquiert cet édifice ayant déjà vu de meilleurs jours, proposant sa destruction pour y développer un projet résidentiel et commercial haut de gamme de quatre étages. Une occupation inaccessible, voire humiliante pour la grande majorité du quartier, considérant que Parc-Ex est l’un des quartiers les plus vulnérables au pays. Un bref survol de l’artère exhibe en grande partie des logements à faibles revenus, des marchés et de petits restaurants indiens. Un tel projet bouleverserait considérablement le paysage socio-économique des lieux.
Amy, membre du CAPE, m’explique la suite des événements : « Grâce à l’acharnement de la mobilisation citoyenne débutée en 2020, l’arrondissement a rejeté la proposition du promoteur l’hiver dernier. Ce fut une petite victoire, mais ce que nous revendiquons aujourd’hui est son rachat par la Ville afin de pouvoir y construire des logements sociaux et ainsi répondre aux besoins criants du quartier. »
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À titre d’exemple, l’acquisition récente de la Plaza Hutchinson, de l’usine Bétonel et du 7965 de l’Acadie forme des précédents desquels s’inspirer. Rose, qui œuvre pour la Coopérative du Monde-Uni, abonde dans ce sens : « Le 700 Jarry Ouest est une lutte non pas pour les militants, mais pour les familles les plus démunies. S’il y a un moment pour dire NON aux condos dans Parc-Ex, c’est maintenant! ».
Un court-métrage documentaire réalisé par le CAPE est projeté sur la façade du bâtiment voisin, expliquant avec clarté les différents défis auxquels le quartier est confronté.
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Sonia, du Comité d’Action, ajoute : « La précarité et l’insalubrité sont des enjeux familiers au quartier, mais aujourd’hui, ils ne sont plus prioritaires. Ça fait des années qu’il n’y a eu aucune nouvelle construction à caractère social. La liste d’attente pour du logement communautaire enfle sans cesse, 1 000 familles y sont inscrites. Sans contrôle des loyers, les locataires sont à la merci des propriétaires. Nous demandons de la dignité de la part de la Ville. Quand tu vois les gens souffrir, tant physiquement que mentalement, c’est vraiment dur, mais ça donne la force de continuer », me confie-t-elle.
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En pleine période électorale, le futur de l’adresse semble néanmoins incertain. Le combat se poursuit et le 700 Jarry Ouest reflète l’espoir d’un quartier qui ne compte pas abdiquer, où la gestion est orchestrée en phase avec la volonté des occupants. L’acharnement y est, c’est déjà une victoire.