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Le chômage, c’est aussi du temps pour repenser à ce qu’on veut faire dans la vie
Être chômeur, c’est développer une drôle de relation avec le temps. Ça ne paraît pas, mais se retrouver avec 25, 35 ou 40 heures de plus par semaine à meubler, ça peut facilement devenir un défi !
Après avoir senti le temps s’arrêter durant ma dernière année de travail, puis l’avoir vu s’étirer un peu plus pendant l’attente du premier chèque de chômage, c’est l’inverse qui s’est produit lorsque l’argent s’est mis à entrer. Les journées se sont mises à défiler tellement rapidement que les six mois de prestation auxquels j’avais droit me sont apparues comme quelques semaines seulement.
Une épée de Damoclès au-dessus de la tête
C’est qu’après deux mois à se morfondre, on commence à avoir hâte de bouger, de se mettre en marche, voyez-vous ? On peut penser, sans l’avoir connu, que le chômage, c’est un peu comme des vacances, mais c’est loin d’être le cas si vous voulez mon avis. Parce qu’on ne décroche jamais vraiment. On est un peu pris chez nous : on a assez d’argent pour payer le loyer, manger et sortir un peu, mais on n’a pas les moyens de faire plus.
Comme la communication avec le gouvernement fédéral est quasi-inexistante, on ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez. Pour moi, c’était l’insécurité d’avoir mes prestations coupées, d’avoir mal rempli tel ou tel autre formulaire, d’avoir des inspecteurs qui débarquent pour vérifier si je fais bien mes demandes d’emploi, d’avoir peur d’encaisser un chèque au cas où ça créerait un fuck bureaucratique.
On marche donc les fesses serrées en se croisant les doigts de tout avoir fait dans les règles de l’art.
On marche donc les fesses serrées en se croisant les doigts de tout avoir fait dans les règles de l’art. Ça fait en sorte que la pression est latente. La crainte de se faire suspendre les prestations fait en sorte qu’on ne se lance pas dans de grands projets. On sait qu’il y a eu un début à la période de chômage et surtout, qu’il y aura une fin, et chaque semaine on s’en approche un peu plus.
« Je suis sur le chômage, j’ai le temps… »
Ce qui s’est produit au début, dans mon cas, ç’a été que j’ai pris mon nouveau temps « libre » pour vivre au jour le jour. « Hey, peux-tu m’aider demain à poser mes pneus d’hiver sur mon char ? » ou encore « Quelqu’un de libre pour m’aider à déménager un meuble ? » On se lance à gauche et à droite pour aider amis, voisins et connaissances. Ça permet de faire quelque chose de positif de son temps, de côtoyer des gens qu’on ne voit pas régulièrement, de bâtir ou d’entretenir des relations humaines.
Ce qui s’est produit au début, dans mon cas, ç’a été que j’ai pris mon nouveau temps « libre » pour vivre au jour le jour.
J’ai également commencé à regarder les événements qui avaient lieu chaque semaine : « Tiens, ce show-là est 5$, je peux me le permettre si je bois pas », « Oh ! Une conférence gratuite là-dessus, intéressant ! » ou encore « Hein ! As-tu vu, ils offrent le lunch à cet événement-là ! ».
Évidemment, j’en ai aussi profité pour m’avancer dans des projets personnels. Apprendre à jouer de la basse, mettre un peu plus de temps dans mon groupe de musique, organiser quelques événements, etc.
Je me suis mis à écrire plus que jamais, chose que j’ai toujours apprécié faire sans nécessairement avoir d’ambition professionnelle à cet égard. C’est durant cette période que j’ai fouillé dans mes réserves de courage et utilisé ce temps libre pour offrir des articles à URBANIA. Voilà le résultat aujourd’hui, je vous parle de chômage dans Quatre95. Toute est dans toute !
Asteur, trouve-toi une job !
Pour moi, le passage à l’assurance-emploi, bien que compliqué et stressant, a été un moment qui m’a réellement permis de me remettre sur pied après une expérience professionnelle plutôt ratée. J’ai pu en profiter pour essayer et expérimenter bien des idées sans qu’il y ait un impératif de rendement ou de rentabilité. On va se le dire, ç’a peut-être même été ma meilleure job à vie !
C’est que pour une fois, j’avais l’impression d’avoir un impact positif pour l’ensemble de ma communauté. Mon temps servait non pas à fabriquer un produit inutile ou à vendre des gogosses dans un magasin, mais à travailler sur des projets, par passion, bénévolement et en accord avec mes valeurs.
J’en suis venu à croire que notre société serait beaucoup plus riche si les gens pouvaient aller au bout de leurs aspirations.
J’en suis venu à croire que notre société serait beaucoup plus riche si les gens pouvaient aller au bout de leurs aspirations, plutôt que d’être forcé d’aller occuper un emploi chez Walmart pour avoir de quoi manger. Peut-être que ça ne se ressentirait pas au niveau du PIB, mais ce serait certainement tangible au niveau de la cohésion sociale.
En entrant sur le chômage, je m’étais promis de ne pas retomber dans le même pattern, celui de passer de boulot en boulot en pensant améliorer mon sort à chaque fois. Ma philosophie, c’était qu’au pire, je me trouverais une autre job de marde à la fin de mon chômage, mais que d’ici là, je chercherais à trouver un moyen de gagner ma vie en faisant quelque chose que j’aime vraiment.
Croyez-le ou non, c’est en écrivant le deuxième article de cette série que je me suis rendu compte que mes prestations étaient officiellement terminées. Grâce à ces six mois passés hors du marché du travail, je suis un peu plus près de mon objectif d’avoir du plaisir en travaillant. Mais maudit que ç’a passé vite !