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Le centre d’achats du mois : La Place Désormeaux

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« C’est rendu qu’y’a des putes qui traînent su’l Chemin de Chambly », nous apprenait le grand poète longueuillois Yvon Krevé en 2003. Onze ans plus tard, il faut rectifier le tir avec précision : oui, mais pas vraiment sur les trois coins de rue qui longent la Place Désormeaux un mercredi après-midi. Au contraire, ce centre d’achats mise sur un manque d’achalandage et, paradoxalement, une sécurité renforcée. Visite guidée.

Premier coup d’œil général : l’euphorie.
Pour maximiser leur ÉNORME clientèle potentielle, les magasins de la Place mettent le paquet en misant sur un éclairage à néons sensationnel, digne de Vegas.
Chez Paris-Carisme, salon de coiffure futuriste au nom intrigant, ce sont les tubes ondulés qui ont la cote.
Évidemment, ce n’est pas tous les commerces qui peuvent se payer une devanture aussi fluorescente. Pour palier cette lacune, d’autres misent sur une brigade imposante d’affiches en carton. C’est le cas de l’élégant Toujours les chaussures meilleurs prix.
Seule déception : un manque de rigueur à l’intérieur du magasin. Faut croire que l’art du « mordre / mordu » se perd de plus en plus.
Autre stratégie tape-à-l’œil classique : les étoiles et les signes de piasse.
Et que dire d’une technique tendance en cette ère post-actuelle dominée par l’effervescence des textos : l’abréviation.
Alors que beaucoup se demandent encore s’il existe un paradis pour chiens, force est de constater que les accessoires, eux, ont déjà pris de l’avance.
Après autant de stimulation clinquante, un moment détente s’impose. Tout porte à croire que cette série de bancs douillets serait la parfaite occasion pour enfin se reposer, mais les habitués savent qu’il ne faut JAMAIS rien prendre pour acquis à la Place Désormeaux…
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À peine assis depuis quelques secondes, un honnête homme se fait aborder par un agent de sécurité. « Mon ami, tu ne peux pas t’asseoir ici plus de 10 minutes à cause de la bijouterie… Les commerçants n’aiment pas ça », lui dit-il, presqu’en chuchotant. « Ça ne fait même pas une minute que je suis assis », répond l’homme vertueux, qui voulait seulement se détendre devant une bijouterie. « Tu peux aller te reposer un peu plus loin. Je te dis ça comme ça, comme si j’étais ton bon ami, ton partenaire », conclut l’agent de sécurité, alors que notre gaillard fatigué repart à l’aventure.

Deux options s’offrent alors à lui : le coin floral, pour se ressourcer.
Et le coin manèges, question de s’asseoir sur des bancs aux formes plus audacieuses.
Si vous êtes venus à la Place Désormeaux « juste pour voir le monde », vous devez absolument vous rabattre sur les commerces à grande surface de type modico-abordable. Premier arrêt : le Super C et son slogan publicitaire longuement cogité.
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Pour un parent, aller faire une commande à l’épicerie, c’est par-dessous tout l’occasion de renouer/socialiser avec sa progéniture.

« Laquelle on prend? », demande poliment une bambine à sa mère. « D’la farine tout-usage, ça fait la job! On va arrêter l’esti de niaisage s’a farine », répond-elle.

Un peu plus loin, un adulescent à la tuque-casquette et à la chemise dragon-serpent discute longuement avec son père des valeurs nutritives que contiennent les sortes de céréales en spécial. « Mini Wheats, t’as du sucre brun, c’est pas bon, ça augmente le cholestérol, comme les All Bran », fait-il remarquer à son paternel, qui se contente d’écouter. « Les Frosted Flakes, y’a de la vitamine D, ça c’est bon… Ah pis ça fait longtemps que j’ai mangé des Froot Loops, on va en prendre aussi. »

Deuxième destination : le Wal-Mart et ses incroyables chutes de prix de 1,06$.
Pour ceux qui se sont toujours demandé comment Wal-Mart faisait, jour après jour, pour offrir à ses clients les plus bas prix : non, ce n’est pas en exploitant ses employés, mais bien en poursuivant les voleurs à l’étalage en justice.
En choisissant de faire leurs graffitis sur du papier de toilette plutôt que sur les murs des toilettes du Wal-Mart, les jeunes Longueuillois montrent l’exemple.
Dernier arrêt : le toujours pertinent Dollarama, qui brille de mille feux à travers l’ensemble des commerces fermés.
Comme d’habitude, les fastueux étalages du magasin rendent le choix pénible, particulièrement au niveau des friandises. « Chu stationné icitte depuis un boutte pis chu vraiment mélangé. Y’en ont tellement de couleurs ! » indique avec excitation cette madame aux sandales.
Choix pénible également du côté multimédia. Pour un maigre 3$, que choisiriez-vous ? Un mystérieux DVD sur Luciano Bute ou l’intégrale de la saison 1 de Belle Baie ?

Prononcez-vous.

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Pour voir plus de réconfortantes images de la Place Désormeaux, c’est par ici!