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Le beau geste de Safa et Nila
Nila Javad est rentrée tôt ce matin dans la cuisine de son restaurant. Sa mission: préparer une centaine de repas et les offrir gratuitement aux employés d’un centre hospitalier, dont plusieurs conjuguent actuellement le ramadan à leurs tâches essentielles.
Une manière de redonner aux gens, ne serait-ce qu’une bonne bouffe dans la morosité pandémique ambiante.
Elle fait équipe avec son amie, Safa Trabelsi, une inhalothérapeute qui ne s’est pas fait prier pour aller distribuer la nourriture à ses collègues de l’hôpital St-Mary. « Je vais commencer par les employés de l’entretien, des grands oubliés qui sont en première ligne, ensuite je vais en donner aux soins intensifs, aux inhalos puis aux autres départements », calcule stratégiquement Safa, 26 ans, qui pratique le jeûne musulman, à l’instar de plusieurs collègues de cet établissement très multiethnique du quartier Côte-des-Neiges.
Dans la cuisine du restaurant afghan Fenêtre sur Kaboul de la rue Rachel, les plats préparés sont disposés en pile dans des assiettes en aluminium sur le comptoir, prêts à être embarqués dans la voiture de Safa.
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Du poulet épicé, du riz, des salades et des plats végétariens: le fruit d’une longue séance de popote.
« Ma fille, ma nièce et mon frère sont venus m’aider. Je voulais juste faire ma part et me sentir bien. C’est un bon timing avec le ramadan et la fête des Mères », croit Nila, qui a dû mettre temporairement à pied ses employés en raison de la crise actuelle, même si son resto s’efforce de survivre avec des repas à emporter et des livraisons dans le quartier.
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« On vient d’un pays en guerre. On est chanceux quand même ici d’avoir le soutien du gouvernement. Dans mon pays d’origine, les gens sont confinés et meurent de faim », nuance Nila, qui envoie aussi de l’argent à des proches en Afghanistan pour les soutenir.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la restauratrice a le coeur à la bonne place, elle qui offre également 25% de rabais sur les plats commandés par quiconque oeuvre actuellement pour les services essentiels. « Je veux juste aider en mettant à profit ce que je fais de mieux: cuisiner », résume humblement Nila, qui n’aime pas trop que les projecteurs soient tournés vers elle et à qui on a (gentiment) dû tordre un bras pour qu’elle accepte d’apparaître sur nos photos.
Faire le ramadan via Zoom
Partenaire de Nila dans l’aventure, Safa a aussi voulu contribuer par pur altruisme, surtout pour donner un coup de chapeau à ses collègues qui font le ramadan, un défi tout particulier dans le contexte actuel. « On mange et on prie la nuit et on travaille le jour, c’est difficile pour la concentration », confie Safa, qui pratique le jeûne annuel depuis l’âge de 11 ans. « Quand tu travailles de soir, tu manques l’Iftar (moment de la journée où tu peux briser le jeûne pour manger). C’est comme si tu manquais Noël chaque jour », raconte Safa, qui a la chance de célébrer le ramadan avec sa famille à la maison.
Nila aussi a un pincement au coeur à l’idée de rater les grands rassemblements prévus dans le ramadan. « On fait des Zoom parfois et ma mère prépare des repas qu’elle vient nous déposer à la porte », se console-t-elle.
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En plus de son boulot à l’hôpital, Safa possède aussi une entreprise en ligne. Comme les affaires roulent, elle a également fait un don en argent à une banque alimentaire et en met de côté pour contribuer au financement d’une école haïtienne. « Je pense que c’est important de redonner une partie de ses profits quand tu peux te le remettre », résume-t-elle.
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Après avoir rempli le coffre de sa voiture et la banquette arrière, Safa s’est mise en route vers le Centre hospitalier de St. Mary.
À destination, elle a transféré elle-même les assiettes sur deux chariots, avant de s’engouffrer dans l’hôpital devant les regards ébahis de ses collègues qui prenaient du soleil.
Juste pour faire sa part.
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