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Le 4 septembre. Ou pas.

Par
Pascal Henrard
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Or, donc, genre que comme qui dirait que si Jean Charest daignait se décider et parler franchement, nous aurions des élections aussi tôt que le mardi 4 septembre, au lendemain de la fin de semaine de la fête du travail, en pleine course de la rentrée, l’achat des livres pour le petit dernier, les inscriptions aux cours de yoga, la reprise de la saison de hockey, le retour de vos séries télé préférées et alors que les restants de l’été nous chatouillent encore un peu dans le maillot.

Bravo Mister Charest! Vous avez, depuis longtemps, gagné la palme du cynisme stratégique et la couronne de l’opportunisme partisan. Mais là, vous dépassez les bornes de l’entendement. En matière de malhonnêteté intellectuelle et de magouilles personnelles, vous êtes devenu un champion olympique hors catégorie. Mais, que voulez-vous, j’ai encore du mal à m’y faire.

Nous voulions des élections? En effet! Mais des élections fairplay (un mot qui, quoique dans votre langue maternelle, vous est aussi étranger que l’intérêt des Québécois). Des élections honnêtes (un autre mot absent de votre vocabulaire). Des élections démocratiques, dans le sens que le peuple puisse s’exprimer en toutes connaissances de cause.

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Mais un scrutin Charest le 4 septembre ressemblerait à un rendez-vous manqué un lendemain de veille. Le Premier ministre mise en effet sur un peuple encore hang over d’un été béat à la plage, les yeux remplis de guimauves et de feux d’artifice, le cœur alangui par deux mois de farniente. Il espère que ce peuple à peine sortie de la létharie estivale ira remplir les rangs des abstentionnistes. Car ce sont eux qui élisent désormais nos gouvernements. Le taux hallucinant d’abstentions précipite nos démocraties dans un vide sans fond. En démissionnant de leur devoir électoral, les citoyens amorphes plongent le pays dans une régression quasi irréversible qui réjouit une poignée de profiteurs mais ne profite plus à une majorité de Québécois.

Voyez Harper, élu par moins de 30% des Canadiens en âge de voter. Et Charest, qui ne mise que sur les citoyens les plus mous pour être réélu et pouvoir continuer de brader le Québec moderne.

Et si nous réservions à Jean Charest la surprise de sa vie? Si nous allions à son rendez-vous électoral l’esprit clair, l’âme dégrisée et la volonté remontée? Si nous lui enlevions une bonne fois pour toutes le goût de se moquer de nous?

Profitons des beaux jours pour parler l’âme en paix du Québec dont nous rêvons avec ceux qui nous entourent. Que ce soit lors de l’épluchette annuelle à Sorel, autour du feu de camp, dans les flots douteux de la piscine municipale ou à la gargote du roi de la patate, profitons-en pour échanger sur nos aspirations, échafauder des plans pour notre avenir et convaincre nos amis, nos familles et n’importe quel électeur d’aller voter.

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Est-ce que Charest et son parti corrompu font encore partie de notre futur politique? Est-ce que François Legault réussira à remplir le vide dont il s’entoure? Est-ce qu’Amir Khadir arrivera à apporter ses utopies au pouvoir? Est-ce que Pauline Marois mettra ses grands airs au vestiaire pour réaliser son rêve d’un pays souverain et indépendant?

J’allais dire peu importe. Non, pas peu importe.

Mais si vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s’intéressera à vous…

Que vous alliez ou non voter, vous serez contraint de suivre les lois, obligé de payer taxes, surtaxes et impôts en pagailles, imposé de vivre avec les décisions des élus pour qui vous n’avez pas daigné voter.

Que ce soit le 4 septembre, le 17, à la Saint-Charest ou à la Saint-Glinglin, ne manquez pas le rendez-vous. Sinon, lui, il ne vous manquera pas.