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L’autodérision virale de Miko Deschamps

Devenir humoriste sur son divan en 2025.

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911, c’est quoi l’beef?

Miko Deschamps se fait facilement remarquer dans ce fouillis qu’est l’algorithme TikTok. Le visage angulaire, le regard moqueur, moustachu et agressivement frisé, il saisit l’attention avant même d’ouvrir la bouche, une fraction de seconde nécessaire pour qu’on arrête de scroller et qu’on l’écoute.

Ce soubresaut d’attention vous sera immédiatement récompensé. Avec ses personnages du gars populaire et du gen Z répartiteur au 911, Miko Deschamps s’est démarqué du jour au lendemain dans l’écosystème numérique de la création de contenu.

« J’essaie de faire du contenu auquel le plus de gens possible peuvent s’identifier. »

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« Sur les réseaux, l’objectif d’une vidéo est qu’elle voyage. Si les gens relate, ils vont partager la vidéo, l’envoyer à leurs amis. C’est la meilleure façon d’y arriver », explique le jeune homme.

Actif depuis le 15 janvier dernier seulement, il compte aujourd’hui déjà plus de 75 000 abonnés. Une histoire de succès fulgurante, en marge de la très influente culture humoristique de la Belle Province dans le sillage de celle de Charles Brunet, l’autre autodidacte de l’humour qu’on voit partout sur les réseaux sociaux.

Comment arrive-t-on à faire rire le Québec en direct de son divan, avec pour seules armes un iPhone et un fil de chargeur sur l’oreille? Miko est venu nous rendre visite aux bureaux d’URBANIA pour nous raconter son parcours devant, mais surtout derrière l’écran de son téléphone.

Pas de temps morts

Le parcours de Michaël Deschamps (désolé de crever votre bulle!) n’a pas commencé sur le divan d’un appartement d’Hochelaga-Maisonneuve, mais bien sur un plancher de danse à Victoriaville.

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Avant de devenir l’un des gen Z québécois les plus populaires de TikTok, Miko est avant tout un danseur. C’est avec la danse qu’il découvre l’éthique de travail et la persévérance qui le serviront dans toutes les sphères de sa vie. « Mettons que j’ai fait beaucoup d’aller-retour à Montréal pour m’entraîner. C’est beaucoup de sacrifices qui m’ont appris à être reconnaissant pour ce que j’ai. Aujourd’hui, c’est le fun : j’ai gagné une petite notoriété, je me fais reconnaître dans la rue, mais y’a pas juste moi qui ai fait des sacrifices pour que ça arrive. »

@miko.deschamps POV: j’suis pas juste drôle, j’sais danser aussi 🤪 #quebec ♬ 2 On by Tinashe – Christopher Aguirre
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L’idée de créer du contenu pour les réseaux sociaux lui est venue dans un creux de vague professionnel où les auditions se faisaient rares (parce qu’en plus d’être danseur, il est aussi comédien), question de meubler son temps et d’exploiter son sens de l’humour. « J’suis super TDAH, alors j’ai une note dans mon téléphone où déposer mes idées au fur et à mesure. Au début c’était super facile parce que j’avais rien fait encore et que je pouvais mettre en scène toutes les situations au monde, mais maintenant, je dois réfléchir un peu plus », explique-t-il.

Les vidéos de Miko ont eu du succès dès le départ, mais les choses ont explosé après la mise en ligne de sa première vidéo du gars populaire où il incarne ce fameux copain de classe à qui tout vient facilement et qui ne se force jamais tant à l’école ni dans ses relations interpersonnelles. C’est grâce à ce personnage que ses vidéos sont passées de cinq à sept chiffres en termes de visionnements.

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« C’est aussi lui qui est à la base du gen Z qui travaille au 911 », précise Miko qui a lui-même travaillé dans un centre d’appels pour Intact Assurances de 2021 à 2023.

« C’est le même langage, la même façon d’agir. L’idée est née lorsque je me suis demandé : et si ce gars-là faisait une job importante. Qu’est-ce qui arriverait s’il était responsable de la vie du monde? »

Le succès fut rapide et vigoureux. Quelques mois après qu’il ait commencé à produire du contenu, Miko se fait reconnaître dans la rue par son jeune public. « Veut, veut pas, ça change un peu ta vie. Je fais maintenant plus attention à mon image. Je fais toujours mes cheveux avant de sortir de chez moi. J’essaie de m’habiller un minimum, aussi. L’autre jour, je sortais d’une répétition de danse et j’étais habillé en gros jogging sale en train de boire un bubble tea avec des amis quand des ados m’ont demandé de prendre une photo avec eux. Ça m’a fait plaisir de le faire, mais c’est sûr que j’ai pensé à comment la photo allait sortir après », confie le jeune créateur.

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L’autodérision comme remède aux conflits générationnels

Une des particularités de l’humour de Miko Deschamps, c’est son autodérision. Il incarne une jeune personne qui fait de l’humour sur les jeunes personnes. Tout le monde peut en rire, les autres membres de la génération Z comme les plus vieux.

« C’est quand même facile de rire de ma génération. On a complètement réinventé la langue française. On est collés sur nos téléphones à longueur de journée et on est tellement laid back. Il y a tellement d’affaires qu’une jeune personne devrait faire, mais qu’on fait pas. Mettre de l’argent de côté, par exemple. On est, comme, pas pressés de rien », déclare Miko.

Le regard que Miko pose sur la gen Z est un vent de fraîcheur dans un discours culturel où on met l’accent sur ce qui sépare les différentes générations et non sur ce qui les unis. Il y a quelques années déjà, le courant « OK Boomer » sur les réseaux avait jeté énormément d’huile sur le feu et accentué le clivage intergénérationnel.

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Lucide, le jeune artiste multidisciplinaire trouve lui aussi qu’on casse beaucoup de sucre sur le dos des générations précédentes. « Le monde change tellement vite. Les plus vieilles générations doivent se mettre constamment à jour depuis avant même que je sois né. Oui, ils sont parfois peut-être un peu plus maladroits avec la technologie, mais c’est facile pour nous de parler parce qu’on est nés là-dedans. Si ça continue d’évoluer aussi vite, ça va bientôt être notre tour. Ç’a déjà commencé avec l’IA », analyse le principal intéressé.

@miko.deschamps mets un air tag sur ton kid prochaine fois j’sais pas?? #quebec ♬ original sound – Miko
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Miko Deschamps est « un autre gen Z qui fait des TikToks », mais il n’est pas que ça. Derrière ses sketchs comiques se cachent une créativité et surtout, une discipline de fer qui ont fait de lui la nouvelle coqueluche des réseaux. C’est en célébrant les stéréotypes que son humour nous confronte à une idée aussi simple que confrontante : on est tous plus que l’image qu’on projette.

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