« L’itinérance nous met en face de notre échec en tant que société », lance Michel Monette, entre deux bouchées au restaurant Nickels de la place Versailles.
Le gars sait de quoi il parle, lui qui dirige CARE Montréal, un organisme qui gère trois refuges pour personnes en situation d’itinérance, dont deux ont vu le jour en pleine pandémie.
C’est pour discuter de celui aménagé dans l’Auberge Royal Versailles de l’autre côté de la rue que je suis là.
Ouvert en juillet dernier, l’hôtel est 100% dédié à cette nouvelle mission sociale et affiche complet presque tous les soirs, offrant un toit à 120 infortuné.e.s, hommes et femmes.
Mais voilà que des problèmes de cohabitation avec des résidents du quartier – peu habitués à dealer avec cette clientèle marginale – suscitent de la grogne.
J’ai voulu y passer la nuit pour rendre compte de la situation de l’intérieur.
Mais d’abord, ce déjeuner avec Michel pour savoir un peu à quoi m’attendre. « Je suis pas mal fatigué», confie d’emblée celui qui supervise aussi les opérations de la maison-mère rue Ontario (refuge d’urgence d’une vingtaine de lits) et de l’aréna du YMCA rue Hochelaga (150 lits).
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L’Auberge Royal Versailles a été réquisitionnée après la fermeture du centre Pierre-Charbonneau, fermé après des plaintes de citoyens.
«Notre priorité est d’appuyer le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que les organismes communautaires dans la mise en place de ressources adaptées pour les plus vulnérables»
D’autres ont pris le relais pour s’opposer à celui en face du centre commercial. Des voisins se mobilisent et les problèmes de cohabitation ont pris beaucoup de place lors de la séance du conseil de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve du 7 septembre dernier. La conseillère du district Louis-Riel et candidate à la mairie (Ensemble Montréal) Karine Boivin-Roy a déposé une pétition de plus de 1000 signatures de résidents du quartier se disant perturbés par la présence des personnes sans-abri hébergées à l’Auberge Royal Versailles.
De son côté, la conseillère d’Ahuntsic-Cartierville Nathalie Goulet (Projet Montréal), aussi responsable de l’inclusion sociale et de l’itinérance au comité exécutif, réitère son intention de favoriser la cohabitation sociale. « J’entends les préoccupations des citoyen.ne.s qui vivent des enjeux de cohabitation. Notre priorité est d’appuyer le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que les organismes communautaires dans la mise en place de ressources adaptées pour les plus vulnérables », affirme Mme Goulet par courriel.
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L’arrondissement a convoqué une rencontre avec les résidents avant la fin du mois pour entendre leurs préoccupations et présenter des actions favorisant cette cohabitation.
Le CARE tiendra aussi une rencontre pour calmer les inquiétudes du voisinage.
«Ici c’est gentrifié, c’est une clientèle pas habituée à l’itinérance. J’avais spotté l’hôtel Universel mais le proprio ne voulait pas.»
« Le bail est prévu jusqu’au 30 octobre et on a une rencontre avec des citoyens le 1er octobre pour entendre leurs doléances. On sera fixé ensuite », espère Michel, qui n’était lui-même pas si chaud que ça à l’idée d’ouvrir ce refuge dans cette partie de la ville. « Ici c’est gentrifié, c’est une clientèle pas habituée à l’itinérance. J’avais spotté l’hôtel Universel (Sherbrooke/Viau), mais le proprio ne voulait pas.»
Les attroupements, la présence de seringues, de sachets de drogue et la consommation sur la voie publique constituent les principaux irritants pour les gens du quartier, énumère Michel Monette. « Les vols de vélos doivent avoir aussi explosé », ajoute-t-il.
Pour réduire ces méfaits, son équipe travaille de concert avec la police, d’autres organismes (L’Anonyme, Tandem, Pas de la rue) et une escouade de la STM (L’équipe mixte spécialisée – EMIC), en raison de la proximité du métro Radisson. « On travaille pour arrêter l’itinérance chronique, c’est le mandat de CARE. On ne veut pas être transféré dans une aile d’hôpital où on deviendrait un hébergement d’urgence de nuit, sans les repas. Tout ce qu’on aurait fait depuis un an s’effondrerait», craint Michel Monette, convaincu que la solution passe par l’accès à des logements supervisés ou autonomes via divers programmes (Pre-CARE, Projet Logement Montréal).
Le déjeuner est fini. Le téléphone de Michel ne dérougit pas.
Une grosse journée l’attend, encore.
La halte-chaleur
Pour essayer de mieux comprendre cette cohabitation de l’intérieur, Michel m’amène à l’Auberge de l’autre côté de la rue, sans mentionner à quiconque que je suis journaliste, pas même son staff.
Je m’enregistre au rez-de-chaussée, dans une chambre d’hôtel convertie en bureau au milieu d’un long couloir sombre. L’employée demande simplement mon nom et ma date de naissance, avant de me remettre un bracelet obligatoire pour accéder à l’intérieur. On me décerne la chambre 128. Jusqu’à 10h, on donne priorité aux gens qui ont dormi là la veille, avant d’attribuer des lits aux nouveaux venus. L’établissement est mixte, mais les hommes et les femmes ne partagent pas de chambre. Théoriquement en tout cas.
« La chambre n’est pas encore prête, tu peux aller attendre dans la halte-chaleur », m’indique une empathique jeune femme.
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La halte se trouve dans une chambre exiguë de l’autre côté du couloir. Celle-ci est bordélique, avec un gars plié en deux sur une chaise en plastique, flanqué de deux jeunes femmes recroquevillées sur une autre chaise et un matelas au sol. Des vêtements pêle-mêle trainent un peu partout, sans oublier les restants de nourriture sur une table et l’immense flaque liquide au sol. Une odeur nauséabonde flotte au-dessus de ce spectacle d’une profonde tristesse.
Une des filles en position fœtale sur sa chaise émet des gémissements et des cris. « Nooon! », lance-t-elle endormie. À son réveil, elle réclame aux intervenants une navette pour aller je ne sais trop où, plaidant s’être fait voler tout son stock.
Une fille entre pour me demander une clope, un jeune homme se pointe à son tour et va s’étendre près d’une fille étendue sur le matelas. « T’as ça toi du cristal? », lui demande-t-elle.
Les intervenant.e.s quadrillent les couloirs, constamment accosté.e.s par les usagers. Les agents de sécurité aussi sont nombreux, tant à l’intérieur que dans le stationnement.
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« C’est dégueulasse ici! », s’exclame une intervenante, avant d’évacuer les gens de la halte pour un ménage plus que nécessaire.
Dans les couloirs, les gens errent partout. L’un d’eux, en bedaine, se fait demander d’aller mettre un chandail. « J’ai pu de linge! », plaide-t-il.
Une file s’étend devant l’accueil pour ramasser un café matinal. La halte est propre et des gens retournent aussitôt s’y échouer. Dans quelques heures, le ménage sera à recommencer. Un monsieur ronfle déjà sur sa chaise près de la porte.
Bienvenue dans la chambre 128
En gros, pas de violence, pas de sexe, pas de visite et pas de couvre-feu. J’ai le droit de consommer mais à l’extérieur seulement.
Simone*, une intervenante, vient me chercher. La chambre 128 est prête. Mon coloc est absent, mais les traces de son existence sont bien visibles. De la bouffe et des déchets traînent sur la table, ses vêtements sont éparpillés et la salle de bain est sens dessus dessous. Simone me désigne le lit de camp à gauche, près de la fenêtre donnant sur le stationnement. Je l’interroge à savoir si les résident.e.s doivent composer avec la présence de punaises de lit. « On donne justement la couverture en après-midi pour limiter les risques », explique la sympathique intervenante, qui me donne ensuite les règlements de la maison.
En gros, pas de violence, pas de sexe, pas de visite et pas de couvre-feu. J’ai le droit de consommer mais à l’extérieur seulement. Si j’ai des problèmes de colocation, je peux aller voir les intervenant.e.s.
Les vols seraient rares, je laisse donc un sac de vêtements sur le lit étroit.
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Mon coloc entre dans la chambre à ce moment avec fracas. « Mon tabarnak!», lance-t-il bizarrement chaleureusement en multipliant les accolades et high five compliqués que je rate systématiquement.
*Jim semble dans la vingtaine, sur le gros nerfs et une longue cicatrice traverse son visage de haut en bas, gracieuseté d’un face à face avec un mur, m’expliquera-t-il nébuleusement plus tard.
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Jim semble high sur quelque chose de fort, deux pipes à hasch traînent sur le comptoir de la salle de bain. Il m’explique de manière décousue qu’ici c’est chill et qu’il a la ferme intention de coucher avec des filles cette nuit. Pour appuyer ses dires, il mime ses ébats contre la table. « Tu peux regarder ailleurs ou participer, t’as juste à lever la main », souligne mon coloc, avant de s’approcher pour me prendre par le cou. « Je peux te faire confiance hein?»
-Oui oui…
Jim m’offre une bière ramenée dans un sac en plastique, en m’expliquant SES règlements de la chambre. « Tu fumes ce que tu veux près du ventilateur (au bord de la fenêtre) et tu peux inviter des filles. »
Il fouille parallèlement dans ses affaires, ne trouve pas son cellulaire, un nouveau obtenu la veille. Il se met alors à sacrer et à donner des coups de pied un peu partout. « T’as l’air d’un bon gars, t’as pas pris mon téléphone hein? », demande-t-il, suspicieux.
Je nie fermement, ce qui semble le calmer. Ça cogne à la porte, une fille entre. Jim lui tend une bière puis se tourne vers moi.
« Hug (il m’appelle de même), t’as déjà fait de la prison? »
-Non
-Si je te donne 10$, tu peux aller faire un tour?
-Tu peux garder ton cash.
J’allais sortir de toute façon.
Un tour dans le voisinage
Dehors, ça tue le temps dans le stationnement, autour de l’édicule du métro, en face du restaurant Harvey’s voisin.
J’entends soudain cogner. En me retournant vers l’auberge, j’aperçois un homme courbé sur une canne en train de plaquer une feuille contre la fenêtre de sa chambre, sur laquelle il a écrit «Benzo$» au feutre.
Je dodeline la tête de gauche à droite, sans trop comprendre. Le gars a l’air découragé.
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Tant qu’à être dehors, aussi bien aller tâter l’exaspération citoyenne dans le quartier.
«On n’a pas l’habitude, je n’ose plus marcher le soir…»
Je frappe d’abord à quelques portes sur la rue des Groseilliers, de l’autre côté de l’assourdissante Sherbrooke.
Pour Marie, qui habite depuis vingt-cinq ans son bungalow, la nouvelle vocation de l’Auberge ne passe pas inaperçue. « On les voit beaucoup circuler dans la rue, devant le centre commercial, autour du métro, dans les abribus. Parfois, ils pissent partout. On n’a pas l’habitude, je n’ose plus marcher le soir…», confesse la dame, soulignant que son sentiment de sécurité a diminué. « Des voisins ont fait du porte-à-porte à ce sujet », ajoute-t-elle.
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Se faire quêter en tondant le gazon
Même son de cloche à un jet de pierre de là, rue Beauclerk. « Je ne veux pas être haïssable, mais je me fais quêter de l’argent pendant que je tonds mon gazon. Ça n’arrête jamais », déplore Jean-Marc, qui dit faire des détours pour amener ses petits-enfants jouer dans un autre parc. Il explique que plusieurs voisins excédés alimentent une page Facebook pour déposer des informations et des photos des irritants ambiants.
Deal de drogue, sollicitation constante, consommation sur la voie publique: le proverbial quartier sans histoire est devenu rock and roll à entendre Jean-Marc. « Je suis bien conscient qu’ils (les usagers de l’auberge) doivent aller quelque part, mais c’est très résidentiel ici, pas sûr que c’est le bon endroit. Ma femme marche deux fois plus longtemps pour changer d’épicerie pour éviter de passer dans ce coin-là », avoue Jean-Marc.
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«On a juste déplacé ici les problèmes vécus plus bas à Hochelaga. On n’avait pas de problème avant…»
Son voisin Michel se pointe sur l’entre-fait. Pas besoin de lui tordre un bras pour qu’il ajoute son grain de sel. « Ça change toutes nos habitudes. Hier soir, il y avait une file devant une voiture pour acheter de la dope en face de chez moi. Je retrouve des seringues et des sachets de drogue sur ma pelouse », peste Michel.
Il dit voir toutes sortes de choses louches du balcon arrière de sa maison, qui donne sur le stationnement de l’auberge, jouxtant un terrain vague appartenant à Hydro-Québec. Les bords de clôtures du stationnement de l’Auberge sont d’ailleurs jonchés de résidus de consommation.
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Michel raconte aussi découvrir des vélos cadenassés par magie sur des poteaux et clôtures des environs. « J’en ai vu un super beau. J’ai appelé les policiers et ils m’ont dit qu’il avait été rapporté volé sur le Plateau il y a deux semaines », raconte Michel, qui a pour sa part modifié son trajet en métro pour éviter de croiser cette faune intoxiquée. « On a juste déplacé ici les problèmes vécus plus bas à Hochelaga. On n’avait pas de problème avant… », soupire le citoyen, excédé.
D’autres voisins interrogés entretiennent par contre un discours plus nuancé sur cet enjeu. « On avait des craintes, finalement on a rien à relever. Il y a beaucoup de va-et-vient autour du métro, mais on n’a pas de problème ici », souligne Mandy.
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« Tu peux revenir plus tard? »
Retour à l’Auberge en début d’après-midi, j’ai raté le lunch.
Dans la chambre 128, Jim est en grande conversation avec un chum en train de fumer. Je sais pas trop quoi, mais ça ne sent ni la cigarette ni le weed. Jim revient à la charge avec son histoire de cellulaire perdu. Il me demande de l’appeler pour voir s’il l’entend sonner. « Euh, comment ça t’as mon numéro de cell!? », demande-t-il en fronçant les sourcils quand je m’exécute, oubliant que je l’avais fait à sa demande, quelques heures plus tôt.
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Ma présence semble l’indisposer. « On doit discuter d’un truc, tu peux revenir plus tard?, », me demande-t-il sans vraiment me donner le choix.
Je ne m’obstine pas. Depuis qu’il sait que je n’ai pas fait de prison, j’ai l’impression d’avoir perdu son respect.
Dehors, c’est pas reposant. Une querelle éclate entre usagers sur la rue Sherbrooke. Les agents de sécurité ne chôment pas. Avec l’aide d’intervenants, ils expulsent un Jeep avec des occupants refusant de s’identifier.
De l’autre côté de l’Auberge, des deals se font en plein jour à proximité du Harvey’s.
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Un homme âgé se déplace péniblement dans le stationnement, en s’appuyant sur ses cannes. C’est le gars de la pancarte «Benzo$». « Je dors mal, je cherche n’importe quoi pour aider », supplie-t-il, citant des benzodiazépines, Valium, somnifères ou n’importe quelle pilule susceptible de l’assommer. Il se dirige à pas de tortue au guichet dans le métro. Lorsque je lui propose mon aide, il se braque. « Quoi? Tu vas me transporter sur ton dos?! », raille-t-il.
Un autre homme nous rejoint, il sent la robine. Son coloc. « T’es sorti! C’est rare ça, il est toujours dans sa chambre! », marmonne-t-il, en proposant de l’accompagner au guichet.
Le vieil homme se méfie.
« Je vais pas te voler, je vais juste t’aider », insiste le coloc.
En arrière-plan, deux policiers discutent avec des intervenants dans le stationnement.
Le colocataire en état d’ébriété revient quelques minutes plus tard, seul.
-Pis? Il s’est rendu au guichet?
-Qu’il mange de la marde lui!, vocifère-il.
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Volé et retrouvé
La préposée à l’accueil me donne ma couverture.
Lorsque je lui demande un oreiller, elle rit.
Je retourne dans ma chambre. Fuck. Celle-ci a été vidée, mon lit de camp est remonté sur le mur. Mes vêtements ont disparu et le sac dans lequel ils se trouvaient est rempli de déchets.
Simone se confond en excuses, me propose un service de friperie.
Je croise mon coloc dans le couloir. Sans ouvrir la bouche, il me traîne par les épaules jusqu’à un recoin de la halte chaleur. « Tiens, quand j’ai vu qu’ils nettoyaient la chambre, j’ai mis tes affaires ici en sécurité », souligne-t-il en me donnant ma pile de linge contre le mur, à côté du matelas où ronfle une fille. Jim me fait un gros câlin. « Tu aimes Jim hein?»
-Oui en esti.
En guise de remerciement, Jim réclame ma couverture.
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Je sors fêter ça en grillant une clope dans la cour intérieure, où la piscine creusée est condamnée. Un homme âgé fume dans un coin à l’ombre. Ça fait un mois qu’il a une chambre ici, la même.
« C’est correct, il y a de la sécurité, mais les colocs changent souvent », résume-t-il, avare de détails.
Lorsque je lui demande comment il a atterri ici, il se contente de soupirer. « C’est une longue histoire et j’ai pas vraiment envie d’en parler.»
Comme le temps ne passe pas vite dans la rue, je vais flâner un peu à la Place Versailles, à l’instar de plusieurs de mes compagnons d’infortune.
Le ciel est beau, le monde est laid
Le jour tombe sur l’auberge, le temps devient frisquet. Bizarrement, les gens sont de plus en plus nombreux à glander autour. Plusieurs sont peut-être revenus de leur journée. « On a des gens qui vont quêter ou travailler au centre-ville », m’expliquait ce matin Michel Monette.
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Le bus de L’Anonyme est garé sur place. On y distribue du matériel de consommation sécuritaire, notamment. Jim vient me quêter une clope et nous négocie un café. Une intervenante de L’Anonyme nous en offre gentiment un.
Près de moi, une fille panique en se faisant pourchasser par une abeille jusqu’aux toilettes chimiques. Le souper arrive, une sorte de boeuf Stroganoff que je mange assis sur le trottoir dans le stationnement.
« T’es nouveau ici? », me demande un gars en fauteuil roulant.
L’impression que c’est écrit dans ma face. Quelques personnes m’ont aussi pris pour un intervenant.
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Une mouette me fixe pendant que je termine mon gâteau à la crème glacée.
Tout près, Jim murmure des affaires aux gens qui se présentent continuellement à lui.
C’est là que je décide de retourner chez moi, tiraillé à l’idée d’avoir échoué ma mission de passer la nuit. Je ne le sentais pas, je pense, néanmoins conscient que je suis privilégié d’avoir le choix et que des humains vivent là depuis des semaines.
Avant de quitter, je texte Michel pour l’informer de mon départ. Si quelqu’un a besoin d’un lit, le 128A est disponible.
Dans l’autobus près de chez moi, le ciel est magnifique et fait le buzz sur mon fil Facebook.
C’est pas mal la seule belle chose que j’ai vu aujourd’hui.
*Prénoms fictifs