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L’attrait de la raie

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Ce matin, alors que de jeunes cailles se font tirer dans le visage par d’élégants individus qui, à défaut d’être coiffés d’un casque en fonte, devraient plutôt arborer l’entonnoir et se bercer en silence dans Les belles histoires des pays d’en haut, j’ai envie de vous parler de faune marine.

Parce que je ne saisis pas tout.

Mais ça, vous l’aurez deviné depuis quelques brasses.

Il y a quelques semaines, je tapais du pied, dans mon petit costume de marin avec mes boudins et mon gros suçon en swirls, à propos de ceuzécelles qui, chaque année, s’envolent dans le Sud au beau milieu du grésil pour me narguer de leurs portraits où ils se brandissent le Nestea servi dans une coconut en flammes.

C’était, bien entendu, rempli d’amour (HAINE).

Et comme je ne me sauce jamais le jarret dans la mer turquoise et ses resorts, j’ignorais l’étendue des activités de choix qui sont proposées en terre tropicale. Oh, que j’étais après passer à côté de quelque chose de GRAND.

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Jusqu’ici, je croyais que l’essentiel de ce qui était possible, dans le Sud, résidait en deux options tant rassurantes que précises: te faire tresser le fond de la tête ou te sentir sexé avec les autres gens qui se sentent sexés dans le bar situé dans la piscine et être furieusement parcouru de cette vivifiante impression de vivre l’aventure en tirant une pisse près du jet d’eau.

Mais au fil d’anodines recherches photo et d’une bonne dosette de hasard, un monde s’est ouvert à moi, monde dont j’ignorais, mais alors là, démesurément tout.

ALORS.

Ce que je saisis.
C’est que quand vous allez dans le Sud – parce que certains s’y envolent encore sans réaliser qu’à ce temps-ci de l’année, l’impact est beaucoup moins intéressant sur ses collègues de bureau – ce n’est pas le sable fin fin fin fin fin ni la perspective de barguiner de la faïence locale, qui vous attire. Ce sont les raies.

Et peut-être un peu ceci.

MAIS SURTOUT LES RAIES.

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Moi qui croyais que faire son smatte dans une piscine de dauphins voltigeait au sommet des objectifs d’une vie en termes d’accomplissement personnel et de feeling de réaliser un rêve que t’as jamais vraiment eu, j’étais perdue, et pas à peu près (ou simplement après me commander une piña colada gratis en tipant pas).

Ce n’est plus le dauphin, que matante Diane se fera désormais tatouer sur la cheville ou ben bas sur le sein gauche; c’est la raie, fantastique animal qui attire désormais touristes chauds raides et amants de la nature qui se questionnent sur les grosses boules brunes dans le bac à guacamole du buffet.

Si, comme moi, vous n’étiez pas au parfum de toute la piasse qui se fait avec l’animal le moins intéressé au monde à interagir avec toé, vous sentirez, dans quelques instant, le sol se dérober sous vos pieds.

De ce que j’en saisis, donc, à un moment donné, dans ton voyage, quelqu’un, une personne qui possède beaucoup de bracelets qui mènent du bruit, te propose de venir communier dans la mer avec des raies. DES RAIES.

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Déjà, le projet m’apparaît périlleux.
Et lorsqu’un projet m’apparaît périlleux, je m’en remets sans hésiter aux deux formules mathématiques de base essentielles à toute prise décisionnelle:

1. EAU + ÉLECTRICITÉ = DANGER

2. RAIE + MA PRÉSENCE DE TOURISTE DÉSAGRÉABLE = UNE DRÔLE D’IDÉE

Il semblerait toutefois que tout individu ne se soumette pas au test de qualité pourtant éprouvé de ces deux formules et, d’une part, meurent dans d’atroces souffrances en répandant un bouquet de roussi et, d’autre part, prennent beaucoup, beaucoup de portraits de type “fallait probablement être là”.

Comme celui-ci.

Celui-ci.

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Celui-ci, où il est important de noter que mettre sa main dans le visage de l’animal semble bonifier l’expérience.

VOYEZ COMME ÇA A UN PETIT VISAGE EXPRESSIF.

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Et comme chaque raie est heureuse d’être là. De vivre ça avec vous-autres.

Et ça, aussi.

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En 2015, vivre le Sud, LE VIVRE PLEINEMENT, c’est se sacrer un poisson sur la tête comme une pancake, être terrifié et rapporter le portrait au condo pour se rappeler qu’on en a-tu vécu, des affaires sautées. C’est aussi le seul contexte où l’emploi du mot “déjanté” est autorisé.

Parce qu’on va se le confier; y’a pas un chat, pas un, qui a vraiment envie de cette activité-là. D’où l’urgence de l’immortaliser pour se brandir la preuve, par moments de grand désespoir dans l’allée des cordes et des tabourettes.

“Ne saute pas, Cécile. SOUVIENS-TOI DES RAIES.”

C’est nul doute l’unique souvenir que chérissait ardemment la petite manifestante, hier au soir, en se regardant la nouvelle amanchure de bette post-canon-dans-le-casseau. Ce printemps, mes amis, s’accrocher aux raies comme c’est pas permis is the sapristi de new black.

Belle jeunesse, continue d’arpenter les rues.
Je m’en viens te rejoindre. Et j’apporte mes portraits.

La bise.

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