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L’art pour maintenir les liens : rencontre avec Caroline Monnet
«Nous avons pris des bribes de nos nouvelles vies pour monter cette expo.»

URBANIA et MOMENTA Biennale de l’image s’unissent pour vous faire vivre une rencontre artistique unique en son genre.
Alors que la fin de la pandémie se profile à l’horizon, plusieurs d’entre nous n’ont toujours pas pu revoir leur famille ou ami·e·s. Bien sûr, l’utilisation de différentes technologies nous a permis de nous rapprocher de personnes qui étaient loin de nous. Les artistes Caroline Monnet et Laura Ortman ont quant à elles trouvé un autre moyen pour rester proches en temps de distanciation sociale : la conception d’une œuvre d’art.
On a jasé avec Caroline, qui nous a expliqué comment l’art lui a permis de se rapprocher d’une amie résidant à des centaines de kilomètres de chez elle.
Temps et liberté
Laura Ortman habite Brooklyn, alors que Caroline Monnet se promène entre Montréal et les Cantons de l’Est. D’ordinaire, lorsqu’elles créent ensemble, elles se rencontrent quelque part pour faire une résidence durant laquelle elles se concentrent sur leur projet. Au printemps dernier, lorsque MOMENTA les a contactées pour leur proposer une collaboration qui leur laisserait carte blanche, les deux artistes ont dû se résoudre à tout faire à distance. Elles se sont donc inspirées de leur quotidien chamboulé par les restrictions pandémiques pour créer une œuvre. « Nous avons pris des bribes de nos nouvelles vies pour monter cette expo, explique Caroline. Nos routines ont changé, le rythme est différent, et ça se reflète dans notre œuvre. »
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«c’est quelque chose de spontané, de collaboratif. C’est dans le plaisir. C’est coloré.»
La distance a créé une sorte de nouvel espace de conception. Elles devaient s’adapter au temps qui passe plus lentement, à la création collaborative, chacune dans sa bulle. De toute évidence, le résultat allait être quelque chose de différent. Il leur fallait trouver une manière d’utiliser cette distance à bon escient.
« On avait envie que ce soit libre et punk. C’est rare qu’on ait le droit de s’amuser autant que ça, nous dit Caroline. Je veux toujours que mes œuvres parlent d’elles-mêmes, il y a beaucoup de recherche, et là, c’est quelque chose de spontané, de collaboratif. C’est dans le plaisir. C’est coloré. »
Cette liberté se reflète autant dans la forme que dans le contenu. Laura a élaboré une trame sonore à partir des sons de son quotidien tandis que Caroline s’est occupée des images. « Je me suis accordé une liberté que je ne m’accorde jamais : celle d’utiliser plusieurs formats vidéo en captant des images avec une caméra 4K, un iPad, un iPhone, etc. »
Le résultat
En tant que public, lorsqu’on se retrouve devant une œuvre, on reçoit quelque chose. L’énergie qui émane de l’œuvre nous fait vivre une émotion. C’est l’apport de l’artiste qui fait écho en nous. Quel est donc l’impact de la distance sur l’œuvre elle-même? L’énergie se perd-elle dans l’espace de trop? Selon Caroline, la réponse n’est ni oui ni non. « C’est sûr que la vibe ne passe pas de la même façon, explique-t-elle. Ça ralentit le rythme, ça nous empêche d’être dans la même pièce pour nous donner de l’énergie pour créer. J’ai l’impression que l’œuvre reflète un peu cette façon de travailler : il y a quelque chose de saccadé, de décousu, d’abstrait, d’expérimental. Ça a complètement influencé notre façon de faire. » Cela dit, le courant passe et laisse sa trace, c’est indéniable. Seul le parcours est différent.
«L’esthétique est punk, mais le message est lumineux. Laura et moi sommes très positives dans la vie, et c’est comme si on offrait cette énergie en cadeau.»
Finalement, Laura et Caroline proposent au public l’exposition Partition exquise, une expérience immersive sous forme d’échanges épistolaires multimédias. « Ça dure 30 minutes, et on voulait que le public puisse entrer dans un état méditatif », précise Caroline. Au-delà du format, les deux artistes souhaitent donner une bonne dose de douceur au public. « La musique de Laura et la vidéo que j’ai créée parlent de cette volonté de connecter avec plus grand que soi, de propager une empathie et des pensées positives. Ça se veut doux, nous dit-elle. L’esthétique est punk, mais le message est lumineux. Laura et moi sommes très positives dans la vie, et c’est comme si on offrait cette énergie en cadeau. »
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L’art comme outil de communication
Partition exquise est présentée au Musée McCord du 8 septembre 2021 au 27 février 2022 dans le cadre de la 17e édition de MOMENTA. Durant cette période, 51 artistes en provenance de 24 pays exposent leurs œuvres un peu partout dans Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal. En plus de l’exposition de Caroline Monnet et Laura Ortman, on peut visiter un jardin extérieur conçu par des artistes autochtones et vivre un parcours en réalité augmentée dans l’espace public.
Depuis le début de la pandémie, l’art sous toutes ses formes nous a sauvés de l’ennui causé par l’isolement. Pour certain·e·s, le confinement a été un prétexte, un nouvel espace d’expérimentation. Pour Laura et Caroline, l’art aura été un outil de communication privilégié, garant de leur amitié durant cette période. Elles ont pu resserrer le lien qui les unit tout en créant une œuvre qui reflète la beauté qui peut se manifester dans cette nouvelle réalité que nous tentons encore d’apprivoiser.
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La 17e édition de MOMENTA se tient du 8 septembre au 24 octobre 2021 à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal sur le thème Quand la nature ressent.
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