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L’art de l’arnaque à la Rocancourt
Christophe Rocancourt est le plus grand imposteur français de l’histoire.
Il a emprunté plus d’une douzaine d’identités et a passé 10 ans derrière les barreaux pour vol, contrebande, parjure, fraude, usage de faux passeports et délit de fuite. Proche de Mickey Rourke et de Jean-Claude Van Damme, il a fait des soirées huppées avec le gratin hollywoodien son quotidien. Notre journaliste revient sur quelques grands moments de son histoire.
Juillet 2000, Upper East Side, New York. Dans une somptueuse salle à manger, la fille du président de Sony, l’éditrice du magazine People, un collectionneur d’art et une Américaine de sang royal sont réunis autour de la table de Ginés Serrán-Pagán, un artiste new-yorkais. Ce soir, leur hôte reçoit un invité très spécial : Christophe Rockefeller, héritier de la prestigieuse famille américaine, qui lui propose un million de dollars pour acheter ses œuvres.
Le repas débute en beauté. Christophe fait son entrée, accompagnée d’une mannequin et de son secrétaire. La femme est sublime, ses formes attirent le regard de tous les hommes présents. Son second compagnon n’a rien d’un frêle secrétaire et ressemble davantage à un garde du corps.
Ginés ajoute des couverts supplémentaires pour les deux invités-surprises et entame le repas en servant une salade. Les convives échangent des banalités sur l’art, l’économie et la philosophie. Christophe parle beaucoup, sans se soucier des autres. Il cite Nietzche dès qu’il en a l’occasion et disserte sur sa merveilleuse résidence aux Hamptons, la bouche pleine et les coudes sur la table.
Drôle d’attitude pour un membre de la famille Rockefeller.
Autour de la table, ces mauvaises manières en font sourciller plus d’un et éveillent les soupçons de l’hôte, Ginés Serrán-Pagán. Mais qui est donc cet étrange acheteur qui s’exprime avec un accent français peu subtil?
Après le repas, Serrán-Pagán lui offre une coupe de vin californien de mauvaise qualité. Christophe le complimente sur ce « grand cru de Bordeaux ».
Rockefeller n’est pas celui qu’il prétend être.
Serrán-Pagán le sait.
Mais à ce moment, l’artiste est bien loin de comprendre l’ampleur de la supercherie édifiée par le personnage qui se trouve à sa table. Pourtant, dans les jours qui suivent, tous les médias américains parleront de lui.
Les premiers délits
C’est à Honfleur, en Normandie, que Christophe vient au monde. Sa mère, une prostituée, l’abandonnera très jeune. Son père, un alcoolique violent, le rejette. Très jeune, il vagabonde et vole pour survivre. Alors que les parents des autres enfants leur interdisent de s’éloigner de la maison, la mère de Christophe l’envoie jouer loin de la roulotte familiale, où elle reçoit des clients. Son éducation rime plus avec liberté qu’avec discipline.
Parce qu’il est trop souvent absent en classe, l’école avertit le gouvernement qui prend en charge l’enfant. Christophe a 10 ans quand il est envoyé à l’orphelinat.
Vivre avec 150 enfants abandonnés n’est pas de tout repos. Mais, contrairement aux autres orphelins, il a plus que ses poings pour se défendre : il sait raconter des histoires. Quand il parle, la réalité se transforme en rêve et transporte ceux qui l’écoutent. À force d’être le héros de tous ces mensonges, il gagne l’estime des garçons et le cœur des filles.
Chaque dimanche, c’est jour de fête à l’orphelinat : les visites sont permises. Christophe attend son père.
Avant de le déposer à l’orphelinat, le vieil homme avait offert des chaussures cirées à son fils : à l’heure des visites, le jeune garçon les frotte comme une lampe d’Aladin, espérant que son père finisse par apparaître.
Celui-ci ne viendra jamais.
N’en pouvant plus d’être enfermé, Christophe fugue dès qu’il en a la chance. Le directeur de l’orphelinat le retrouve souvent dans le sous-sol de l’église. Christophe est très croyant : le seul qui ne l’ait jamais abandonné, c’est Dieu.
Puis, à l’adolescence, Christophe s’enfuit, direction Paris. À lui la liberté tant rêvée, les bancs de métro la nuit, la rue, le froid, la faim. Complètement paumé, il se fait offrir des repas par des prostituées. Les filles connaissent bien les propriétaires des cafés près de la Gare Saint-Lazare. Elles s’arrangent pour que le jeune Christophe puisse se réchauffer quelques heures au calme, pendant qu’elles retournent travailler.
Du Ritz au Crillon, il découvre l’art d’allumer une cigarette avec distinction. Rocancourt observe, décortique et apprend : tente de comprendre le comportement des jeunes bourgeois. Au-delà de l’imitation, il analyse leurs réactions de A à Z afin de mieux s’intégrer à leur milieu.
Dans la rue, la liberté est parfois synonyme d’ennui. Le temps s’étire, mais jamais quand Christophe a le nez plongé dans un bouquin; il adore lire. Il passe ses journées à dévorer les œuvres d’Umberto Eco et de Nietzche, qu’il chaparde dans les stands de bouquinistes sur le bord de la Seine. Jusqu’au jour où Gigi, un jeune riche, le prend sous son aile. Le dandy lui tend la main, le ramène chez lui. À ses côtés, Rocancourt fréquente les grands salons de thé et les bars huppés de Paris, où il fait un ravage chez les jeunes filles, qui prennent l’habitude de régler ses factures.
Du Ritz au Crillon, il découvre l’art d’allumer une cigarette avec distinction. Rocancourt observe, décortique et apprend : tente de comprendre le comportement des jeunes bourgeois. Au-delà de l’imitation, il analyse leurs réactions de A à Z afin de mieux s’intégrer à leur milieu. Gigi le présente à ses amis, autant à ses relations intimes qu’aux célébrités. Christophe fait alors la rencontre d’hommes immensément fortunés. C’est à ce moment qu’il effectue ses premières magouilles : il investit leur argent en leur promettant de gros profits et disparaît avec le butin.
Puis, à 24 ans, Rocancourt part en Suisse. Les raisons de son séjour à Genève sont nébuleuses. C’est là que les embrouilles avec la justice commencent. La police le soupçonne d’être en lien avec le cambriolage d’une grande bijouterie sur la rue du Mont-Blanc; un ami de Rocancourt est responsable du hold-up et sa présence sur le territoire éveille les soupçons. Pour éviter les démêlés avec la justice, Rocancourt décide de réaliser un vieux rêve : s’envoler vers l’Amérique.
Avec quelques sous en poche et un anglais rudimentaire, il s’enfuit à Los Angeles.
De Rocancourt à Rockefeller
Dans la Cité des Anges, Rocancourt fait la connaissance du designer français Charles Glenn, au célèbre restaurant Chez Maurice. « On s’est tout de suite pris d’amitié, raconte le designer. Il était jeune et comme j’étais un ancêtre à Los Angeles, je lui ai fait rencontrer tout le monde. »
Dès leur première rencontre, le jeune Rocancourt se présente comme un boxeur professionnel, champion européen dans la catégorie poids légers, même s’il n’a jamais monté dans un ring de sa vie. Et puis, un jour, alors que les deux hommes sont en route vers un combat, Christophe propose 500 $ à Glenn pour qu’ils rebroussent chemin et disent à leurs connaissances qu’il avait vaincu son adversaire par K.O. « Sur le coup, je l’ai pris pour un petit imbécile, mais j’ai quand même accepté. Je me suis fait 500 $ en cinq minutes! explique le principal intéressé. À l’époque, je ne savais pas que ce petit voyou promettait des fortunes à mes amis. Faut dire qu’il avait beaucoup de charme… »
Rocancourt vend du rêve à tout le monde. Et pas seulement aux amis de Glenn. Dès qu’il est en présence d’un « gros poisson » (le terme qu’il utilise dans sa biographie), le jeune homme tente sa chance.
Au fil des rencontres, Rocancourt tisse des liens avec les proches de Glenn, dont un de ses plus vieux amis, le décorateur français Pierre Lange. La confiance s’installe entre les deux hommes, et Christophe s’entraîne quotidiennement dans la villa de Pierre, où celui-ci lui a installé des machines de musculation près de la piscine.
« Le pire, c’est que j’ai découvert qu’il m’avait payé l’avion en première classe avec la carte de crédit d’une pauvre jeune femme. Il volait vraiment n’importe qui! »
Un jour, Lange confie à son boxeur préféré qu’il a des petits problèmes financiers. Rocancourt saute sur l’occasion et lui promet d’acheter sa villa. Il s’installe pour de bon dans la propriété de son nouvel ami. Peu de temps après, Christophe expédie Lange pendant un mois en Europe, afin qu’il règle les détails du transfert monétaire pour l’achat de la maison avec sa banque. Il fait en sorte que le voyage de Lange se prolonge en invoquant divers problèmes avec son institution bancaire. Il propose à son ami d’aller se détendre un peu au Portugal, où celui-ci possède une demeure. Après trois mois d’attente, Lange s’impatiente et revient à L.A. « Le pire, explique ce dernier, c’est que j’ai découvert qu’il m’avait payé l’avion en première classe avec la carte de crédit d’une pauvre jeune femme. Il volait vraiment n’importe qui! »
Pendant son absence, Rocancourt organise de grandes réceptions dans la maison de son ami et se présente même comme le propriétaire des lieux. Après le deuxième mois, Christophe vend la villa à un Saoudien. Il empoche l’argent et ne donne pas un rond à Lange. Cependant, dans sa biographie, la version de Rocancourt est tout autre : « Lange était moins prospère qu’il n’y paraissait. Je crois qu’il avait carrément les huissiers à la porte. Il est probable que je lui ai évité la faillite en le débarrassant du poids de cette propriété ruineuse. Il en possédait une autre au Portugal. Il n’avait plus les moyens d’entretenir tous ces palais. »
Dans les faits, la situation monétaire de Pierre Lange était stable avant qu’il ne rencontre Rocancourt. « J’ai sorti la maison du marché immobilier pendant trois mois, car il me disait qu’il voulait l’acheter, explique le décorateur français. Pendant ce temps, la crise économique a commencé et je n’ai pas pu la vendre à mon retour du Portugal. La banque l’a reprise et j’ai fait faillite! »
« J’ai sorti la maison du marché immobilier pendant trois mois, car il me disait qu’il voulait l’acheter, explique le décorateur français. Pendant ce temps, la crise économique a commencé et je n’ai pas pu la vendre à mon retour du Portugal. La banque l’a reprise et j’ai fait faillite! »
L’envers de la paillette
Au fil du temps, Rocancourt se met à fréquenter des vedettes, histoire d’être bien en vue à Hollywood. Johnny Depp, Meryl Streep et Jodie Foster auraient entre autres croisé sa route.
Mais sa rencontre la plus marquante reste celle de l’acteur Mickey Rourke. Les deux hommes se sont connus dans un bar d’hôtel, par l’entremise de Jean-Claude Van Damme, un ami commun. Le déclic a été immédiat. « Il s’est passé quelque chose de profond entre nous, dès le premier jour. La misère, la boxe, le goût de la fête et des femmes; tout nous rapprochait », écrit Rocancourt dans sa biographie. Les paparazzis sont comblés par ce drôle de duo qui pousse l’audace jusqu’à s’embrasser sur la bouche après une soirée bien arrosée. « Ce n’était qu’un jeu », dira plus tard Rocancourt.
Aujourd’hui, Rourke garde pourtant un mauvais souvenir du Français. « Il est sur sa liste noire, confirme Charles Glenn, qui fréquente l’acteur. Il ne veut plus en entendre parler. » Était-ce vraiment son ami? « Pas vraiment, confie l’ex-garde du corps de Rocancourt, Benny Ali Amgharé. Mon patron payait 50 000 $ pour que Rourke se présente en public avec lui! »
« Il est sur sa liste noire, confirme Charles Glenn, qui fréquente l’acteur. Il ne veut plus en entendre parler. » Était-ce vraiment son ami? « Pas vraiment, confie l’ex-garde du corps de Rocancourt, Benny Ali Amgharé. Mon patron payait 50 000 $ pour que Rourke se présente en public avec lui! »
Rocancourt réside désormais au dernier étage du Beverly Whilshire Hotel, l’un des plus prestigieux établissements d’Hollywood, popularisé par le film Pretty Woman. Dans l’entrée de sa chambre, on trouve un portrait de Michael Jackson dédicacé à son nom. En réalité, s’il y habite, ce n’est pas parce qu’il peut se le permettre, mais bien parce que le dernier étage de l’hôtel est en construction et qu’il a réussi à négocier un prix avec le propriétaire. À défaut de révéler la vérité, Rocancourt prétend qu’il fait rénover l’hôtel, parce que la décoration ne lui plaît pas totalement.
Son train de vie luxueux fait rêver. Le champagne coule à flots dans les soirées, où il se présente avec des femmes magnifiques. En 1991, il s’associe à un certain Didier, avec qui il met sur pied une société de service.
« À celui qui espérait obtenir 100 000 dollars, nous demandions immédiatement 10 000 dollars pour lui trouver celui qui lui prêterait les 100 000, écrit Rocancourt dans son livre Moi, Christophe Rocancourt, orphelin, playboy et taulard. Les conditions étaient les mêmes pour tous : dix pour cent de la somme espérée, cash, en espèces, sans garantie. » L’entreprise secrète fonctionne bien jusqu’à ce qu’ils fassent affaire avec des trafiquants de drogue. La transaction tourne au vinaigre et Rocancourt quitte Los Angeles.
Deux ans plus tard, il est retracé à New York. Le début de la fin. C’est dans la Grosse Pomme que Rocancourt fait la rencontre de l’artiste Ginés Serrán-Pagán, par l’entremise de son agent. Ce dernier le reçoit dans son atelier; Rocancourt semble vivement intéressé par ses sculptures et ses peintures. « Lors de notre premier rendez-vous, il m’a dit que ma toile serait parfaite à gauche de son Picasso, se souvient Serrán-Pagán. Il a même parlé au téléphone avec un Clinton. Il planifiait leur prochain meeting… »
Même s’il a un doute sur la véritable identité de Rocancourt, il accepte de lui vendre ses œuvres, mais refuse de lui donner son numéro de compte bancaire;
« J’étais suspicieux. Ce Rockefeller voulait payer cash, pas autrement, même s’il s’agissait d’un investissement d’un million de dollars. »
Rocancourt ne se laisse pas abattre, bien au contraire. Il visite l’artiste au moins une fois par jour pour discuter de voyages, de philosophie, de business, etc. À force d’efforts, il finit par s’infiltrer dans sa vie. Mais Serrán-Pagán a encore des doutes sur la véritable identité de son nouvel ami. Pour mettre à l’épreuve Rockefeller, il organise un souper inspiré des soirées de meurtre et mystère, où chaque invité a un rôle à jouer.
Serrán-Pagán demande à un plombier de jouer les collectionneurs d’art passionnés par Picasso; à une de ses amies japonaises de se glisser dans la peau de la fille du président de Sony Industry; à la rédactrice en chef du People Magazine et à une photographe du Newsweek de se faire passer pour deux riches héritières d’armateurs grecs.
Le repas en question a lieu le 29 juillet 2000 et se termine vers 4 heures du matin.
C’est lors de ce souper que Christophe se fait démasquer pour la première fois. Si les invités ne connaissent pas sa vraie identité ni son passé d’escroc, ils sont tous convaincus que ce Français n’est pas un Rockefeller à la fin du repas. La photographe du Newsweek immortalisera d’ailleurs cet instant.
Quelques semaines plus tard, Maria Eftimiades, rédactrice du People Magazine, publie le récit de cette soirée ainsi que les photos du repas dans le New York Magazine. « Les photos ont permis à la police américaine de retracer Christophe et de relier ses multiples identités, explique Ginés Serran-Pagan. À l’époque, il était un des hommes les plus recherchés au monde. »
Entre-temps, la police de Los Angeles enferme Rocancourt sous le nom de Fabien Ortuno, l’une de ses nombreuses identités. Son délit? Il n’a pas payé sa chambre d’hôtel. La police le relâche après le paiement de la caution, qui se chiffre à 45 000 $.
Lorsque l’article de Maria Eftimiades est publié, les policiers de L. A. se mordent les doigts. Ils tenaient Rocancourt, l’un des criminels sur la liste des Most Wanted du FBI, et ils l’avaient laissé partir.
Prendre la poudre d’escampette
Quatre jours après le fameux repas, après avoir été arrêté et avoir payé sa caution, Rocancourt s’enfuit au Canada.
En Colombie-Britannique, il escroque le PDG de la Yukon-Nevada Gold Corp, Robert Baldock, qui l’héberge dans un luxueux chalet d’une station de ski. Là-bas, Rocancourt se présente comme Christopher Van Hoven, ancien pilote de Formule 1. M. Baldock a décliné notre demande d’entrevue et refuse de revenir sur cette histoire.
La police américaine retrace Rocancourt à Whistler et il est emprisonné cinq ans en Colombie-Britannique, puis aux États-Unis, avant d’être extradé six mois en Suisse, pour le vol de la bijouterie genevoise. Faute de preuve, la Suisse le renvoie en France, tout en lui interdisant de revenir sur son territoire jusqu’en 2016.
La prison est une épreuve terrible pour l’escroc; l’enfermement lui rappelle l’orphelinat. Là-bas, c’est la loi de la jungle.
La prison est une épreuve terrible pour l’escroc; l’enfermement lui rappelle l’orphelinat. Là-bas, c’est la loi de la jungle. Aux États-Unis, les gardiens ferment les yeux sur les agressions dans les douches. Christophe ne se sent jamais en sécurité.
À sa sortie de prison, Rocancourt délaisse le crime pour se tourner vers la littérature, inspiré par une réplique du western L’homme qui tua Liberty Valance de John Ford : « Nous sommes dans l’Ouest, Monsieur! Quand la légende devient réalité, on imprime la légende. »
En trois ans, il publie deux autobiographies. Il se marie avec Sonia Rolland, ex-Miss France, qui donne naissance à une petite fille, Tess. En direct à l’émission. L’objet du scandale diffusée sur France 2, l’escroc repentant jure : « L’arnaque, c’est fini! »
Pourtant, deux ans plus tard, il est repris la main dans le sac. Il est si populaire en France que les journaux n’ont plus besoin de le présenter, comme en témoigne un article publié dans Le Figaro : « L’arnaqueur des stars est visé par une plainte pour abus de faiblesse de la cinéaste Catherine Breillat. Cette dernière affirme qu’il lui aurait soutiré 650 000 euros. ». Rocancourt aurait « emprunté » cette somme lorsqu’il travaillait avec la cinéaste — quadriplégique depuis un accident cérébro-vasculaire — à la réalisation d’un film sur son histoire dans lequel il aurait interprété son propre rôle.
Transformer son histoire en dollars
Aujourd’hui, Christophe Rocancourt travaille à nouveau sur un film, mais avec le producteur Thomas Langmann.
« C’est le fils de Claude Berri », lance Rocancourt, rejoint au téléphone à Paris. En plus de la rédaction de son prochain roman, il travaille aussi sur le scénario d’un film qui portera sur son philosophe préféré : Nietzsche.
L’histoire que raconte son livre s’inspire du récit de ses victimes et de ses autobiographies. Deux versions qui ne concordent pas toujours : « N’écoutez pas un mot de ce qu’il dit! C’est un menteur professionnel », confie Charles Glenn. L’escroc a-t-il vraiment vécu la vie qu’il prétend?
Qui dit vrai? Nul ne le sait. Car Rocancourt refuse de parler de son passé. Pourtant, ses victimes éclaircissent certains faits. Les deals de Rocancourt, ses fameuses promesses d’investissement, n’étaient que la pointe de l’iceberg. « En plus des deals, Christophe trafiquait des passeports sur le marché noir.
J’en ai la preuve. Les journalistes français et américains ont été très mal informés. Ce n’est pas un Robin des bois, Christophe gardait tout pour lui. »
Sans démêler le vrai du faux, l’escroc vend sa salade.
Il a abandonné sa carrière d’ennemi numéro 1 pour devenir écrivain et ses deux autobiographies sont extrêmement populaires. L’évangile selon Max, son petit dernier, entre dans la catégorie des romans, même s’il relève plus de la vie de l’auteur que de la fiction. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : « pour cet ex-affabulateur de génie, quelle autre voie, aujourd’hui, que celle de la littérature? ».