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L’art de choisir le pire moment pour se lancer dans l’enseignement

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Daniel H. Lanteigne s’est lancé dans l’enseignement universitaire cet automne, en pleine pandémie. Bonne ou mauvaise idée? Catastrophe ou ravissement?! Voici ce qu’il avait à dire sur son expérience à ce jour.

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Depuis déjà plusieurs mois déjà, je flirtais avec l’idée d’enseigner. Avec la conviction d’avoir suffisamment de savoirs et de ressources en philanthropie et en ressources humaines pour contribuer aux apprentissages d’étudiants, je me suis donc lancé en tant que chargé de cours au Certificat en gestion philanthropique de la FEP de l’Université de Montréal. Mais probablement au pire moment : automne 2020.

Donner un cours, il n’y a rien là!

C’est ce que je pensais, naïvement. Impressionné jadis par l’aisance de mes enseignants qui maîtrisaient leur session sur le bout de leurs doigts avec à peine quelques mots sur une courte série de diapositives. Mais l’expérience était là, le cours était rodé et le sujet abordé mainte fois, il n’était question que de l’actualiser.

comme premier challenge académique, j’ai visé haut : construire un tout nouveau cours. En quelques semaines. À distance. Donné entre 19 h 00 et 22 h 00 le jeudi soir.

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Mais je ne bénéficiais de rien de tout cela, pas même un plan de cours ou un vieil examen. Car comme premier challenge académique, j’ai visé haut : construire un tout nouveau cours. En quelques semaines. À distance. Donné entre 19 h 00 et 22 h 00 le jeudi soir. Et travailler à temps plein en consultation, tout en poursuivant mes nombreuses implications – et aussi le mari et le fils de 4 ans, ne les oublions pas.

La recherche, la préparation et l’anticipation des séances m’ont ainsi pris un temps fou (et c’est encore le cas), peut-être parce que je veux en donner plus que pas assez, parce que je veux compenser par la plus faible participation en ligne, je ne sais pas. Mais je cours littéralement entre chaque cours.

Mais j’aime tellement ça, vous n’avez pas idée

Alors que je ne vois que des articles terribles sur les sessions à distance, à contre-courant, j’y vois un beau défi, une opportunité de développer des habiletés d’encadrement et de motivation pour garder l’attention de ceux qui ont déjà 7 heures de Zoom/Teams/Webex/GotoMeeting dans le corps et qui doivent affronter un autre 3 heures bien assis, presque fusionnés à leur chaise.

Ainsi, alors qu’il est 22 h 00, le jeudi, et que mes dernières paroles sont « bonne nuit, bons rêves, pas de puces, pas de punaises », je sais que j’ai fait le bon choix.

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Car malgré la barrière virtuelle, il y a le temps avant le cours, durant les pauses musicales (oui monsieur, madame, ici on se fait un petit boost musical chaque heure) et entre les séances. Même la rétroaction de correction devient une opportunité d’échanges. J’ai même la surprise de croiser des étudiants lors de conférences que je donne ou lors de congrès. J’en coache même certains dans leurs réflexions professionnelles. Bref, notre lien il est là. À géométrie variable, certes, mais ne serait-ce pas le cas de toute façon en présentiel?

Oui, il y a les limites des écrans et les pertes de temps technologiques. Mais comme tout, il faut être de son époque, choisir ses batailles avec les plateformes web et surtout arrêter de voir l’enseignement comme une modalité figée dans le temps qui n’est valable ou reconnue que sous certaines conditions.

Ainsi, alors qu’il est 22 h 00, le jeudi, et que mes dernières paroles sont « bonne nuit, bons rêves, pas de puces, pas de punaises », je sais que j’ai fait le bon choix. Au pire moment peut-être, mais le bon choix tout de même. Puis, juste au cas, je vois dans le clavardage : « Vous êtes excellent! Merci Daniel!!! ». Voilà, mission accomplie.

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À propos de l’auteur

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Daniel H. Lanteigne, CFRE, CRHA est chargé de cours au Certificat en gestion philanthropique de l’Université de Montréal. Il est également consultant en philanthropie et ressources humaines pour le cabinet BNP Performance philanthropique en plus d’être conférencier et auteur de nombreux articles sur le domaine. Il agit à titre de président désigné de l’Association des professionnels en philanthropie – section du Québec et complète actuellement la certification universitaire sur la gouvernance des sociétés du Collège des administrateurs de sociétés. En octobre dernier, il s’est vu remettre le Prix Reconnaissance RH dans la catégorie Gouvernance par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.