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L’art contemporain selon Karine Vanasse

La porte-parole de la foire Papier nous invite à oublier la routine métro-boulot-dodo le temps d’un voyage sous le signe de la créativité.

Par
Catherine Montambeault
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L’art contemporain, ça peut être intimidant. On pense souvent que cet univers est réservé aux fins connaisseurs ou aux personnalités richissimes qui peuvent se permettre de collectionner les œuvres d’art sur les murs de leur salon, puis de les revendre pour quelques millions lorsque l’envie leur prend de changer de décor.

Pourtant, à la foire Papier, dont la 14e édition se tiendra du 26 au 28 novembre au Grand Quai du Port de Montréal (et simultanément en ligne), on affirme haut et fort que l’art, c’est pour tout le monde. Ce grand rendez-vous de l’art contemporain canadien se veut un espace qui démocratise l’art en permettant à monsieur et madame Tout-le-Monde de s’enrichir l’âme au contact du travail de plus de 400 artistes. Bien sûr, les collectionneurs aguerris sont également les bienvenus.

Discussion avec la porte-parole de l’événement, l’actrice Karine Vanasse, au sujet de cette grande fête des arts visuels et de sa propre collection d’art.

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Comment as-tu commencé à t’intéresser à l’art contemporain? Trouvais-tu ça intimidant, au début, de naviguer dans ce milieu d’initié.e.s?

Un de mes premiers contacts avec l’art contemporain qui m’a beaucoup marquée, c’est quand je me suis retrouvée dans le loft de l’oncle d’une amie à Brooklyn. Il y avait plein d’œuvres d’art sur les murs. Tu sentais que ces œuvres-là avaient été mises là pas comme éléments de décoration seulement : il y avait quelque chose de plus profond, un lien qui se tissait entre elles.

Après ça, je me suis intéressée à l’art de plus en plus. Au début, on dirait que je me disais, des fois : « Ben voyons donc, je suis qui, moi, pour acheter une œuvre? » Comme si l’art contemporain, ça consistait juste à payer des dizaines de milliers de dollars pour une œuvre. Mais l’art contemporain, ça peut aussi être une œuvre d’art que tu as achetée à un petit artiste en te promenant en voyage. Ça n’a pas besoin d’avoir été acheté dans une grande galerie. C’est juste le fait de choisir une œuvre, qui est reliée à un moment, et d’encourager directement un artiste. L’œuvre est donc reliée à ton propre parcours et à celui de l’artiste à la fois.

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Te souviens-tu de la première œuvre que tu as achetée? L’aimes-tu encore aujourd’hui?

La première œuvre que j’ai achetée, c’était quand j’étais à Paris, je travaillais là-bas. Il y avait une foire dans le genre de Papier. J’étais entrée et j’avais vu une image que j’avais vraiment aimée. C’était une œuvre d’un artiste qui fait du pliage de papier, Simon Schubert. Il n’y a rien de découpé, rien de collé, c’est juste des plis, mais tu vois vraiment la perspective d’un décor architectural avec un escalier et tout ça. Elle est toute petite, mais c’est vraiment impressionnant.

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Avec le temps, j’ai vécu des déménagements, des séparations, alors les premières œuvres que j’ai achetées ne sont plus avec moi. Mais celle-là, je l’ai encore.

Les œuvres qui m’accompagnent encore sont celles qui sont les plus significatives pour moi. J’ai déménagé récemment, et quand est venu le temps d’installer les œuvres que je trimballe avec moi depuis des années, là, je me suis enfin sentie vraiment chez moi. Ces œuvres-là, c’est les objets que je sauverais avant tout le reste. Ce sont des pièces auxquelles j’accorde vraiment une grande valeur, pour lesquelles j’ai un grand attachement.

Combien d’œuvres d’art possèdes-tu? Laquelle est ta préférée et pourquoi?

J’en ai quand même quelques-unes [rires]! Disons quelques dizaines. C’est vraiment difficile d’en choisir juste une. Je sais quelles sont celles dont je ne voudrais jamais me débarrasser, qui vont me suivre jusqu’à ce que je sois en résidence pour personnes âgées, mais juste une…

Je dirais que celle que je ne possède pas encore et que j’ai vraiment hâte d’avoir, c’est une œuvre de mon frère. Il est aux études en art contemporain en ce moment, et il prépare sa première exposition solo. J’ai hâte de voir quelle œuvre de cette première collection-là je vais réussir à avoir!

Qu’est-ce qui t’attire généralement dans une œuvre?

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Ça change tout le temps. Pendant une période, j’aimais sentir que les œuvres que j’achetais étaient uniques. Que ce n’était pas une photographie ou une reproduction. Finalement, je suis allée à Papier une année, et j’ai trippé sur une artiste qui faisait de la photo. L’année d’après, c’était autre chose. J’aime me laisser surprendre moi-même par ce qui me touche.

As-tu déjà regretté un achat?

Ça m’est arrivé une ou deux fois d’avoir un coup de cœur pour une œuvre, mais d’arriver chez moi et de ne pas trouver d’endroit où l’installer pour la mettre en valeur. Des fois, ce n’est pas que je regrette, mais il y a des oeuvres qui fonctionnent pendant un bout de temps, et un moment donné, tu as comme envie de vivre avec autre chose. Ce qui le fun avec l’art contemporain, c’est que généralement, ça ne perd pas de valeur, alors tu peux revendre! C’est un bon investissement.

Qui est ton artiste québécois.e ou canadien.ne coup de cœur des dernières années?

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Le dernier gros coup de cœur que j’ai eu, c’est l’artiste montréalaise Michelle Bui. J’ai récemment acheté une de ses œuvres à laquelle je pensais depuis des années! C’est une photo que j’avais vue pour la première fois il y a environ quatre ans, mais je pensais que mon intérêt allait passer. Finalement, elle ne me sortait pas de la tête, alors je l’ai achetée.

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Des artistes émergents à surveiller?

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J’ai très hâte de voir Andréanne Godin, qui va être à la foire Papier cette année. Elle travaille souvent au crayon, avec une couleur seulement, mais ça fait des choses très intéressantes. Il y a quelque chose de très doux dans ce qu’elle fait, ça me parle beaucoup.

Pourquoi as-tu accepté d’être la porte-parole de foire Papier encore une fois cette année?

Parce que c’est encore un événement qui me passionne. Parce que je suis toujours aussi émerveillée de voir des gens qui ne connaissaient pas cet événement-là, qui se rendent sur place et qui se surprennent à être touchés par l’art contemporain. C’est comme si, tout d’un coup, ça part de leur tête et ça s’en va dans leurs tripes. Quand tu n’as aucun contact avec quelque chose, c’est facile de dire « ah, ce n’est pas pour moi ». C’est normal, tu n’as aucune référence. Alors ça en prend, des événements comme ça, pour faire le premier pas.

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J’ai découvert la foire Papier il y a plusieurs années, avant même d’être porte-parole. C’était la première fois que je vivais un contact avec l’art contemporain dans un contexte aussi démocratisé, accessible et festif. C’est vraiment une belle découverte à faire.

Il y a tellement d’artistes représentés au même endroit que c’est facile de juste se laisser porter par ce qui vient nous rejoindre, ce qui nous touche. Et c’est une belle activité à faire en famille ou avec des amis, parce que c’est l’fun de voir si on remarque les mêmes œuvres, ou si, au contraire, ce sont des œuvres complètement différentes qui nous parlent.

Donc même si je ne connais rien à l’art contemporain ou que je n’ai pas un gros budget à consacrer à l’achat d’une œuvre, je peux quand même trouver mon compte à la foire Papier?

Oui! C’est vraiment l’occasion de plonger là-dedans et de voir comment on réagit. Avec la pandémie, on n’est pas sorti, on n’a pas voyagé beaucoup… L’art, c’est une façon de voyager à travers la créativité de l’autre, d’aller au contact de l’autre. Donc pas besoin de dépenser nécessairement, parce que la foire, c’est un voyage en soi dans l’univers de dizaines d’artistes.

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Papier, c’est autant pour les gens qui ne connaissent pas du tout l’art que pour les gens qui sont habitués d’aller en galerie, qui sont des collectionneurs depuis des années. Et c’est ce mélange de gens aussi qui est intéressant.

À tes yeux, pourquoi est-ce important de prendre contact avec l’Art?

Parce que ça nous ramène à notre humanité. Ça nous ramène à cette dimension-là qu’il ne faut pas perdre de vue. Oui, on travaille, on a une famille, il y a tout ça qui s’enchaîne, mais je trouve que l’art nous ramène à ce qu’on a de commun les uns les autres, à quelque chose de plus profond qui se trouve en dehors de la rigidité de nos routines.