L’année sabbatique : un investissement bien plus précieux qu’on ne le pense

En automne 2023, tandis que mes collègues de classe se préparaient pour leur dernière année de baccalauréat, je préparais mon sac à dos pour un voyage de 7 mois à travers l’Amérique latine. Prendre une année sabbatique n’a pas été une décision facile. Pourtant, aujourd’hui, je reconnais qu’il s’agit de l’une de mes meilleures décisions.

Alors, en tant que fervente défenseure de l’année sabbatique, j’avoue avoir été particulièrement interpellée par cette vidéo de Félix Lévesque, le gagnant d’Occupation Double Mexique, dans laquelle il présente l’année sabbatique sous un jour moins flatteur. Dans sa vidéo, Félix met en lumière les conséquences financières désastreuses potentielles d’une année sabbatique. N’étant personnellement pas une experte en finances, je reconnais que je ne suis pas la mieux placée pour contester ses propos. Cependant, ayant connu les avantages d’une année sabbatique, j’ai cru bon offrir une perspective différente.

Ayant suivi un parcours scolaire très linéaire j’ai toujours accordé une grande importance à la réussite scolaire, allant jusqu’à faire de mes notes une priorité, parfois même au détriment de mes relations interpersonnelles ou de mon bien-être. Au cours de mes deux premières années de baccalauréat, mon identité semblait presque entièrement construite autour de mes études.

L’année sabbatique a été l’occasion pour moi de me découvrir en dehors de l’école. Mon temps n’étant plus divisé entre l’école et le travail, j’ai pu m’investir pleinement dans de nouvelles expériences. Surtout, ce temps libre m’a incitée à me lancer dans de nombreuses randonnées et à suivre des cours de salsa, ce qui m’a fait retomber en amour avec le plein air et la danse.

Cette parenthèse dans mon parcours scolaire m’a permis de valoriser autre chose que les bonnes notes. En prenant du recul, j’ai compris que mes passions méritaient que je m’y attarde, au même titre que l’école. Ça m’a permis de comprendre qu’il est important de s’épanouir autrement que par les résultats scolaires. Une prise de conscience qui, je pense, facilitera la transition entre l’école et le marché du travail.

En fin de compte, l’année sabbatique m’a m’a aidée à me bâtir une identité qui ne repose pas uniquement sur l’école.

À voir mes photos de voyage sur Instagram, on aurait pu croire que mon année sabbatique n’a été qu’une excuse pour me la couler douce. Mais, derrière ces paysages à couper le souffle, se cachent également des anecdotes qui ont généré bien du stress, même si aujourd’hui, elles me font bien rire.

Mon année sabbatique a été marquée par des situations qui m’ont fait sortir de ma zone de confort. Même si j’aurais préféré éviter toutes ces fois où je me suis perdue dans les transports en commun, cette fois où on a failli me refuser l’embarquement d’un vol en raison de documents manquants, ou encore celle où des coquerelles avaient élu domicile dans mon sac à dos, ce sont justement ces moments irritants qui m’ont permis de grandir.

À de multiples reprises, j’ai traversé des épreuves qui m’ont permis de développer de nouvelles compétences. Sans tomber dans les clichés, à mon retour, j’ai constaté à quel point j’avais évolué sur le plan personnel, que ce soit au niveau de ma gestion des situations stressantes, de ma flexibilité ou de ma capacité d’adaptation.

Comme quoi l’école n’est pas la seule manière d’apprendre et j’estime que cette expérience a contribué à ma formation vers le milieu professionnel.

Dans sa vidéo, Félix partage cette remarque : « Plusieurs trouvent qu’une année sabbatique c’est pertinent pour explorer réellement ce qu’ils veulent faire de leur vie. Par contre, il y a une partie de moi qui a de la misère à imaginer que quelqu’un qui mange un pad thaï en Thaïlande peut soudainement avoir envie de devenir un ingénieur ou une technicienne juridique. »

Si cette remarque m’a d’abord fait rire, elle m’a aussi poussée à réfléchir. C’est vrai que pendant que je faisais du sandboarding dans les dunes du Pérou ou que je naviguais sur l’Amazone, jamais je n’ai pensé à mes ambitions professionnelles. Pourtant, cette année de pause n’a pas été une perte pour autant. En rétrospective, en constatant à quel point j’ai évolué sur le plan personnel, je considère mon année sabbatique comme un véritable investissement envers moi-même.

Il est vrai que j’aurais probablement éventuellement fait ces apprentissages, mais jamais de façon aussi ludique. Je vous le dis : une année sabbatique, c’est payant !