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Transition post-graduation : pourquoi c’est aussi difficile?

Je discute des blues post-graduation avec mes amies récemment diplômées.

Par
Clara Beaulieu
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Après trois ans de travail acharné, une quantité inquiétante de boissons énergisantes ingurgitées et plusieurs larmes versées, mon parcours au baccalauréat touche enfin à sa fin. Aussi cliché que cela puisse paraître, ces dernières années m’ont été précieuses et d’une pertinence inouïe ; en plus de m’avoir formée, elles m’ont permis de rencontrer des personnes qui font aujourd’hui partie intégrante de mon entourage.

Par contre, je mentirais si je disais ne pas avoir hâte (voire très, très hâte) de tourner la page. Et oui, comme bien des étudiant.e.s de dernière année, j’ai attrapé le senioritis ; ce fameux phénomène qui touche les finissants et qui se traduit par une grosse baisse de motivation. Non seulement je suis à bout des travaux d’équipe, je suis particulièrement impatiente de me lancer sur le marché du travail.

Ayant pris une petite pause de l’école l’année dernière, j’ai eu la chance de voir la plupart de mes amis obtenir leur diplôme avant moi. Autrefois tout aussi enthousiastes que moi à l’idée d’obtenir leur diplôme, aujourd’hui, soit près d’un an plus tard, je remarque un réel changement dans leur attitude. Comme si, finalement, la vie de diplômée n’était pas aussi rose qu’on l’avait imaginée. Moi qui ai si hâte de terminer mon baccalauréat, je commence à me demander si mes attentes post-études sont trop élevées.

Tout le monde a les blues

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Les blues post-graduation, c’est cette espèce de mélancolie qui survient après les études, quand on se rend compte qu’on doit maintenant devenir de « vrais adultes ». Une petite séance de scrollage sur TikTok m’a permis de constater que les blues sont un phénomène assez répandu parmi les jeunes diplômés. Comme si la transition entre ce qu’on nous a toujours dit être les « meilleures années de notre vie » et la vie après les études était un véritable rite de passage.

Afin de me pencher sur cet enjeu, je me suis entretenue avec trois amies ayant pris des chemins différents après le baccalauréat.

S’épanouir autrement

« Arrêter de découvrir par l’école, je ne pensais pas que ça allait autant me manquer », confie Marianne, un brin nostalgique.

Peu de temps après avoir obtenu son diplôme, Marianne a eu la chance de décrocher un emploi à temps plein, au sein d’une entreprise qui l’interpellait particulièrement. Se sentant prête à appliquer ses nouvelles connaissances dans des projets plus concrets, elle avait hâte de plonger dans le monde du travail. Mais quelques mois plus tard, confrontée à des tâches redondantes et peu stimulantes, elle repense à son temps passé sur les bancs d’école avec une certaine nostalgie.

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Lorsque je lui demande de décrire la transition entre la vie étudiante et la vie de jeune professionnelle, les premiers mots qui lui viennent sont « décevant » et « difficile ». Ayant vécu un parcours académique particulièrement stimulant, où de nombreux engagements lui ont permis de relever plusieurs défis, Marianne se heurte, depuis son entrée sur le marché du travail, à un manque d’opportunités lui permettant de se surpasser. « Mon but, c’est de m’épanouir, chose que je tenais pour acquise. À l’école, c’était si facile. Mais une fois que j’ai quitté cet environnement-là, j’ai réalisé que c’est difficile », m’explique-t-elle.

Bien qu’elle s’avoue prête à « tout lâcher pour avoir la chance de revivre une mi-session », sa nouvelle routine de travail de 9 h à 17 h comporte son lot de bienfaits. En tant qu’étudiante, jongler entre les études, le travail et la vie personnelle était un véritable défi. Marianne souligne que pouvoir « réellement décrocher » après 17h a amélioré son quotidien. Bien que son entrée sur le marché du travail ait été marquée par une période de remise en question, Marianne demeure optimiste face à la perspective de surmonter les blues post-graduation.

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Elle croit fermement qu’en continuant à explorer ce qu’elle aime, elle finira par s’épanouir.

Un saut dans le vide

« Je n’avais aucune idée à quel point la vie après le bac serait intangible. »

Lors de sa dernière session de baccalauréat, Zoé a été, comme moi, atteinte de senioritis et avait hâte de passer à autre chose, bien qu’elle ne savait pas encore nécessairement en quoi ça consisterait. Après avoir obtenu son diplôme, elle s’est lancée dans la recherche d’emploi. Malheureusement, elle estime avoir été brutalement confrontée à la réalité.

Zoé m’explique qu’à son arrivée au bac, elle était pleine d’optimisme et d’enthousiasme. Elle sentait qu’un nouveau chapitre de sa vie commençait et que le monde s’ouvrait à elle. Et c’est précisément ce sentiment qu’elle s’attendait à retourner en terminant son bac. Mais plutôt que de voir le monde s’ouvrir, elle a eu l’impression que la réalité l’a frappée de plein fouet. Confrontée à un marché du travail hautement compétitif et à sa propre incertitude par rapport à son choix de carrière, c’était comme si la bulle de naïveté qui l’avait suivie tout au long de son bac avait éclaté.

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Zoé décrit cette période transitoire comme « incertaine » et la qualifie de « saut dans le vide ». Face aux opportunités professionnelles peu séduisantes, elle a finalement choisi de poursuivre ses études vers la maîtrise. « J’avais un chemin tout tracé, du secondaire au baccalauréat. C’était la première fois que je devais faire un choix. » Optimiste quant à l’idée de surmonter ses blues, Zoé souligne que cette phase correspond à où elle se situe dans sa propre vie. « Ça fait partie de la vingtaine. On fait un saut dans la vie adulte sans vraiment savoir où on va », ajoute-t-elle.

Trouver son identité

Il ne lui reste plus qu’un seul cours à compléter pour terminer son parcours universitaire, mais Ariane travaille déjà à temps plein dans l’emploi de ses rêves. Bien qu’elle n’ait pas officiellement terminé ses études, elle se sent déconnectée de l’université et quelque peu indifférente face à la fin de son parcours. Ses attentes pour la vie post-études se résument simplement à avoir l’esprit plus libre et à consacrer plus de temps à ses passe-temps.

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Lorsque je lui demande si elle commence à éprouver les fameux blues post-graduation, elle m’avoue que non. Selon elle, ce sentiment est surtout dû au fait qu’elle ne base pas sa valeur personnelle sur ses études ni sur son travail. Ayant déjà pris une pause pendant son parcours scolaire, Ariane a eu l’opportunité d’explorer son identité en dehors de celle d’étudiante, ce qui lui a permis de poser des limites entre l’école et son épanouissement personnel. « C’est une question d’identité », me dit-elle. « Qui suis-je en dehors de l’école? Je sais que mon identité ne repose pas uniquement là-dessus. »

Cependant, elle admet que le fait d’avoir décroché son emploi idéal avant la fin de son parcours explique en grande partie sa sérénité face à cette étape qui s’achève.

La vie après l’école

En m’entretenant avec mes amies, je finis par saisir que s’ils sont partagés par beaucoup, les blues peuvent survenir pour différentes raisons. Cette période de transition est tellement abstraite qu’une chute de moral est presque inévitable.

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À travers ce processus, j’ai compris qu’il était pertinent de réfléchir à des pistes qui ne sont liées ni à l’école ni au travail, mais qui contribuent à notre épanouissement personnel. Durant cette phase, les moments de remise en question doivent aussi laisser place à des activités qui nous font du bien.

Même si mon enthousiasme à l’idée de terminer mon parcours universitaire n’a pas été influencé par les témoignages de mes amies, il y a de fortes chances que, comme elles, je trouve cette transition particulièrement stressante, mais j’estime être davantage préparée. Le fait que mes amies commencent déjà à voir la lumière au bout du tunnel m’incite d’ailleurs à penser qu’il ne s’agit que d’une étape passagère, un passage obligé que chacun finit par surmonter.