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Langue Sale: White-B revient avec la force du Beretta

Une analyse des meilleurs et pires verses de la semaine.

Par
Simon Tousignant
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Cette semaine à Langue Sale, on souligne le retour de White-B, l’ascension de PNL et la musique déstabilisante de Mephisto Bates.

White-B — Chacun son récit

« Trop tôt passer d’l’apprentissage à la pratique

Ils sont mort depuis longtemps dans l’scénario

Et j’les baise, depuis bien avant qu’plus rien n’me fascine

La raison du pourquoi qu’ils ne me veulent pas dans leur radio »

Nouveau single de White-B dont le nouveau projet sera « annoncé très bientôt sur les réseaux sociaux », selon la page YouTube du clip. Ça faisait un petit bout de temps qu’on avait pas eu de nouvelles de White Beretta, lui qui n’avait rien sorti depuis la chanson Ma Zone en collaboration avec Lost il y a environ six mois.

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Le membre du 5Sang14 revient donc avec un gros extrait, qui sans nécessairement faire évoluer son style, vient cimenter la direction artistique de sa nouvelle musique. On voit un rappeur qui a appris de son arrivée dans l’industrie musicale, et c’est beau de voir son univers évoluer grâce à ses succès. Il le remarque d’ailleurs dans le refrain, alors qu’il affirme qu’il est maintenant en concert, et que « tout le monde crie Beretta ». Ça fait changement de flip des packs dans le street, c’est sur.

Par contre, si White-B se demande encore pourquoi il ne joue pas en radio, la réponse n’est pas bien compliquée. Malgré tout l’engouement autour du street rap, les propos classiques du genre — crime, drogue, sexe, violence — seront toujours un frein immense à son succès commercial. En tout cas, tant que le Québec ne comptera aucune radio commerciale dédiée au hip-hop, le street rap se verra défavorisé aux dépens d’un rap plus propre, plus aseptisé. Relégué aux radios étudiantes et autres, le genre devra continuer, comme il le fait si bien, à se créer ses propres réseaux de diffusion, comme ils l’ont fait avec CanadaBlackTV, par exemple.

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PNL — Au DD

« La rue, j’la dévale à toute allure avec du Gucci comme Mitch

J’me promène dans les beaux quartiers avec le seum qui fait peur aux riches »

Vendredi dernier, les gars de PNL ont fait ce qu’ils font de mieux : se saisir de l’attention de tout le rap jeu francophone le temps de la sortie d’une chanson. Des rumeurs couraient depuis quelques semaines que le prochain single du groupe s’en venait, et le tout a été confirmé en soirée jeudi, alors que la chaîne YouTube de PNL a diffusé un live de plus de 16 heures où on apercevait la planète Terre en rotation, alors que se croisaient météores, symboles ésotériques et Dragon Balls.

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Finalement, ces 16 heures en direct auront mené à l’annonce de la sortie de Au DD, troisième single de leur prochain album Deux Frères (pas le groupe de soft rock québ, là) qui sortira le 5 avril prochain.

Pendant que Drake se faisait photoshopper sur la tour du CN sur la pochette de Views, Ademo et NOS sont allés direct au sommet de la tour Eiffel.

Au-delà de la stratégie de release qui est vraiment next level, il faut parler du clip. Parce que yo… là c’est du très haut niveau. Pendant que Drake se faisait photoshopper sur la tour du CN sur la pochette de Views, Ademo et NOS sont allés direct au sommet de la tour Eiffel pour tourner un clip. Clairement, le rap français n’a plus rien à envier à son équivalent américain en termes de moyens et d’accès. Le clip est magnifique, et installe PNL bien au sommet du rap jeu franco.

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Puis, après la ballade pop À l’ammoniaque, ça fait du bien de retrouver un PNL plus proche de ce qu’on a connu sur Le monde chico, qui reste pour moi leur classique ultime, alors que l’album suivant, Dans la légende, prenait un virage décidément plus pop. Le beat est bien équilibré et supporte à merveille les élans autotunés des rappeurs de la banlieue parisienne.

Au niveau des paroles, on fait dans le classique PNL, mais j’apprécie beaucoup la référence au film culte Paid in Full qui met en vedette Cam’ron, entre autres. Les vrais savent. Puis, peut-être que la deuxième phrase de la citation que j’ai choisie peut amener une partie de réponse au questionnement de White-B sur le rap à la radio.

Mephisto Bates — Marcel

« Même pas get mon permis d’char

Mes vieux amis d’école sont rendus en condo

Même pas get ma shape de sport

J’me sens déformé comme Condo »

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La première fois que j’ai écouté Marcel de Mephisto Bates, je me suis senti un peu comme quand j’ai écouté Back sur le BS de Jeune Loup pour la première fois. J’ai été profondément déstabilisé et provoqué. Pis je dois vous le dire, y a pas grand-chose que j’aime plus que ce sentiment. Tsé, quand tu penses que t’es en contrôle, pis là tu tombes sur un truc qui te fait reconsidérer tout ce que tu pensais savoir? Ben Marcel, c’est pas mal ça.

Artiste multidisciplinaire, Bates allie son amour pour le rap et la peinture pour créer un genre d’œuvre d’art totale qui représente parfaitement son approche particulière. La voix est stridente, le flow est pas toujours dans les temps, mais on sent à travers tout ça une maîtrise et un désir de se différencier du reste du rap jeu, et ça rend le résultat aussi réussi que confondant.

Puis, ses propos sur la vie d’artiste me rejoignent complètement. Parce que ceux qui œuvrent dans les arts, et dans le désir d’innover, devront toujours se contenter d’une vie plus modeste. Parlez-en à mes anciens collègues du secondaire, quand je leur dis qu’à 30 ans, je tente encore de percer en tant que rappeur et journaliste. Du confort de leur maison de banlieue, ils doivent la trouver bien drôle. C’est tant mieux, parce que moi aussi, au final.

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