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Langue Sale: un rodéo dans la Citadelle de LaF

Une analyse des nouveaux verses de la semaine.

Par
Simon Tousignant
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Cette semaine, on découvre le premier album de LaF, on explore l’amour que Les Louanges et Maky Lavender vouent aux drums et on apprend pourquoi YH est cagoulé.

LaF — Le rodéo

« Tout le monde a faim on a pas sommeil

Toutes les petites miettes qu’on a parsemées

Rendez-vous s’augmentent à chaque semaine

Je suis passé par derrière j’ai pas sonné »

Je vous avais parlé de leurs singles, on a jasé avec eux la semaine passée et c’est finalement chose faite, les boys de LaF ont enfin lancé leur premier album, Citadelle, vendredi dernier. Si on avait appris à les connaître grâce aux EPs Jello et Hôtel Délices, c’est un band plein d’introspection qu’on retrouve sur ce nouvel opus dont la plus grande qualité est probablement son homogénéité dans leur univers musical. Attention, il ne s’agit pas ici d’un album qui tourne en rond, bien au contraire. Sauf qu’on sent que chaque décision a été pensée afin de créer un monde conséquent, où on comprend qu’on se trouve dans la citadelle.

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Ce que j’apprécie beaucoup, c’est que Citadelle ne compte pas de single en puissance. Si Tour du monde était une première salve plus qu’efficace, tout comme Avalanche, le deuxième extrait, il faut souligner que ce pari de constance sonore l’a emporté sur l’envie de rotations à la radio. C’est un fait à célébrer de nos jours, surtout pour un album lancé par une des deux grosses écuries du rap queb. Le rodéo propose probablement le refrain le plus accrocheur de l’album, que j’aime beaucoup à cause du débit plus aigu et épique qu’emprunte Bkay pour livrer ce hook. Ça rentre, ça donne envie de hocher la tête, voire de se pitcher dans une foule qui feel autant le refrain que moi.

Pour les paroles, on retrouve les mêmes envolées poétiques un peu floues que sur les projets antérieurs, avec une certaine dimension réaliste en plus, comme notée plus haut dans le couplet de Jah Maaz sur Le rodéo, ma pièce préférée sur Citadelle. Les gars travaillent très fort depuis un moment et voient enfin les résultats de tout ce hard work. Un dur labeur sans compromis, qui donne un album réussi aux textures lustrées et soignées.

J’ai donc grandement apprécié mon passage dans la Citadelle. Au point où je risque d’y retourner plusieurs fois dans les prochaines semaines.

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Les Louanges — Drumz feat Maky Lavender

« I’m a dog: Akita

Change my name from Mak to Cletus »

L’homme qui a le plus influencé le rap queb (sans être un rappeur) dans la dernière année est de retour avec Expansion Pack, un EP où Les Louanges se permet de s’approcher encore plus du rap sans y toucher complètement. La formule est efficace et reprend là où Tercel nous avait laissé, avec un style chantonné qui oscille de plus en plus en direction du rap, notamment sur Drumz où l’artiste invite Maky Lavender, un autre nom à surveiller lors des prochains mois.

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La formule est efficace, même si l’évolution sonore n’est pas totalement au rendez-vous. Après tout, il s’agit d’un expansion pack, qui, comme celui qu’on insérait jadis dans un Nintendo 64, venait légèrement rehausser la qualité d’un jeu sans nécessairement offrir une expérience totalement nouvelle. Sur Drumz, Vincent Roberge vante le talent de son drummer avant de laisser la place à Maky qui nous propose un verse efficace, mais qui n’a par contre aucun lien avec ledit drummer.

Pas grave, car l’énergie qu’il amène est contagieuse et encore une fois, sa personnalité convainc l’auditeur de la pertinence de sa présence sur la chanson. L’autodérision et l’humour sont les plus grandes forces du rappeur du West Island qui démontre tranquillement qu’un rappeur queb n’a pas forcément besoin de rapper en français pour avoir des opportunités dans notre belle province. Il suffit de faire rayonner sa personnalité, d’accepter de donner des entrevues en français et d’être au bon endroit, au bon moment.

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Avec un album en préparation, Maky Lavender semble être sur une lancée qui pourrait faire du lui une des figures de proue du mouvement anglophone montréalais. Surtout qu’à la manière d’un Vince Staples, le rappeur signé sur l’étiquette Ghost Club est encore plus divertissant lorsqu’il prend la parole. On est impatients de voir tout ça canalisé dans un album qui promet d’être toute une ride.

YH — De toute manière

https://www.youtube.com/watch?v=kI1G7Ndz7M4

« J’suis le dernier-né des ‘90s

Cagoulé dans tous mes clips, pour moi le rap c’est un lick »

Le rappeur cagoulé YH nous propose ici De toute manière, un nouveau single où il double down sur son désir de percer. La formule est efficace à défaut d’être originale, et le mix assuré par M-Press Live est carré et permet à la chanson d’avoir l’impact escompté.

Si certaines phrases manquent un peu de finesse, on retrouve toutefois des bars efficaces comme celles citées plus haut. Comme YH est le boss du #Cagoulégang, on peut se demander ce qui l’a mené à cacher son visage. Si certains pouvaient croire à des histoires de rue, ou des mandats policiers, il n’en est rien. La raison du port de la cagoule trouve sa raison dans le fait que YH est dans le rap seulement pour faire des passes, comme si c’était un holdup. Il arrive, il prend le cash, et il repart. L’image est belle et permet d’affirmer encore plus le personnage cagoulé qui est au centre de la popularité du rappeur.

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Bon, si on doute que l’argent du rap soit réellement au rendez-vous pour le moment, on souhaite à YH autant de succès que ses collègues cagoulés en France, Kekra et Kalash Criminel.

SHOUTOUTS

Un immense shoutout à Lex & Wasiu pour leur série La base, une véritable tornade d’air frais qui arrive dans le paysage des émissions culturelles québécoises. On a droit à des entrevues où des gars comme nous posent les vraies questions aux invités issus du star-système québécois. Un verre de Cola Couronne dans les airs à votre santé mes patnè.