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Langue Sale : pourquoi le Québec dort sur Lou Phelps?

Une analyse des meilleurs et pires verses de la semaine.

Par
Simon Tousignant
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Cette semaine, on trouve que Lou Phelps est trop ignoré au Québec, que FouKi fait bien de faire à sa tête et que $oft réussit brillamment à faire rimer « foufou » et « poupou ».

Lou Phelps — Word

« I might invest in some Nike stock

I never really had writers’ block

I been writing on these checks now get off my cock »

Lou Phelps est back en grand avec Word, gros track où le rappeur de St-Hubert flex sur une production inspirée de la torontoise WondaGurl. C’est sa première sortie depuis son album 002 / LOVE ME titré aux derniers prix Junos, et disons que la qualité est au rendez-vous. Le clip, qui tire son inspiration de plusieurs covers d’albums rap classiques, est super ingénieux et sied parfaitement le contenu de la chanson où Lou cherche à s’installer au sommet du jeu avec les plus grands.

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Ce qui est surprenant avec Lou Phelps, c’est qu’il est probablement le rappeur anglo le plus accompli à être sorti de Montréal, mais personne n’en parle. Il suit présentement le génial FKJ dans sa tournée nord-américaine, mais ça non plus, personne n’en parle. Alors que le Québec lui fait un pied de nez (médiatique du moins), le cadet des frères Celestin enchaîne les grandes scènes à travers le monde et vit la vie dont beaucoup de rappeurs d’ici rêvent.

Les haters diront que tout ça, c’est à cause de son frère, dont je vous laisse découvrir l’identité si vous ne la connaissez pas. Sauf qu’un mauvais rappeur, ça ne tough pas de multiples tournées internationales. Ça ne convainc pas les foules étrangères. Ça ne va pas chercher des collaborations avec des artistes majeurs de la relève rap des États-Unis. Pourtant, c’est ce que Lou Phelps fait depuis quelques années. Alors pourquoi on dort?

Possiblement parce qu’il ne nous a jamais vraiment parlé à nous, peuple de humble french Canadians qui aiment les success stories, mais pas quand elles sont trop dans nos faces. Alors, peut-être que ça turn off les fans de rap québécois d’entendre Lou Phelps parler de ses soirées folles à Los Angeles, ou de son désir d’investir dans Nike. Est-ce parce qu’on sait que dans tout ça, il y a un fond de vérité, de réalité qui est relativement inatteignable pour le québécois moyen?

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Par contre, quand c’est Enima ou Loud qui le font, ça passe plutôt bien. Est-ce alors une question de langue? Peu probable, quand on regarde l’engouement des gens pour le lineup du festival Metro Metro, qui est rempli de rappeurs au contenu similaire à Lou Phelps. Bref, c’est weird.

En tout cas, en attendant que la province catch up, Lou Phelps continue de faire du maudit bon rap et de le faire briller autour du monde. WORD!

FouKi — Wono

« ZayZay c’est le mouvement

Tu veux pas être dedans c’est cool man

Mais pense pas qu’on t’prend au sérieux

Ça talk shit sur Facebook c’est plein d’fautes

Tu sais pas parler man c’est fâcheux

Learn l’écriture avant d’en diss d’autres »

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L’enfant prodige du rap queb est back avec un nouveau single juste avant la sortie de ZayZay, son deuxième album sous 7ième Ciel, disponible dès vendredi. Avec Wono, on se rapproche d’une vibe à la iii, qu’on retrouvait sur Zay, sorti l’an dernier. La formule est efficace, parce que Wono reste dans la tête, donne envie de danser et surtout d’envoyer un beau gros « fuck you » aux haters.

Parce que les haters sont mieux d’être avertis : FouKi ne fait que commencer. Du haut de ses accomplissements des deux dernières années, on a l’impression que le rappeur est un vétéran de la scène et pourtant, sa jeune vingtaine lui laisse encore énormément de temps pour survoler le rap jeu. Sur Wono, on trouve un FouKi sur son grind, qui vit les aléas du succès : s’il peut désormais se consacrer entièrement à faire de la musique, il doit aussi subir les critiques (souvent peu éduquées) des fans de rap québécois.

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C’est un peu ce qu’il aborde dans la citation plus haut. La beauté de la musique du jeune Léo, c’est qu’il ne cherche pas l’approbation des gens. Il ne demande à personne de l’aimer, mais il réussit malgré tout à rejoindre un public hyper large. Par expérience, c’est vrai que beaucoup de critiques sur les réseaux sociaux ressemblent à « c po du vraie hiphoppe pass ya dlototune ». Après, pas besoin d’être triple platine pour offrir son opinion sur le rap (sinon je serais dans la merde), mais un brin de recherche, d’ouverture et de réflexion, ça fait toute la différence dans une critique.

ZayZay sort vendredi, j’ai bien hâte de voir les commentaires.

Tizzo x Shreez feat $oft — Tuna

« C’est pas cache-cache j’donne des coucous

Mon dank y pue la marde, j’l’appelle poupou

La caisse c’t’un jeu d’enfant, gaga gougou

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Moi et eux sommes pas les mêmes c’est des foufous »

Tizzo et Shreez n’arrêtent jamais. Omniprésents dans le rap jeu queb depuis un an et demi, ils trouvent toujours des moyens d’étonner et de divertir grâce à leurs adlibs toujours aussi créatifs et leurs références qui mélangent culture populaire et vie de la rue. Sauf que sur Tuna, c’est leur boy $oft qui vole la vedette, pour moi en tout cas.

L’acolyte des fouetteurs en chef arrive avec un style qui vire presque sur le screamo, avec des références plus absurdes (dans le bon sens) l’une que l’autre. Parce que faire rimer « coucou », « poupou », « gougou » et « foufou » sans perdre mon attention et mon respect, c’est un art que peu de rappeurs maîtrisent. Sauf qu’ici, l’énergie de $oft et l’agencement du beat avec son verse donne un moment complètement… foufou.

Je veux dire, quel rappeur au Québec a des bars comme « mon dank y pue la marde, j’l’appelle poupou? » C’est con et brillant en même temps. Parce que depuis que Tizzo a transformé la puanteur en qualité quand on parle de pot, on reach des nouveaux sommets. Pis pour les gars, ça semble être facile, un jeu d’enfant… gaga gougou. Finalement, c’est beau, le rap québ.

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