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Langue Sale: Nate Husser veut quitter Montréal

Y a-t-il une place pour les rappeurs anglophones dans la Belle Province?

Par
Simon Tousignant
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Pendant que le pays au complet est gayé comme jamais sur le pot fort légal, il y a quand même des chansons qui sortent, et donc des lyrics à analyser. Cette semaine, les rappeurs anglos veulent crisser le camp, et Gaza nous déçoit beaucoup. Genre… beaucoup.

Nate Husser – Oldie

« Leaving my city it’s for the better

If I make it I might not come back ever »

Le débat fait rage depuis longtemps : les rappeurs anglophones de la province doivent-ils s’exporter afin d’avoir une chance de blow up? Pour Nate Husser, la réponse est claire. C’est un débat intéressant, surtout vu la place un peu particulière qu’occupe le rap anglo au Québec. Je vais pas vous faire un cours d’histoire, mais le Québec étant ce qu’il est, l’accent est mis sur les productions culturelles francophones, ce qui n’est finalement pas si mal quand on observe le rap jeu franco foisonnant qui émane de la province en ce moment.

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Par contre, pour les artistes qui désirent s’exprimer en anglais, ça devient plus compliqué. Si certains comme Mike Shabb ou Kevin Na$h ont réussi à se faire connaître sur la scène francophone, la majorité des meilleurs rappeurs anglos d’ici restent peu connus comparés à leurs confrères francos.

So, il faudrait bounce, s’en aller, pour pouvoir percer en anglais? Montréal ne serait pas capable de lancer la carrière d’un artiste anglophone comme Toronto a pu le faire avec Drake? J’aurais tendance à dire bullshit à ça, parce que plein d’artistes anglos provenant d’autres styles musicaux ont réussi à percer à partir de Montréal. Pis anyway, avec Internet, si ton shit est bon, et que ça pogne, tu peux venir de n’importe où. Views rule the world.

Alors, Nate, ne nous quitte pas. En tout cas, pas pour toujours, parce que sinon on va être pognés juste avec des gars qui ont des accents épouvantables et qui rappent avec leur anglais de secondaire 5… à 29 ans.

Waahli feat Lou Piensa – FLY LIFE

« I’mma pass on the food tray tonight

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Already spent 20 bones on a burger before the flight »

Parlant de rappeurs anglos qui veulent partir, on retrouve ici les vétérans Waahli et Lou Piensa, deux membres du fameux crew Nomadic Massive, pour une ode à la vie de tournée. Sauf qu’au contraire de Nate Husser, les gars sont toujours down de revenir à Montréal à la fin de la journée.

Entre anecdotes de tournée, freestyle impromptu sur le guacamole et autres déconnades de voyage, on a droit à un portrait nice du lifestyle sur la route. Même si les paroles sont très légères, on a quand même droit à un bon knowledge de Lou Piensa sur la bouffe d’aéroport overpriced. Parce que si le hustle des cinémas qui vend des petites liqueurs pour 17 $ est bien connu, les vrais hustlers, c’est les aéroports. Tu pars en voyage pis tu finis par acheter un burger fast food qui te coûte le prix d’un steak. Un peu le même feeling que quand j’ai acheté le dernier album de Koriass (joke je l’ai pas acheté).

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Sinon, je pense que même si le genre et l’intention sont complètement différents, peut-être que Husser pourrait s’inspirer de leur lifestyle.

Gaza feat Loussa – Y’a R

« Te soucies pas de qui est qui, te soucies pas de qui fait quoi

J’traite pas ma bitch comme une reine, mais j’traite mes clients comme des rois »

C’est dommage, parce que jusqu’à la dernière ligne de la chanson, j’étais quand même down. C’est pas la track du siècle, mais les gars ont faim, et l’énergie est on point. Apparu un peu de nulle part grâce à sa présence au Rentre dans le cercle de Sofiane tourné à Québec, Loussa continue à faire parler de lui avec ce nouveau track. Il vient d’ailleurs de sortir Babylone, son premier album.

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Par contre, c’est la ligne ci-haut de Gaza qui pose problème. Ce que je trouve dommage, c’est que non seulement il traite sa girl moins bien que ses clients, mais surtout, elle ne sert que de comparatif au traitement que reçoivent lesdits clients. C’est weak, et surtout, c’est même pas convaincant comme argument de vente. Parce qu’à part le président des États-Unis, le monde qui traitent pas leurs femmes comme des reines, ils perdent leur job.

Tsé, c’est le même genre de pitch que ce que Kanye West a fait avec son projet d’avions collab Maison Blanche x Apple quand il a visité Trump pour parl… crier un monologue de 20 minutes sans queue ni tête. C’est louche et teinté de mauvaises intentions.

Pis au final, comme pour d’autres avant lui, l’image qu’il donne de son traitement de la femme ne donne pas envie de sympathiser avec sa musique.