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Langue Sale: Maky Lavender à la recherche du cheese

Une analyse des nouveaux verses de la semaine.

Par
Simon Tousignant
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Cette semaine à Langue Sale, on parle de cheese avec Maky Lavender et JT Soul, on explore le slang unique de Maybe Watson et on souligne la saleté d’Alkpote.

Maky Lavender & JT Soul – Cheese

«I’m a mice when it comes to the money

Got my pocket’s own trap and I’m looking for the cheese»

Ça fait déjà plusieurs fois que je vous parle de Maky Lavender, qui est en train de s’établir comme une des valeurs sûres du rap queb anglo des prochaines années. Il est de retour avec Cheese, une collaboration avec JT Soul qui annonce l’album à venir du rappeur de l’étiquette Ghost Club Records.

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On sent que le produit est travaillé à fond, autant dans le son que dans la préparation de sa sortie. Il faut dire, le game anglo est très difficile à faire résonner au Québec et si on croit réellement en son produit, la seule vraie façon de le faire fonctionner est d’arriver avec quelque chose de concret à 100%, avec la préparation nécessaire, mais pas seulement. Ne vous demandez d’ailleurs pas pourquoi on n’entend pas trop parler de Zach Zoya en ce moment. Une carrière internationale, ça se prépare.

De retour à Maky et JT, qui présentent ici un beau banger à la sauce DJ Mustard produit par Bougo, le DJ de Zach Zoya (et donc de Maky par la bande, puisqu’il accompagne le prodige de 7ième Ciel en concert). On est définitivement dans l’univers de Maky où les lyrics ne changeront pas votre vie, mais vous feront bien rire et peut-être même danser. Le rappeur du West Island possède cette capacité de créer des bars qui causent des réactions malgré leur simplicité apparente.

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C’est le cas dans le refrain, alors que Maky clame son amour de l’argent. Tout est dans l’attitude, dans le débit et la voix. Pourtant, quand on écoute bien le refrain, on remarque que le MC est tout de même allé faire une comparaison adroite entre le fromage et les trappes à souris qui vient rehausser la qualité d’écriture en plus d’appuyer la thématique de la chanson.

On peut également compter sur un JT Soul en force qui vient ajouter sa voix grave au track pour donner juste ce qu’il faut de variance entre les deux couplets. On se retrouve donc avec une chanson que je risque de beaucoup écouter en marchant dans les rues de Montréal. Si vous me voyez Diddy Bop sur la Promenade Masson, c’est probablement parce que je suis en train d’écouter Cheese.

Maybe Watson – Money Spend Me

«Rentre dans place comme god damn yé ou le dank

Fume du Michelangelo la tortue ou le peintre»

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Le seul et unique Produit Laitier aka Maybe Watson aka Pokemon God a finalement sorti son plus récent album, Enter the Dance, vendredi dernier. Fidèle à lui-même, le rappeur de Saint-Laurent étale son knowledge sur les 11 chansons, sur fond de trap, produites par le binôme Claude Bégin/Fruits. Ça laisse parfois place aux premières amours boom-bap du MC membre d’Alaclair Ensemble, à qui j’envoie d’ailleurs une salutation distinguée pour leur victoire au dernier gala de l’ADISQ.

L’univers de Maybe Wats n’est pas le plus facile à décortiquer à la première écoute d’un album. Les références obscures défilent à un rythme effréné, notamment sur Pablo Meza, alors que s’entrecroisent des mentions de rappeurs underground du début 2000 et des joueurs professionnels du jeu de cartes Pokemon. C’est deep, mais tellement rafraîchissant dans un paysage rap où les gens s’efforcent de proposer les références les plus accessibles possible afin de toucher un public large.

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Pas de ça pour Wats qui mélange tout, au risque de proposer un rap pas toujours facile à comprendre, surtout pour les néophytes du rap. Mais pour les gars comme moi, Enter the Dance, c’est comme u coffre aux trésors où chaque recoin peut cacher un nouveau gem. Puis, un peu comme Maky Lavender plus haut, c’est les choses les plus simples qui font réagir. Dans Money Spend Me, on a droit à questionnement lorsque le rappeur parle de son pot, puisqu’il n’est pas certain si le Michelangelo qu’il fume tire son nom du peintre ou de la tortue ninja. C’est le genre de questionnement dont j’ignorais avoir besoin dans ma vie. Sauf que depuis que Maybe Watson a soulevé le point, je ne suis plus sûr de rien.

Alkpote – Aigle

«J’mange du fromage qui pue, avec l’attitude

J’essaye d’être assidu, j’ai toujours la bite »

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L’Empereur du Sale arrive avec Aigle, nouveau single de son album Monument qui verra le jour le 8 novembre prochain. Après Amour avec Philippe Katerine et Nautilus avec Kaaris, on a finalement droit à une chanson solo d’Alkpote dans laquelle on redécouvre le rappeur le plus sale de France.

Avec son refrain autotuné, Aigle surprend puisqu’on n’a pas l’habitude d’entendre le rappeur au crâne reluisant faire dans la mélodie. Le résultat est agréable et offre un répit de la crasse qui remplit ses couplets. Parlant de couplets, il est surprenant de voir à quel point Alkpote arrive à renouveler ses rimes et ses figures de style malgré la grande faiblesse de son champ lexical qui est composé quasi exclusivement de références sexuelles. Pourtant, son écriture multisyllabique est toujours aussi solide, alors que fidèle à son statut social, le rappeur se tient bien loin des rimes pauvres. Surtout, faire rimer «fromage qui pue» «attitude» et «la bite dure», c’est très fort.

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Vu la pochette de Monument, on ne peut que s’attendre à plus de sale de la part d’Alkpote, et je m’en réjouis. Il faut voir sa musique comme un film d’horreur bien gore dont on apprécie (ou pas) le sang et la violence. C’est la même chose pour l’approche d’Alk. Ça peut être troublant, insultant, mais pris comme une expérience, on en ressort grandi (comme le membre du rappeur).

SHOUTOUTS

Salutations à DeusGod qui revient avec Parklane Freestyle, un nouveau track proche des inspirations de Memphis du rappeur de la Rive-Sud de Montréal. C’est sale, ça donne envie de se pitcher contre d’autres humains et de casser des murs, et c’est parfait comme ça.

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