Cette semaine, on célèbre la connection bilingue entre Maky Lavender et FouKi, on part en jet privé avec Lary Kidd et Loud et on termine en force avec les bars de fou d’Obia le Chef.
Maky Lavender – Tik Tok feat FouKi
“Oh no! I became a threat
Gave a fuck about myself and got myself a cheque”
Je ne l’ai jamais caché, Maky Lavender est un de mes rappeurs préférés de la relève anglo et le poulain de l’écurie Ghost Club Records semble préparer de grosses choses pour son album qu’il tease depuis un moment. Signe de son ambition, on le retrouve ici en featuring avec FouKi qui vient poser un verse qui oscille entre un flow assez sec et des mélodies chantées dont le rappeur a le secret.
Produit par El Bougo, le DJ de Zach Zoya et donc également beatmaker talentueux, Tik Tok ramène au goût du jour les collaborations anglais-français. Clairement, le rap queb francophone domine la scène montréalaise depuis plusieurs années, mais il est important de continuer à faire vivre la scène anglophone. Pour ça, pas de meilleure façon que de créer des connections entre les rappeurs quebs du moment et leurs collègues anglos comme c’est le cas ici.
C’est que les rappeurs anglophones du Québec ne l’ont pas facile. C’est certain que dans un endroit aux enjeux aussi uniques que le Québec, le contenu francophone sera toujours mis de l’avant. La raison est simple: pour la majorité des artistes d’ici, le sommet a atteindre se situe au Québec, à moins de faire de la musique assez accessible pour la France. On est donc aux prises avec une industrie qui doit être autosuffisante, ce qui crée une forme de protectorat culturel qui bloque souvent les artistes anglophones d’ici. Eux qui, en théorie, peuvent avoir des visées internationales beaucoup plus larges que les musiciens francophones.
Certains exrpiment souvent leur mécontentement sur les réseaux. L’ironie, c’est que la majorité de ceux-çi sont francophones à la base. Alors, en toute connaissance de cause, dans une province qui parle français au milieu d’une marée anglophone, il ne faut pas se surprendre de recevoir moins de shine. Dans ce cas, faites comme Maky Lavender: entourez-vous bien (Les Louanges, FouKi, etc.), ayez une personnalité qui convainc tout le monde et faites de la musique qui peut reach un public large et surtout, bilingue. Ça, ou soyez le meilleur rappeur du game. Sinon, c’est trop facile de perdre au jeu, et un peu ridicule de s’en plaindre.
Lary Kidd – Sac de sport feat Loud
“D’abord j’paie mon loyer, ensuite j’paie les loyaux
Ensuite mon propre salaire, celui de l’imprésario
C’est comme ça qu’on tient la prospérité dans le royaume
Rira bien qui rira jaune comme mon maillot-aillot-ah”
Le duo préféré du rap queb est réuni à nouveau le temps de Sac de sport, un des highlights du nouvel album de Lary Kidd, Surhomme. Pour célébrer cette réunion, les deux acolytes sont partis à New York en jet privé le temps de tourner un clip simple mais extrêmement léché. On y retrouve également des images du lancement survolté de Lary Kidd aux Foufounes électriques le 15 novembre dernier. Loud n’était pas annoncé et est sorti sur scène juste au moment de son couplet devant une foule devenue complètement hystérique face à l’apparition du rappeur à la commandite Reebok et Hennessy.
D’ailleurs, mention spéciale à Loud pour sa référence au maillot jaune, symbole du leader au Tour de France. C’est pas les bars les plus accessibles, et c’est agréable de voir le rappeur le plus populaire des dernières années continuer a y aller de références poussées alors que son public s’élargit considérablement. Comme il le mentionne aussi dans la citation plus haut, il s’occupe bien de ses loyaux, comme Lary Kidd qui est toujours à ses côtés et qui shine lui aussi plus que jamais.
Alors que la décennie achève, les deux rappeurs – sans oublier Ajust – pourront se targuer d’avoir défini l’évolution de la scène du début à la fin des années 2010. De Gullywood à Surhomme, le parcours et la progression sont impressionnants, et l’équipe semble toujours aussi tight malgré la fin de LLA il y a quelques années. De quoi se payer un petit trip à New York en jet privé pour célébrer une décennie d’hégémonie sur le rap jeu.
Obia le Chef – Dombo
“Je roule un zip, pas de fermeture éclair
Tu veux rapporter ton angle, personne est care”
Toujours un peu sous-apprécié, Obia le Chef poursuit tout de même son parcours de héro de l’underground, au son sans compromis et aux références toujours aussi next level. Sur Dombo, il arrive avec un flow totalement nouveau sur une production de haut niveau de VNCE CARTER. À mi-chemin entre le flow d’un Jeune Loup et celui d’un Xanman, Obia arrive avec une avalanche de bars qui multiplient les doubles et triples sens.
Par exemple, la citation que j’ai choisie où Obia joue avec les mots comme peu de rappeurs quebs savent le faire. Dans le slang du Chef, un zip, c’est une once de weed – sauf que ça peut aussi être une fermeture éclair, alors Obia s’assure de clarifier. Ensuite, on retombe dans notre cours de maths du secondaire. Ce que le rappeur dit, c’est que même si tu veux donner ton avis, tout le monde s’en fout. Quand tu t’en fous, tu es pas care. Si personne est care, tout le monde s’en fout donc. Puis là, tu relis, puis tu vois rapporter ton angle et est care… Rapporteur d’angle, équerre… emoji de tête qui explose. Très fort.
SHOUTOUTS
Le rap queb est en forme cette semaine, avec une multitude d’autres sorties qui méritent d’étre soulignées. D’abord, le premier album très réussi de Raccoon City, un des jeunes rappeurs les plus prometteurs découverts cette année. Il a fait paraître le clip pour la chanson Comparer lors de la sortie de l’album.
Il y a aussi le gatinois D-Track qui surprend avec un remix pour sa chanson OK, parue sur son dernier album Dieu est un Yankee. Se croisent ici Sam Faye, Eman, Vendou, Sarahmée et Mindflip pour un all-star remix.
Finalement, mention d’honneur pour le trap souriant du duo dope.gng qui fait de plus en plus parler de lui. Le groupe propose ici son DROGUE CHALET FREESTYLE, c’est chaud.
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