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Langue Sale: faire son shift et rester positif

Une analyse des meilleurs et pires verses de la semaine.

Par
Simon Tousignant
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Cette semaine dans Langue Sale, on rend hommage au travail dur, honnête et payant.

Tizzo x Shreez — Bourriqué

« J’te prête mes shoes, tu portes du 10 1\2 aussi

Mais c’est fucked up, tu rentreras pas dedans

T’as étudié, fait du 9-à-5, maintenant t’as un métier?

T’as bourriqué autant! »

Tizzo x Shreez sont back avec Fouette St-Patrick, nouvelle tape saisonnière qui vient encore une fois élever le niveau des deux acolytes. Les gars sont au sommet de leur art et les beatmakers assurent encore une fois des bangers, mais aussi des vibes plus tranquilles qui permettent aux rappeurs d’explorer des ambiances différentes. Les flows sont variés et on sent que Tizzo et Shreez maîtrisent désormais complètement leur élément.

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Sur Bourriqué, j’aime beaucoup l’ouverture exprimée par Tizzo. Généralement dans le rap, on a droit à des discours sur le grind, sur le fait que personne ne peut travailler aussi fort que le rappeur qui relate ces paroles. Ça fait partie de l’egotrip classique du genre, mais un moment donné, c’est cool de dépasser les idées traditionnelles.

Alors ici, on a droit à une leçon d’humilité de la part de Tizzo. Parce que si personne ne peut rapper comme lui, ou vivre sa vie, il reconnaît toutefois que la vie peut être rough pour tous, et que de la même façon dont il a réussi à devenir une star du rap québ, on peut également réussir si on travaille assez fort.

Moi j’ai étudié, j’ai fait du 9-à-5 et maintenant, je suis chroniqueur pour URBANIA Musique. Je vais continuer à travailler fort.

Fouki — Positif

« Faut mettre les efforts, yeah han

J’mets l’chapeau d’Gordie Howe, yeah han »

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Le jeune FouKi est back avec Positif, le premier single de son album ZayZay qui sera disponible le 3 mai prochain. Le vibe est agréable, relax et décomplexé. On sent un FouKi qui cherche de plus en plus à imposer sa personnalité, peut-être question de dépasser un peu l’image du jeune poteux qu’il s’est donné avec Gayé. C’est définitivement réussi, alors que le rappeur du Plateau Hess s’impose comme un exemple de positivité même dans les pires mésaventures.

J’aime beaucoup la référence au « Gordie Howe hat-trick », une expression décrivant un joueur de hockey qui, dans le même match, réussit un but, une passe et se bat contre un adversaire — ce que le légendaire Gordie Howe a fait à répétition. En gros, ce que je pense que FouKi essaie de dire, c’est qu’il va faire ce qu’il faut pour que ça fonctionne pour lui, peu importe s’il doit scorer (faire des hits), faire des passes ‘sua palette (des feats avec ses boys) ou même se battre avec des haters et/ou des fans en liesse (j’ai rencontré pas mal plus du deuxième type que du premier, et ils sont dangereux for real).

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Un peu comme Tizzo, c’est une bonne manière d’illustrer la motivation nécessaire à accomplir le dur labeur du rap sans se montrer hautain face à ses fans. Le beat de QuietMike sied comme d’habitude à merveille le flow chantonné de FouKi, et le sample m’est resté dans la tête longtemps après ma première écoute.

On attend ZayZay avec impatience. D’ici là, on va rester positif, même si on marche dans des flaques d’eau dans un clip qui est un peu le même que celui d’une des chanteuses francophones les plus populaires en 2018.

Benny Adam — La Barquetterie Ep 7 : Fais ton shift (feat. Rymz, David Lee, Obia Le Chef, Tizzo & MB)

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« Pardonne-moi, fuck ‘em all nous contre le monde

Colourblind – billets bruns, le kush est mauve »

Grosse initiative du producteur-chanteur-rappeur Benny Adam, qui partage son temps et ses connections entre le Québec et l’Europe. Il réunit ici plusieurs gros noms de la scène rap queb le temps d’un morceau un peu éclaté, un peu inégal, mais super bien réalisé et dont le clip rend l’écoute très ludique et agréable.

C’est un retour en force pour Rymz qui arrive selon moi avec le meilleur verse de la chanson. Au contraire des autres rappeurs, on sent une réelle réflexion derrière le couplet, ou du moins une profondeur supplémentaire aux autres. Puis, une petite punchline de daltonien pour élever le niveau, ça fait toujours plaisir.

Sinon, le reste de la chanson fait très « petits verses rapides pour le posse cut de notre boy », ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, mais qui fait que le niveau est un peu en montagne russe. Cependant, la production signée Realmind et Benny Adam est soignée et les harmonies de ce dernier en fin de chanson sont excellentes et viennent bien clore le tout.

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Par contre, en toute franchise, si Joy Ride compte sur David Lee pour takeover le rap anglo comme ils l’ont fait avec Loud et Rymz du côté franco, ça risque d’être dur de rester… positif.