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Langue Sale : Don Bruce finit le jeu IZI

Une analyse des nouveaux verses de la semaine.

Par
Simon Tousignant
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Cette semaine, on se penche sur la formule de Don Bruce, Tizzo et son crew nous expliquent leur slang et finalement, Tony Stone et Lou Phelps restent fidèles à leurs origines haïtiennes en prouvant que l’union fait la force.

Don Bruce — IZI

« Tout le crew flex au quart de tour, le grind est long faut voir le bout

J’ai tous les miens dans mon back pis sont tous prêts à rendre les coups »

Premier single pour Don Bruce, membre en règle de La Fourmilière, le crew dont FouKi ainsi que les membres de LaF et l’Amalgame font partie. Nouvel arrivant dans le rap jeu, le Don s’inscrit comme étant le membre le plus charismatique du collectif, après le roi du Zay. Don Bruce, lui, est plutôt le prince du ghetto. Plusieurs l’ont découvert sur le single Purp de St-Mich de La Fourmilière. Il était également de la partie lors du show de FouKi aux Francos où on a pu l’entendre performer L’hymne du ghetto, un genre d’hymne national de Rosemont propre aux Fourmis.

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Sur Izi, il se présente donc formellement et le jeune rappeur rosemontois laisse une belle impression. Plus axé sur des influences street rap que ses collègues, le Don n’a pas besoin de grand chose pour « finir le jeu » : du haschich de Libye, un banger de Mimi (silencieux) et voilà, le tour est joué.

C’est pas loin de la vérité, finalement. Le rappeur à la voix grave mélange habilement humour et street shit en se positionnant avec un style qu’on n’a pas vraiment entendu sortir de son crew jusqu’à présent. Sa voix de ténor reste en tête, et si on ressent encore un léger manque de maîtrise sur certaines passes de flow et de changements de voix, le potentiel est clair.

Alors, attention à ceux qui voudraient se mettre dans le chemin de Don Bruce : il finit le jeu izi, pis ses amis rendent les coups.

Tizzo x Shreez x $oft x Ice — Ma Moune

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« Ok, le micro c’est mon best, marijane c’est ma brette

Je l’embrasse, j’ai frette, pas d’résine sur mes lèvres

Marie-Mai c’est de la neige, la neige c’est d’la poudre

Si j’me mets à fouetter, une fois séchée c’est du food »

Les gars de Canicule Records ne s’arrêtent donc jamais. Le crew de Tizzo et Shreez est de retour avec Canicule Vol. 1, un nouveau tape qui fait suite à Fouette St-Patrick sorti en mars. Cette fois, c’est tout le collectif qui est mis de l’avant alors qu’on découvre des rappeurs comme Ice ou WM (White Migz). Il y a même une grosse collab avec High Klassified sur Meme.

Sur Ma moune, on a droit à une leçon de slang de la part des fouetteurs. Le refrain de Tizzo me rappelle beaucoup la chanson Ebonics de Big L où le rappeur de Harlem expliquait toutes les expressions qu’il utilisait dans ses tounes. C’est le même concept ici, alors que le gagnant de la chanson de l’année SOCAN nous break down son argot : le micro, c’est son meilleur ami; le weed, son compagnon; Marie-Mai, de la coke qui une fois fouettée, permet de nourrir Tizzo et les siens.

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Ce slang, c’est une grosse partie du succès de Tizzo et les siens. Il y a quelque chose de typiquement queb dans sa façon de rapper, et le mélange des influences québécoises et du créole donnent des expressions mémorables qui marquent les esprits.

J’ai bien hâte de voir la trajectoire que Tizzo et Shreez vont prendre dans la prochaine année. Annoncés avec insistance du côté de Joyride Records, il est temps pour les gars de travailler sur de vrais albums, question de capitaliser sur l’élan qu’ils ont dans l’industrie depuis quelques mois.

Lou Phelps x Tony Stone — Cinnamon Toast

« Tony my main competition

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If you can’t beat ‘em, then you gotta join ‘em »

En voyant la publication Instagram qui annonçait la sortie de Cinnamon Toast, je me suis dit que j’étais dans la merde : je devais parler de Tony Stone deux semaines de suite. Rendu là, autant changer le nom de la chronique pour « Les faits saillants hebdomadaires de Tony Stone ». C’est que le gars n’arrête plus. Lui à qui on reprochait de ne pas être assez productif, est désormais solidement installé sur la map et se démarque à chaque apparition.

Puis, le duo Stone et Lou Phelps, c’est clairement une combinaison gagnante. Déjà omniprésent dans les back vocals de 002/Love Me, le membre de Planet Giza — qui ont d’ailleurs donné un show d’exception au Festival de jazz la semaine dernière — se joint à nouveau à Phelps pour une autre track aussi smooth que dope.

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Ce que j’aime dans cette collab, c’est l’esprit rassembleur de Lou Phelps. Entouré des plus grands artistes du moment, il décide tout de même de put on Stone qui déborde de talent malgré son anonymat relatif. C’est que le raisonnement de Phelps est clair : si on ne peut pas le battre, autant le joindre. On est donc au moins deux qui reconnaissent que Tony Stone est actuellement un des meilleurs rappeurs du jeu. Merci Pipo.

Dans un game où l’égo est de mise, et où les rappeurs n’ont pas le compliment facile, surtout lors d’une collaboration sur une même chanson, c’est rafraîchissant d’entendre Lou Phelps encenser son boy comme ça. C’est aussi une belle vitrine locale pour les deux boys qui jouissent mutuellement de ces collaborations à répétitions.

Mine de rien, la scène anglo de Montréal se réveille tranquillement. On ne pourra jamais comparer avec l’engouement envers le rap queb, mais le talent est là, et il suffit que d’une personne pour que les portes s’ouvrent à l’international. De ce côté, les prétendant.e.s ne manquent pas : Tony Stone, Lou Phelps, Zach Zoya, Mike Shabb, Kevin Na$h, Naya Ali, Nate Husser, Busy Nasa, Deus God, Speng Squire, Ceas Rock, etc. À qui la chance?

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