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Je ne suis pas assez occupée, ces temps-ci. Alors, je me perds dans les méandres d’Internet en espérant y comprendre la vie. Saviez-vous qu’il est possible de rendre amoureuses deux personnes grâce à une expérience en laboratoire?
Un psychologue aurait développé il y a une vingtaine d’années une méthode qui permet de rendre deux étrangers amoureux l’un de l’autre. Allez jeter un coup d’œil à ce lien. Pour ceux qui se disent “j’ai trouvé mon âme sœur”, “sans lui-elle, je ne serais rien” et autres “on s’est sûrement connus dans une autre vie”, mettons que ça change un peu la perspective.
Tout ça a beau être captivant, ça ne répond pas à la question qui me hante le plus ces temps-ci : “c’est quoi, l’amour?” Alors, je continue mes recherches gougouliennes sur les études scientifiques en lien avec le sentiment amoureux. C’est passionnant. On trouve toutefois surtout des articles sur ce qui se passe dans notre cerveau lorsque se déclenche une attirance physique pour quelqu’un, avec les célèbres phéromones. Aussi, sur l’action d’autres hormones, l’ocytocine par exemple, dans la création de liens d’attachement.
Bon. Intéressant. Mais être amoureux, est-ce que c’est juste ça? D’abord être excité, puis ensuite, s’attacher? Je sais pas vous, mais moi, plus je vieillis, moins je comprends ce que ça signifie “être amoureux”. Peut-être que c’est tout simplement parce que je ne désire plus me reproduire – avant, mon désir de prolonger mon patrimoine génétique me faisait sauter par-dessus ces questions.
J’ai l’impression que ce qui était évident à 20 ans est devenu une des questions les plus complexes pour moi en ce moment – OK, il y a aussi celle-ci : pourquoi les dégâts d’eau, j’en avais jamais avant d’être propriétaire, et maintenant, c’est environ un par année, mais bon, c’est pas un sujet qui m’inspire trop trop pour un billet.
Oublions les dégâts d’eau, et revenons à l’amour, qui peut faire bien des dégâts aussi… Les relations, les rencontres, ça, les RoseMomz, on en a déjà parlé ici, beaucoup, cette espèce d’affaire qui ne se commande pas, pour laquelle il n’existe pas de bouton ON – OFF. Du moins, moi, j’en ai pas, c’est clair. Sinon, je choisirais de ne plus être attirée par des gars en couple.
Peu importe, prenons un exemple où l’attirance physique est clairement de la partie. Disons aussi que le gars est intéressant, un peu drôle, qu’il a des opinions, des intérêts qui fittent avec les nôtres. C’est quoi qui fait qu’on choisit d’appeler ce qu’on ressent pour l’autre de l’amour? Qu’est-ce qui fait qu’on peut avoir des fuck friend, donc ça sous-entend qu’on ressent au moins de l’amitié pour cette personne, alors que d’autres fois, on choisit (le choisit-on vraiment?) de se dire en amour?
Pour moi, en ce moment, l’amour, c’est des éclats, des instantanés, des flashes. Je pourrais dire que j’ai de moments amoureux. Quand on se regarde dans les yeux et que les défenses lâchent. Quand on oublie son regard sur soi parce que ce que l’autre nous renvoie est si beau. Quand un petit mot reçu dans un moment difficile fait éclater de rire et tout oublier. Quand on fait l’amour et que tout s’enchaîne parfaitement. Toutes ces petites explosions. J’ai l’amour stroboscopique.
En fait, je crois que les gens qui se considèrent amoureux prennent les petites planètes formées par ces explosions et les relient entre elles pour former le dessin d’un cœur. Comme les humains ont inventé les constellations à partir d’étoiles parsemées dans le ciel.
Moi, quand je regarde le ciel, je vois des étoiles séparées entre elles par des milliards d’années-lumière. Peut-être que c’est hormonal, lié à mon âge, comme je disais plus tôt? Ou alors que j’ai la guérison plus lente que d’autres. Que ma peur du désamour, pour l’avoir connu rien qu’en masse, m’a en quelque sorte vaccinée. C’est vraiment lette, non, l’amour qui se décompose? La lassitude, l’habitude, la paresse, les rancœurs accumulées. Quand on calcule tout ce qu’on donne versus ce qu’on reçoit. J’espère quand même que le vaccin n’a pas une durée de protection trop longue.
Je regarde autour de moi, et je vois des tas de couples séparés où, en moins de temps qu’il ne faut pour crier “déshabille-moi”, les deux anciens amoureux se sont reconstruit une nouvelle relation, chacun de son bord. Et hop, on resaute dedans à pieds joints.
Moi, des fois, j’ai l’impression d’être un escargot, de ne pas aller à la même vitesse que le reste du monde, d’être sur la voie d’accotement et de ne même pas oser envisager de monter sur l’autoroute. D’avoir l’équivalent d’un pont Champlain à reconstruire, avec poste de péage pis toutte.
Si seulement le printemps pouvait arriver. Me semble que de terrasse en terrasse, de jogging sur la montagne en balade en vélo, je n’aurais pas autant de temps pour me scruter le fond de l’œil et examiner mon reflet apeuré dans le miroir de la salle de bain.