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L’Américain qui voulait libérer le Québec

Par
Philippe Meilleur
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Ce texte est extrait du Spécial ANGLOS, disponible sur notre boutique en ligne

Un siècle et demi avant le FLQ, un Patriote a mené une insurrection armée pour l’indépendance du Québec. Il s’appelait Robert Nelson… et c’était un maudit Anglais.

Nelson était issu d’une famille loyaliste de la haute société américaine. Son père, probablement riche en tabarnak, avait fui les States après la Révolution américaine pour trouver refuge avec sa famille au Bas-Canada. Il avait payé de belles études à Montréal et à Harvard à ses fils, Wolfred et Robert, ce dernier choisissant la médecine.

Vers la fin de la guerre de 1812 (la préférée de Harper), Robert a été engagé par l’armée en tant que chirurgien, où il s’est mis à «guérir» des blessés de guerre en amputant les membres gangrenés sans aucune autre forme d’anesthésie qu’une bonne shot de fort et possiblement une lanière de cuir pour mordre dedans, tant qu’à faire dans les clichés. Ensuite, le vaillant fils de loyaliste s’est occupé de nombreuses communautés mohawks, bénévolement paraît-il. Auprès d’eux, il a constaté que l’empire britannique n’avait que peu d’égards envers les populations des Premières Nations.

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L’une des personnes les mieux placées pour expliquer la démarche du docteur Nelson est peut-être Ogden, le chanteur d’Alaclair Ensemble. Né à Québec de parents originaires de Sarajevo, l’artiste se reconnaît dans l’histoire de ce Patriote anglophone. « Je n’ai pas de sang québécois et mon identité est multiculturelle, mais je suis souverainiste, dit-il. Pour moi, l’indépendance n’a rien à voir avec une quelconque identité ethnolinguistique. Je me suis senti représenté par ce fils de loyaliste anglophone qui est devenu chef patriote. » Ogden a d’ailleurs un nouveau projet, Les filles du roé, au sein duquel il rappe sous le pseudonyme de Robert Nelson.

Le chanteur estime que le docteur avait des raisons philosophiques pour se joindre au mouvement patriote et devenir un fervent indépendantiste. « Il était très insatisfait du traitement civil des Amérindiens, dit-il. Ce passage chez eux a joué un grand rôle dans la formation de son idéal politique. »

Sauter dans le ring
Encouragé par son frère Wolfred, Robert s’est ainsi lancé en politique en 1827 et a été élu sous la bannière du Parti patriote, dirigé par Louis-Joseph Papineau himself. Il faut ici rappeler que pour les standards de l’époque, les Patriotes étaient plutôt radicaux dans leurs demandes, un peu comme si l’ASSÉ formait l’opposition officielle à l’Assemblée nationale. Ils demandaient un gouvernement responsable, un État républicain, la fin du lien avec la monarchie… Disons que la période de questions au Parlement ne devait pas toujours être élégante.

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À travers tout ça, Robert Nelson se situait lui-même à la gauche du parti : il réclamait notamment la fin du régime seigneurial, ce que Papineau refusait. On sentait déjà que l’anglo était plus radical que son chef. « Il représente ce qu’on pourrait décrire aujourd’hui comme la gauche du Parti patriote », explique Christian Dessureault, historien et professeur à l’Université de Montréal.

Nelson a fini par quitter le Parlement et est retourné pratiquer la médecine pendant un moment. Mais arriva ce qui devait arriver: la rébellion des Patriotes de 1837, celle qui permet maintenant aux jeunes indépendantistes de brandir annuellement un drapeau orné d’un vieux bonhomme armé d’un mousquet et d’une pipe.

C’est là que la guerre a éclaté pour de bon entre Nelson et la Couronne. Le combat était plutôt inégal, en ce sens où la toute nouvelle reine, Victoria, régnait alors telle Athéna sur la moitié de l’univers connu. Le médecin anglais était, disons, loin dans sa liste de priorités. N’empêche que Nelson allait réussir à se faire remarquer.

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L’événement ayant allumé la poudrière Robert Nelson a été son emprisonnement injuste après la bataille de Saint-Denis, que les Patriotes (dont faisait partie Wolfred) avaient gagnée. Coupable par association, il a été foutu en taule où il a, en gros, sauté une coche. « Son arrestation a été la goutte qui a fait déborder le vase, décrit Ogden. Après son emprisonnement, il est parti en mission. » Juste avant d’être libéré pour cause d’être innocent, la légende veut en effet qu’il ait écrit sur le mur de sa cellule : «The English government will remember Robert Nelson

La suite allait démontrer qu’il savait tenir parole.

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