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Je suis un grand fan de choses absurdes. Humour, moments, personnes, lieux, histoires. Ma première réaction face aux choses relevant de ce phénomène est le rire. Depuis quelques temps par contre, l’absurdité qui fait rage dans la crise sociale que nous vivons présentement ne me donne pas du tout envie de rire. C’est plate, j’aime ça rire. Voici 6 exemples de choses qui m’enlèvent le sourire.
Christine St-Pierre
Madame St-Pierre, vous avez osé dire haut et fort que le carré rouge était un symbole qui signifiait la violence et l’intimidation. Malheureusement, vous vous trompez. Il me désole de voir que la personne qui représente mes collègues artistes et moi-même se soit vue aux prises avec un moment de stupidité passagère pourtant facile à éviter. Ouvrez les yeux, patronne des arts et constatez à quel point les gens qui arborent le carré rouge sont majoritairement pacifiques. Venez faire un tour à Montréal aussi et vous découvrirez sans aucun doute que plus souvent qu’autrement, la force non-nécessaire ne vient pas du côté des gens qui affichent de façon légitime le symbole qui signifie la compassion, l’éveil social et l’union contre le mal du moment: votre gouvernement.
Dire que tous les gens qui portent le carré rouge incitent à la violence et à l’intimidation, c’est une généralisation qui relève d’un niveau intellectuel médiocre, ce qui n’est généralement pas souhaitable de la part d’une ministre.
«C’est pire en Syrie»
Fuck oui, c’est pire en Syrie. Selon des experts, ceci constituerait une raison d’arrêter de manifester. Selon ces mêmes experts, les gens qui appuient le mouvement sont des terroristes. Tristement, il s’agit ici d’une logique déficiente. J’aimerais voir ces mêmes experts aller expliquer aux gens de la Syrie qu’une personne manifestant pacifiquement, casserole à la main, est un terroriste. Aux Palestiniens aussi, tant qu’à être dans le coin.
Le concept de terreur est subjectif. Peut-être qu’il en faut moins à une personne pour être terrorisée qu’à une autre. Ce qui justifie (moyennement bien) que certaines personnes crient au terrorisme ces jours-ci, lorsqu’il voient des gens briser des vitrines pendant les manifs. Par contre, quand on est intelligent et qu’on possède un peu d’esprit, on sait faire la part des choses en appliquant des nuances dans ses propos et on ne compare pas une mère de famille tappant sur une casserole à un intégriste religieux se faisant exploser la gueule au beau milieu d’une foule remplie de victimes innocentes.
Le Grand Prix de Montréal
J’adore les voitures dans la vie. Les courses aussi. La F1, particulièrement, depuis que je suis tout petit. Ce qui m’intéresse, c’est la vitesse, les performances des voitures, le talent des pilotes, l’effort généré par ceux-ci. Dans le fond j’aime tout, sauf le cirque commercial un peu cheap qui se greffe autour. Mais je n’ai pas de haine profonde, ça fait «partie de la game». Disons que j’considère pas que c’est l’évènement qui rend le plus hommage aux femmes non plus mais bon, il s’agit d’un autre débat.
Ce qui me donne envie de vomir, c’est le fait qu’on interdise à quiconque portant un carré rouge, l’accès à n’importe quel site ayant un rapport avec la F1 pour le week-end. Tout ça, pour assurer la sécurité du public.
Une société qui dit qu’elle respecte la liberté d’expression, c’est pas ça.
Une société qui se dit ouverte, juste et à l’écoute de ses citoyens, c’est pas ça non plus.
Privatiser un espace public et traiter des gens inoffensifs comme de potentiels terroristes ne devrait pas avoir sa place en 2012.
Montréal, tu fais pitié quand tu te mets à genoux devant des voleurs qui ne paient pas d’impôt (Bernie Ecclestone) pour protéger leurs intérêts.
Pis que j’en vois pas un dire que la sécurité du public est menacée parce que les gros colons qui roulent en débile partout en ville pendant le week-end de la F1 (Je sais, j’habite Montréal depuis 26 ans et chaque année c’est la même chose) sont vraiment plus dangereux qu’une Louison de 56 ans qui porte un carré rouge. Pourtant eux, zéro arrestations et personne ose en parler.
Que dire aussi du réseau de prostitution qu’on a carrément importé pour le week-end qui doit pomper (lol) du cash à en plus finir et ce devant les yeux de tout l’monde ? Pas d’arrestation, pas de fouille, pas d’enquête, ben non. Le jeune Mathieu, 19 ans, 120 livres mouillé, lui, porte un carré rouge. Associons-le rapidement à la terreur.
J’aimerais ça que notre prochain Maire se traîne une paire de couilles pour la mettre une fois de temps en temps, ça ferait du bien.
Laurent Proulx
Laurent Proulx s’est battu contre la grève étudiante et a eu le courage d’aller devant les tribunaux afin d’avoir un ordre de la cour lui permettant d’assister à un de ses cours. Le tout sous prétexte que pour lui, il était primordial d’avoir accès à l’éducation pour laquelle il avait déboursé de l’argent. Légalement, ça passe. Moralement, pas pour moi, j’regrette.
Le comble, c’est qu’il ait dû annuler son cours par manque de temps. Il préférait accorder plus de temps au travail, pour pouvoir faire de l’argent, pour payer ses trucs, comme ses études et aussi au MÉSRQ à titre de porte-parole. Chose tout à fait légitime.
Le gars a droit à ses opinions, il a droit de faire les choix qu’il veut et je le respecte mais hey, Laurent, imagine un Québec sans la hausse où l’éducation est réellement accessible à tous. Vois-tu à quel point t’es pas obligé de lâcher de cours parce que tu dois travailler ? Pense à ça et écris-moi, si tu veux, ça va m’faire plaisir de jaser amicalement.
Richard Martineau
T’as comparé le mouvement étudiant aux actes de Luka Rocco Magnotta.
J’sais pas quoi rajouter mais je veux que tu saches que présentement je suis debout sur mon bureau d’ordi à t’applaudir et à faire des offrandes à une statue que j’ai sculptée en ton honneur parce que ta comparaison est majestueusement ridicule. Genre plus qu’un cygne blanc qui déploie ses ailes en faisant l’amour à une demande en mariage multi-ethnique. Ça c’est fucking majestueux, dude.
La majorité silencieuse
Ce groupe de gens, qui n’ont ni voix ni visage, à qui ont prête des intentions parfois. Comme par exemple «C’est ce que pense la majorité silencieuse», «La majorité silencieuse croit que…», «La majorité silencieuse a parlé».
Ben non. La majorité silencieuse c’est rien. C’est du vent. C’est un argument merdique qui arrive au moment où on a plus rien à dire d’intelligent ou de concret. La majorité silencieuse, ce sont les gens qui profitent des avantages gagnés lors de batailles livrées par une minorité contre «l’establishment». Comme des vautours qui attendent de se régaler d’un festin que des lions ont durement chassé par un soleil de plomb pendant des heures. Mais on s’en fout, on le fait aussi pour vous. Vous nous remercierez demain.
La majorité silencieuse, c’est comme la loi spéciale, on s’en calice.
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Ce qui me réjouit, c’est de voir les gens prendre position, parler, échanger, discuter. Autant d’un côté comme de l’autre. On oppose des idées, on essaie d’aller à quelquepart de plus intéressant que maintenant et c’est joli.
Ce qui me garde optimiste face au conflit, aussi, c’est qu’au lieu d’opposer les rouges et les verts, dans ma tête, je préfère les imaginer dans le même bateau, en train de ramer dans tous les sens de toutes leurs forces pour échapper à la tempête libérale prête à s’abattre sur leurs têtes.
C’est un peu hippie, j’le sais. Mais c’est la faute de mon père. J’suis sûr que s’il m’avait inscrit au hockey j’aurais été moins tapette.