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La vraie-fausse puissance des cartels de la drogue mexicains

Pourquoi les narcos sont les vaches à lait des banquiers et des politiques

Par
Robin D'Angelo / STREETPRESS
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Jean Rivelois est le spécialiste français des cartels mexicains. Et quand on lui demande si les narcos ont pris le pouvoir au Mexique : il nous envoie bouler. “Ça c’est bon pour Hollywood.”

Texte tiré du site de notre partenaire StreetPress.

Novembre 2009 : Forbes publie son classement annuel des 100 personnes les plus puissantes dans le monde. Stupeur dans l’opinion publique, le chef de cartel mexicain, Joaquin Guzman dit “El Chapo” (Le Petit), arrive en 41e position. Devant Nicolas Sarkozy et le président du Mexique, Felipe Calderon. Foutaises pour Jean Rivelois : “Il faut lire un bon roman policier plutôt que les classements de Forbes.”

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D’après l’auteur de Drogue et Pouvoir: du Mexique au Paradis, les narco-trafiquants sont des “victimes du système” qui se trouvent en bas de la pyramide. Derrière les banquiers et les politiques. Jean Rivelois est professeur à l’Institut des Hautes Études d’Amérique Latine (IHEAL). Il revient sur l’exemple mexicain et les mythes qui entourent ses narco-trafiquants.

1- Les cartels pèsent moins de 2% de l’économie mexicaine

Premier mythe : la puissance économique des narco-trafiquants. Au Mexique, la drogue serait en chiffre d’affaire le deuxième secteur économique, après le pétrole. C’est la revue Challenges qui le dit dans un article daté de mars 2009. “Il ne faut jamais dire des choses pareilles ! Vous stigmatisez, tout un pays, toute une économie, ce qui n’est pas du tout le cas”, répond Jean Rivelois.

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Le magazine économique reprend aussi un chercheur de l’Université Autonome de Mexico (UAM), qui affirme que “le narco est partout”, depuis le BTP jusqu’aux “pharmacies”. On parle de 80% des secteurs de l’économie mexicaine infiltrés par l’argent sale.

Le spécialiste français commence à s’énerver, “Mais non ! Au Mexique la majorité des secteurs économiques ne dépendent pas de l’économie de la drogue ! On considère souvent que la drogue représente entre 2% et 10% de l’économie mondiale. C’est beaucoup plus proche des 2% que des 10%. Et c’est sans doute inférieur à 2%, même dans le cas du Mexique !”

“On laisse au narco de quoi payer ses prostituées mais ça ne représente rien à coté de l’argent total qu’il génère,”

2- Les cartels ont un pouvoir local

Alors il n’y a presque pas de drogue au Mexique ? Et les narco-trafiquants ne sont en fait que de vulgaires petits dealers ? Évidement non, mais parler de “narco-état” est complétement hors-sujet. “Une étude globale ne sert à rien. Il faut voir comment cela se passe à niveau local. Et là au niveau local, vous avez des villages qui peuvent être totalement dépendants de l’économie de la drogue.”

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Parmi ces villages, il faut distinguer les régions productrices des régions de transit. “Les régions productrices, ce sont les villages ruraux indigènes où la culture de la Marijuana s’est substituée à toute autre production de richesse.” Pour les régions de transit, “ce sont les espaces frontaliers des USA, et les ports des côtes pacifique et caraïbe.”

Mais Jean Rivelois insiste : “cette activité liée à la drogue est une activité marginale. C’est de l’argent en plus de l’économie traditionnelle. Cela bénéficie à des territoires marginaux qui ne sont pas intégrés à la Nation.”

***Pour lire la suite de cet article, rendez-vous sur StreetPress.

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