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La ville de la semaine: Waterloo

Les plus vieux l’appellent Wâcloo, les autres alternent entre Waterrrrloo et Watherloo.

Par
Marilynn Guay Racicot
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Dans cette ville de 4000 habitants où les coiffeuses sont reines (plus de 10 ont salon sur rue), on dénombre un code postal, deux sorties sur l’autoroute 10, des Anglais, des Français et une statue quétaine (la Waterloo de Belgique a la même).

Portrait de la meilleure « partenaire de vie » EVER. (Je voulais vraiment vous partager le slogan de ma ville).

1. Waterloo c’t’un trou

On m’a si souvent balancé cette rime trop facile (et de très mauvais goût), qu’aujourd’hui, ça me fait le même effet que d’entendre un « si j’aurais » : ça me sille dans les oreilles. Parce que Waterloo c’est PAS un trou.
Géographiquement parlant, avant que Waterloo devienne Waterloo, on retrouvait une belle grande plaine plate. Puis, les maisons se sont mises à pousser sur la plaine. Pas des petits bungalows deux chambres avec un sous-sol fini. Non. Plutôt des manoirs victoriens de 15 pièces pour des banquiers fortunés. De nos jours, les somptueuses demeures se tiennent encore debout avec classe et sont là pour nous rappeler que les premiers Waterlois étaient tout sauf dans l’trou. Maintenant, que plus personne ne vienne me dire que Waterloo c’t’un trou, parce que mes ancêtres étaient riches en tabarnak.

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2. Le Manoir Maplewood
Parlant de grosses baraques…Vous souvenez-vous de la maison de Casper, le gentil petit fantôme? Eh bien, le film aurait pu être tourné à Waterloo même, dans le mythique Manoir Maplewood. Construit en 1864, cet ancien couvent épeurant pourrait accueillir (et effrayer) les Alouettes au grand complet, cheerleaders comprises, avec ses 40 pièces. Je me rappelle y avoir déjà passé une nuit avec le camp de jour… Je gage 5 piastres que les footballeurs auraient mouillé leur jackstrap eux aussi. Récemment, deux Madelinots qui n’ont pas peur des spectres ont acheté le manoir pour 350 000 $. Ils s’affairent présentement à le dépoussiérer pour le transformer en auberge de 10 chambres d’ici 2014. Il vous reste donc un an pour préparer votre road trip à Waterloo et faire un petit dodo dans ce château. Pas game!

3. La rue Foster

La rue Foster, c’est notre main. Voici un top 5 des phénomènes qui la caractérisent :
1. Une madame s’est déjà promenée toute nue sur la rue par un beau dimanche matin.
2. En été, si vous entendez un canard cancaner en plein centre-ville, c’est Coin-Coin, un gentil monsieur souvent rond qui porte bien son surnom.
3. À l’autre bout de la principale, y’a le monsieur au garage rouge. Une fois le beau temps arrivé, il ouvre son garage, allume ses télés, met sa casquette et s’installe dans sa chaise de parterre pour regarder le trafic passer.
4. L’ampoule des lampadaires de la principale tient dans un cube de verre jauni.
5. Les quatre bars de Waterloo sont sur la rue Foster : Chez Norm’s, L’Alexandra, Bière-ô-Loo et le Café Bistro.

4. Le Musée de la pêche à la mouche
Saviez-vous que vous n’aviez pas besoin de traîner votre tapette en bateau pour pêcher à la mouche? C’est entre autres ce que j’ai découvert en visitant le Musée de pêche à la mouche du Canada. Depuis 2007, cette institution muséale très inusitée se cache dans le sous-sol de notre petite bibliothèque municipale. Des centaines de mouches célèbres comme la Rusty Rat, la Grenade et la 13A sont exposées dans ce minuscule musée d’une pièce. La ville a même une mouche à son nom : la Waterloo Spey. C’est tout de même assez comique que l’unique musée sur la pêche à la mouche en territoire canadien soit situé à Waterloo, la ville dont le lac remporte des médailles d’or dans la discipline mon-lac-est-plus-pollué-que-le-tien. Une autre preuve que Waterloo n’est pas un trou!

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5. La maison de la culture
Ce qui me rend le plus fière d’être d’origine waterloise, c’est sûrement notre maison de la culture. Cette ancienne église a été transformée en coquette et intimiste salle de spectacle. La programmation est digne de celle d’Osheaga (j’exagère peut-être un peu), mais on ne retrouve ni hippies ni filles en bikini, et les billets ne coûtent pas la peau des fesses. La maison de la culture, c’est le genre de place où t’as l’impression qu’Ariane Moffat, Half Moon Run ou Patrick Watson jouent juste pour tes beaux yeux. Et on est plusieurs à pouvoir se vanter d’avoir foulé les mêmes planches que ces artistes-là pour jouer les rôles de nos vies dans les pièces de théâtre du secondaire. Ah, les plaisirs des p’tites villes!

6. L’adolescence waterloise
Être ado à Waterloo, ça signifie louer un film au Vidéo Flash et se faire cuire du popcorn au micro-onde le vendredi soir parce que le cinéma Star a brûlé depuis belle lurette. C’est aussi passer ses soirées d’été à faire des up en ville avec son nouveau/vieux char qui fait boom boom (c’est-à-dire gaspiller son gaz en faisant des allers-retours sur la principale). La première job étudiante de presque 110 % des ados, c’est de travailler chez Métro. Le record du plus long service étudiant revient à mon amie Marika, qui a passé 8 ans à « caisser »! Les jeunes qui fréquentent l’école secondaire Wilfrid-Léger traversent la rue à la récré et vont se ruiner pour un paquet de gomme au dépanneur chez Pauline. Quand j’étais encore adolescente, elle vendait son sac de chips trois fois plus cher qu’ailleurs et souffrait d’amnésie concernant l’âge légal des jeunes quand venait le temps de leur vendre des cigarettes… Les spots des ados en bref : la crèmerie, le stationnement du Dollo, le carré Foster, les escaliers du bureau de poste et le skateparc.

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7. L’église St-Bernardin
Anglicane, baptiste évangélique, catholique… les églises à Waterloo, c’est pas ce qui manque! Celle que tout le monde trouve laide, c’est l’église St-Bernardin. Après qu’un incendie ait ravagé l’originale dans les années 70, la paroisse n’a pas niaisé avec la puck quand est venu le temps de la reconstruire. Résultat : les catholiques de Waterloo vont manger des hosties et donner leur p’tit change dans une église en béton avec un toit plat. Mais la St-Bernardin a beau ressembler davantage à une polyvalente qu’à une maison de Dieu: elle a un sous-sol d’église comme toutes les autres qui sent bon la boule à mites avec son bazar à prix mini. C’est aussi dans cette cave-là que beaucoup de Waterlois ont frenché pour la première fois et dansé leur premier slow sur My Heart Will Go On. C’était à la « petite danse » du vendredi soir pour les 6 à 14 ans.

8. Capitale canadienne du vélo
C’est pas pour rien que Waterloo est considérée comme la Capitale canadienne du vélo : trois pistes cyclables passent par chez nous (l’Estriade, la Montagnarde et la Campagnarde) et la Raleigh fait notre renommée. Quand j’étais jeune, la ville organisait le Festival du vélo. C’était un peu comme Noël en plein été : les patios étaient décorés de vieux vélos pimpés et presque tout le monde enfourchait sa bicyclette pour le fameux tour de nuit. Aujourd’hui, la chaîne de notre titre de Capitale canadienne du vélo est sur le point de débarquer. Le festival n’existe plus depuis longtemps, et Raleigh Canada a décidé de mettre fin à la production de vélos à l’usine de Waterloo. Mais les pistes cyclables, elles, sont là pour rester.

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9. Le Dollo
Il y a plusieurs années, les moteurs économiques de la ville étaient les nombreuses usines : la Vogue, la Roxton, les Champignons de Waterloo, la Raleigh, la Laiterie Chagnon, les Bouchons Mac… Aujourd’hui, les cossins à une piastre faits en Chine ont remplacé les brassières et les meubles made in Waterloo. Chez nous, le Dollarama est presque aussi grand que l’épicerie, et les files sont souvent longues devant les caissières sympathiques. Dans ma jeunesse, il s’appelait Explosion et c’est là que j’achetais mes Barbies. Quand tu vas au Dollo, c’est certain que tu croises un p’tit Marois, ta matante ou un Anglais. À Waterloo, le magasin à une/deux/trois piastres a remplacé le parvis d’église : c’est devant le Dollo que les potins circulent et que les vieilles connaissances s’envoient la main.

10. Se régaler à Waterloo
Si Anne-Marie Withenshaw s’intéressait à la gastronomie waterloise, je lui suggérerais de commencer sa journée par un déjeuner au célèbre Royaume du Steak. Steak-œufs-patates, s’il vous plaît. Pour dîner, c’est à l’Express (les habitués disent Chez Suzanne) que ça se passe. Pour faire partie de la gang, il faut s’asseoir à la grande table du milieu, celle des travailleurs. On commande le spécial du midi, et on ressort une heure plus tard le ventre plein et bien heureux d’avoir avalé un bon cigare au chou maison pour 8,85 $. Et surtout, on en a ri une beurrée à écouter les blagues bien salées de nos compagnons de table. Puis, pit-stop obligé au P’tit Poulet (un shack gros comme un poulailler) pour découvrir que monsieur Kentucky peut aller se rhabiller. On ressort cinq minutes plus tard avec notre boîte bien graisseuse en main et on va s’éclater la panse à la plage juste à côté. Autres restos qui valent le détour : le Maurice Pizzeria, le Café Miches et Délices, et la boulangerie Beignes d’Autrefois Phil’s.

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