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Déjà 2 ans que je me suis évadée de la ville pour revenir dans ma région natale et ça restera toujours une de mes plus grandes fiertés. Revenir en région est souvent perçu comme un exploit pour ne pas dire un sacrifice, comme si se priver de la ville au quotidien était un sevrage impensable.
Ville-Marie reste encore un secret bien gardé au Québec parce que dire qu’on y habite implique généralement des explications géographiques. Disons avant tout que c’est situé au Témiscamingue, au sud de l’Abitibi, quelque part en haut de l’Outaouais, et juste sur le bord de la frontière du Nord-Est ontarien. Pour faire plus glamour, certains touristes l’ont baptisé les Laurentides de l’Abitibi. Alors si, en ce moment, vous êtes en train de visualiser une forêt d’épinettes noires, et des mines à ciel ouvert, faites « rewind » immédiatement et imaginez-vous plutôt une belle forêt mixte et une vue imprenable sur un lac à couper le souffle.
Il serait facile et tellement exotique de vous parler de ski-doos, de grosses bières, de chasse et de pêche, mais je vais ici me concentrer sur des activités et attraits qui font de Ville-Marie ma région d’être (pour reprendre cette si belle expression de Valorisation Abitibi-Témiscamingue).
Ce lac qui m’habite
Probablement l’attrait visuel le plus évident quand on arrive à Ville-Marie, le Lac Témiscamingue a ce petit quelque chose d’indescriptible qui donne à Ville-Marie un cachet assuré. C’est pour cette raison que la Ville a adopté l’expression « Prenez un nouveau cap, Ville-Marie sur le lac ». Il fût un temps où le plus gros événement festif de la ville était les Régates Internationales d’hydroplanes où, tout comme à Valleyfield, les bikinis Budweiser étaient à l’honneur. Aujourd’hui, ce sont les voiliers qui ont pris d’assaut la Baie des Pères, et c’est un « must » qui prend de l’ampleur puisque la marina parle de s’agrandir. Par contre, l’endroit qui offre le meilleur point de vue panoramique sur le lac reste mon propre balcon que je songe à transformer éventuellement en attrait touristique pour arrondir les fins de mois.
Monstre inc.
Qui dit lac mythique dit assurément légende de monstre. Ici, il prend la forme d’un esturgeon géant puisque le lac est si profond qu’on n’y atteint jamais le fond, les esturgeons y prennent donc des ampleurs démesurées! On n’a pas encore vraiment élaboré un concept touristique autour de ce mythique monstre. Par contre, je lance l’invitation à tous les Cyril Chauquet mordus de la pêche de ce monde. Peut-être qu’un jour le monstre se retrouvera empaillé au dessus de la grotte de Ville-Marie?
Parlant de cette fameuse grotte
Probablement que tous les dépliants touristiques parlent de la Grotte de Ville-Marie. Ce qui est le plus fascinant avec cette grotte c’est qu’elle a été construite de toutes pièces en 1904 selon le modèle exact de Notre-Dame-de-Lourdes en France. Une belle grotte de ciment qu’on s’applique à repeindre en gris lustré pour s’assurer de l’effet plastoc. Bien que l’endroit ait été conçu dans l’optique de pèlerinage religieux, il est surtout réputé pour y pique-niquer entre amis ou en famille tout en admirant la vue panoramique sur la ville et bien sûr, le fameux lac. Les plus taquins garnements se risqueront de monter jusqu’au troisième cap pour y faire un feu de camp clandestin toujours bien festif. Pour y regarder un coucher de soleil, vous pourrez vous trouver une place de choix sur le Divan du Diable, véritable sofa 3 places digne de chez Brault et Martineau (ou Meuble Latraverse), sculpté dans le rock par les glaciers. Les pieds bien allongés sur le bord de la falaise, vous y siroterez une p’tite frette.
Y-a-t’il un night life à Ville-Marie?
À cette question je dois dire, ça dépend des jours. Les nostalgiques se souviendront d’une époque où le Danube était ZE place pour faire la fête, avec sa terrasse en plein centre-ville toujours bien bondée. C’est une époque révolue qu’on se permet de revivre au Jour de l’An alors qu’on y ressuscite le défunt Danube le temps d’une soirée mémorable. Le reste de l’année, on se promène entre le Motel Louise et le Manoir où cohabitent, dans une symbiose hétéroclite, les vieux habitués de la place avec les jeunes fringants. Une gang de « crinqués » sous l’appellation Projet TRAPPE (Témis à la Rencontre d’Artiste Pas Pire Émergeants) organise une fois de temps en temps des spectacle de la scène alternative québécoise. Avec leur concept, ils ont réussi à faire sortir les Témiscamiens de leur tanière, en orchestrant entre autre la venue de Bernard Adamus, Manu Militari, Avec pas d’casque, Keith Kouna et très prochainement CLAAS, Leap et Organ Mood (petit scoop!).
Une ville culturée
Il est difficile de passer sous silence l’impact culturel de la Corporation Augustin-Chénier, une autre gang de crinqués qui font des pieds et des mains pour offrir au Témiscamingue une brochette d’activités en arts visuels, arts de la scène, cinéma commercial et cinéma d’auteur en plus d’organiser des soirées thématiques souvent festives et les incontournables soirées du hockey en HD sur l’écran ultra géant du cinéma. La Corpo chapeaute également depuis 20 ans la Biennale internationale d’art miniature. Ça veut dire un gros paquet de toutes petites œuvres que des artistes de partout dans le monde envoient par la poste pour être exposés pendant tout l’été.
Ma dose de lèche-vitrine
Pas besoin de faire 45 minutes de l’autre côté de la frontière ontarienne pour s’habiller, même si c’est une tendance assez générale. Ici, ce sont Les Galeries Ville-Marie qui font office de centre d’achat. C’est une sorte de trottoir qui abrite plusieurs commerces, mais surtout, l’incontournable TSC dont l’abréviation signifie Témiscamingue Scie à chaîne, bien qu’on n’y vend plus de scies à chaîne depuis des lustres. L’endroit est mythique, pas seulement pour le nom, mais surtout parce que c’est probablement le seul magasin au monde où l’on retrouve à la fois des bottes de travail et des vêtements de chasse, combinés à une section mode et tendance dernier cri pour hommes et femmes. L’astuce idéale pour traîner minou dans les boutiques sans qu’il ne bronche. Un autre combo inusité, le magasin l’Intro Musique qui vend à la fois des CD, des cordes de guitares, et des straps de fans pour motos et ski-doo. Les amateurs de friperies et de Village des Valeurs trouveront quant à eux leur compte au Comptoir Jean XXIII où l’on déniche des vêtements usagés pour aussi peu que 25 cent à 2 piastres.
Spécialité gastronomique
Toute bonne ville a sa meilleure poutine. Ici, si vous la cherchez, la plupart des gens vous diront que c’est du côté de La Gauloise que ça se passe. Les frites y sont effectivement savoureuses. Par contre, si vous la cherchez aux petites heures du matin comme la tradition le veut, il faut vous rendre au Poulet Frit Chester, le seul restaurant ouvert 24h. Bon, c’est sûr que c’est une poutine avec des genres de frites Mc Cain et de la sauce pas vraiment brune, mais disons qu’elle fera l’affaire après une soirée bien arrosée. Des rumeurs disent que le Chester sera un jour transformé en Tim Hortons. Je suis totalement contre l’idée. On ne remplacera pas mon poulet frit par des p’tits muffins! Parlant de grandes chaînes alimentaires, je suis toujours très fière de mentionner qu’on est probablement une des seules régions qui n’a pas de Mc Do. C’est pour vous dire comment c’est un territoire parfaitement pur. La seule grosse chaîne qui a pu percer ici est le Subway… mais de toute façon, le Subway c’est bon pour la santé ça! Trêve de fast food, on peut aussi dénicher de beaux produits locaux à la Boulangerie et Pâtisserie la Faluche, à la Chocolaterie Martine, à la Boucherie le Gourmet et au Caféier qui torréfie son café ici même.
L’incontournable Foire Gourmande
Il y a 10 ans que cet événement majeur a pris naissance à Ville-Marie et offre des dégustations de produits de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est Ontarien. Pour les fins palais et tous les gourmands, c’est l’endroit idéal pour prendre une bonne bière tout en découvrant nos richesses gastronomiques, sans oublier la gamme de spectacles offerts toute la journée sur la scène extérieure qui surplombe le lac et sous le chapiteau en fin de soirée. Champêtre, succulent et festif à souhait!
Une colonie d’hommes virils
Avis aux femmes célibataires qui cherchent encore l’âme sœur en ville : il y a ici une plus grande proportion d’hommes que de femmes célibataires (et j’ai même vérifié dans les statistiques). Alors surveillez prochainement, sur le Réseau Contact, la nouvelle section Hommes virils Témiscamiens. Cette statistique me pousse même à imaginer qu’il faudrait s’associer un jour avec le Saguenay-Lac-St-Jean pour qu’il nous envoie de temps en temps des délégations de filles célibataires (si le mythe de 3 femmes pour un seul homme sur leur territoire est véridique). Je lance l’idée comme ça, mais ça pourrait être un bon plan stratégique pour repeupler le territoire.