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Verchères, Verchères, Verchères. Tout d’abord, pour situer les 7 millions de Québécois qui n’y habitent pas, ce magnifique village est situé en Montérégie, sur le bord du St-Laurent, après la ville de Varennes, qui est située après Boucherville, qui est située après Longueuil, qui est en face de Montréal.

On est, en effet, un peu loin de la grande ville. D’ailleurs, notre superficie, constituée à 96% de terres agricoles, se charge de nous rappeller chaque jour que nous sommes bel et bien en campagne.

1. Les Zip-Zap et la raie
Lorsque nous étions plus jeunes, nos activités étaient relativement normales. On faisait du bicycle, on allait au parc et quand on trouvait une cenne noir dans le sable, on courrait au dépanneur St-François pour s’acheter un jujube à un sou. Dans nos journées plus fructueuses (quand nos parents nous donnaient un peu d’argent de poche), on se la coulait douce et on s’achetait un Zip-Zap. Les Zip-Zap, ces fameux jus en poche! Une fois vide, la compétition était vive pour savoir qui serait en mesure de faire éclater son sac qui avait, préalablement, été gonflé au maximum. Puis, on a vieilli un peu. À ce moment là, on faisait trois fois le tour du village en bicycle, on allait rien faire au quai, on se faisait un parcours dans les « trails » (j’y reviendrai à ces fameuses « trails »!), puis on cherchait l’idiot du village, lui aussi en vélo, pour lui rappeler qu’on lui voyait un bon six pouces de sa raie. S’il se choquait (ce qui arrivait à coup sûr), on pédalait juste un peu plus vite que lui afin de ne pas manquer une seule de ses délicatesses dites dans un français toujours exemplaire. Ensuite, pour changer, on recommençait à faire le tour du village.

2. Les aidants naturels

Puis, le secondaire est arrivé. 1, 2 et 3 à Varennes, puis 4 et 5 à Boucherville dans cette école, plutôt cette chose, qui se nomme De Mortagne. Puisqu’on venait de Verchères, donc de la campagne, on aurait pu devenir LA risée de l’école dans cette ville peuplée de snobs et de « wannabe cool » provenant de la très élitiste Varennes. On l’a été, un peu, mais jamais autant que ceux de Calixa-Lavallée ou de St-Amable. Au nom de tous ceux qui viennent de Verchères, je vous remercie d’avoir été nos boucs émissaires.

3. À salaire minimum, option minimale

L’été, les emplois disponibles étaient assez limités. Terrain de jeu, piscine pis Métro, caissière pour les filles, « wrapper » pour les gars. Ceux qui sont ben « pluggés » finissaient livreurs ou serveuses pour une des deux pizzérias du village. Sinon, il restait l’institution gastronomique verchèroise, le fameux Gueuleton, le snack à patate de la place. Sinon, presque tout le monde a déjà fait un tour de barque pour traverser le fleuve pour aller cueillir des fraises pour les Van Mill.

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4. Showbiz local
Boucherville peut bien se vanter d’avoir Véro, Louis pis Ginette Reno comme résidents, Varennes d’abriter Alain Dumas, mais Verchères a aussi son lot de personnalités publiques. On a beau avoir beaucoup de champs de blé d’Inde et des vaches à profusion, on réussit à être jet-set pareil. Varennes et Boucherville ont beaucoup à nous envier. Depuis belle lurette, Bernard Landry et sa femme Chantal Renaud résident à Verchères. Musicalement parlant, Marie-Jo Thério et l’enfant chérie des Français, Lynda Lemay, habitent aussi près des champs verchèrois. Si on se dirige dans la sphère sportive, plus particulièrement dans celle du hockey, nul autre que Guy Lafleur a habité un certain temps à Verchères, non loin de Pierre Bouchard, le goon de la ligue jusqu’à sa fatidique rencontre avec Stan Jonathan. La rumeur dit qu’il faisait du covoiturage pour se rendre au Forum. Puis, le dernier homme que la Sainte-Flanelle a immortalisé en retirant son chandail, Émile Butch Bouchard, a habité à Verchères bon nombre d’années.

5. Les trails
Parlons maintenant des « trails », en fait, plutôt LES « trails »! L’endroit de tous les péchés! Situées de l’autre côté de la track de chemin de fer, en arrière des bassins d’épuration d’eau (l’eau des toilettes et ses parfums), dans le bois suivant les coulées d’un champ de blé d’Inde, on trouve nul autre que les fameuses trails. De jour, un endroit bien tranquille, avec des pistes de vélo de montagne, des « jumps », mais aussi certains indices qui laissent croire (avec raison!) à une vie nocturne très active dans cet endroit assez reculé. En effet, le soir venu, génératrice au rendez-vous, on se retrouvait dans un méga party de « drogués ». Le spot par excellence des « punks » du village, la musique, les substances de toutes sortes, un feu de joie et beaucoup trop d’alcool étaient toujours au rendez-vous! Plusieurs y ont dormi à la belle étoile plus d’une fois. Il y avait aussi l’inévitable « party de fin d’été » où tous les jeunes « voyous » du coin se retrouvaient et au grand étonnement de tous, « punkeux » et « rappeux » se réunissaient et faisaient la paix pour une soirée, afin de faire le party jusqu’au soleil levant. À moins, bien entendu, que celui-ci ne soit cassé par l’arrivée impromptue des pompiers ou de la police, les plaintes de certains citoyens n’étant pas rare. Le lendemain de cette fête, on croisait toujours un fêtard qui faisait des allers-retours forêt/Métro avec sa brouette pleine de bouteilles vides. La légende dit qu’à chaque année, il y avait pour une centaine de dollars de bouteilles. À dix sous la bouteille, faites le décompte vous-même!

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6. Showbiz des champs
Outre nos célébrités, nous avons également nos personnages. La Bine, sa femme et son fils font figure de proue dans cette catégorie. Ils ne font rien d’extravagant, mais ils font partie de notre folklore. Même chose pour Ti-Marc, qui fume sans arrêt, à toute heure du jour et fort probablement de la nuit. Sa cigarette scotchée au bec, il fait son circuit verchèrois, du Gueuleton au parc situé en face de la mairie, en passant par le Métro. Si vous le saluez, il vous rendra toujours la politesse.

7. De la matière à Lonely Planet
À Verchères, il y a un bar. Oui, oui, un très chic bar nommé affectueusement par pas mal tout le monde «le Trou». On ne connaît pas vraiment son nom. La raison de ce petit sobriquet, ce bar est situé dans le sous-sol de l’ancien hôtel, sur Marie-Victorin. On y retrouve la même chose que dans les bars des grandes villes : du monde louche et de la neige à n’importe quel moment de l’année. Puis dans le même édifice, il y a LE salon de coiffure pour homme, réellement nommé «Le Gigolo»! Côté attrait touristique, il y a Madeleine de Verchères, l’héroïne d’un peuple, située en bas de la côte. Il s’agit du plus gros bronze au Canada! Bien mérité pour une si charmante demoiselle qui a fièrement défendu le fort de Verchères contre une attaque d’Iroquois avec 2, 3 domestiques.

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8. La Saint-Hean
Finalement, il y a l’incontournable Saint Jean-Baptiste de Verchères. Nous en sommes très fiers. Les gens fusent de toutes parts. Les Varennois et les Bouchervillois débarquent pour venir célébrer, dans la joie et l’allégresse, la fête nationale en bas de la côte. C’est noir de monde pour venir assister au spectacle que nous réservent nos feux d’artifices. On est peut-être petit, mais on ne souffre pas de complexe d’infériorité! Sachez tous, surtout les gens de Varennes, que nos feux d’artifices sont de loin supérieurs à vos pétards mouillés du Tigre Géant. Et comme à chaque année, après une prestation digne de Benson & Hedges, c’est le rassemblement autour du feu de joie. Un immense feu où, chaque année, une ou deux personnes ont l’idée de génie d’aller s’allumer une cigarette avec un tison provenant du feu. Ça fonctionne, il leur manque juste les sourcils quand ils reviennent de la mission accomplie rejoindre leurs amis avec le sourire niais. Nous, les Verchèrois, on sait alors qu’il s’agit des étranges qui viennent d’ailleurs. Nous, jamais on ferait ça. Jamais. Excepté une fois, au chalet. Trêve de plaisanterie, Verchères a beau être petit aux yeux de bien des gens, mais il est coquet pour nous. On est fier de nous et de notre village.
On peut sortir quelqu’un de Verchères, mais on ne peut pas sortir Verchères d’un vrai de la place!

9. La patinoire
En hiver, comme dans toutes les municipalités du Québec, nous avons une patinoire extérieure. Celle-ci se trouve dans le parc Passe-Partout (et oui, on a un parc qui porte ce nom), en face de l’école (ça sert à rien de la nommer, parce qu’il y en a qu’une seule), de la piscine municipale et des deux terrains de tennis. Comme vous pouvez le constater, on est une ville à tendance concentrique!

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Bref, on allait, et encore aujourd’hui, jouer d’interminables parties de hockey à 14 contre 14. Puis, les deux équipes étaient de calibre pratiquement similaire puisqu’elles étaient conçues à l’aide du nombre de bâtons garochés à gauche et à droite, qui étaient préalablement rassemblés en tas au milieu de la patinoire. De cette technique découlent, incontestablement, des équipes équilibrées. Surtout quand celui qui sépare les hockeys à les yeux entrouverts. Le jour, les joutes étaient plus amicales, plus familiales. Le soir, ça se corsait. Disons que la testostérone prenait le dessus. Ça se prenait soit pour Mario Lemieux, soit pour Tie Domi. Dans les deux cas, ça faisait un sacré spectacle. Sinon, on ne compte plus le nombre de rondelles qui se sont perdues chaque hiver dans les bancs de neige entourant la patinoire. Une fois, les pieds bien gelés et les ampoules sur le bord d’éclater, on allait à la cabane, au chaud, se déchausser et surtout, mélanger les paires de bottes sous les bancs à l’insu du surveillant.

10. La pente à glisser
Chaque hiver, toutes les familles, sans exception, se réunissaient crazy carpet ou 3 skis à la main, à la pente à glisser. On l’appelait la côte à trois bosses, car elle était dénivelée en trois bosses. Petit, on pouvait passer plusieurs heures, la morve au nez, à sentir toutes les subtilités de la pente à glisser par l’entremise de nos super résistantes crazy carpet. C’est quand tu réessaies ta crazy carpet un peu plus vieux (oui oui), que tu te rends compte qu’on était étrangement endurants en bas âge. La seule chose qui nous arrêtait, mise à part les engelures aux pieds, c’était ce fameux poteau de lampadaire mal coussiné (fût un temps où il ne l’était pas du tout) situé en plein centre de la côte, juste au bas des « pistes ». Tout le monde s’en souvient, enfin presque! Tout le monde, sauf ceux qui l’ont embrassé à pleine vitesse sur leur traîne sauvage. Pour eux, c’est encore flou cette histoire là.

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Verchères en images