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Vaudreuil, ce n’est pas le West Island de Montréal. Ce n’est pas loin, par contre. Disons que si, dans le coin de Baie-D’Urfé, vous tombez dans la lune en conduisant sur la vingt, force est de constater que vous êtes rendus.
Pour vous en assurer, cherchez le Kentucky, c’est notre Porte du Nord à nous.
1. De quoi a l’air Vaudreuil?
Il y a quelques années, je vous aurais dit que la ville est ce qu’il y a de plus similaire à la campagne, et ce, à moins d’une demie-heure du centre-ville de Montréal. Quelques grappes de maisonnettes ponctuaient un horizon calme de prés, de boisés et de terres cultivables. Il y avait la carrière désaffectée où nous allions faire des feux et se désaltérer en grattant la guitare. Elle est couverte par de grosses McMaisons maintenant. Il y avait la clairière aussi. Ils l’ont remplacée par des magasins. Triste réalisation pour l’œil et le cœur de l’adolescent cherchant à s’éloigner du champ de vision de ses parents. Vaudreuil-Dorion s’est dotée d’un gigantesque parc à magasins – le genre où tu dois prendre ta voiture pour passer du magasin d’articles de sports à celui d’aliments naturels. Les grands espaces se font maintenant rares, mais ils y sont toujours pour celui qui veut les trouver.
2. La nature aquatique
La ville n’est toutefois pas seulement caractérisée par des maisons bien rangées et de grands magasins. De par sa configuration géographique, à Vaudreuil, vous êtes toujours à moins de quinze minutes de marche d’une large étendue d’eau. Le Lac des Deux Montagnes ou la rivière des Outaouais, c’est selon. La municipalité, par respect pour ces imposantes étendues d’eau a gardé la majorité du littoral libre d’accès, ce qui fait qu’amoureux peuvent s’y tremper les pieds et que bambins peuvent y pêcher le méné. Les aventuriers de mers et marées peuvent être membres du Club Nautique Deux Montagnes et présenter fièrement leur vaisseau d’or aux flancs diaphanes ou leur petit navire.
3. Qui vient de Vaudreuil?
Le Vaudreuillois moyen est jeune et pimpant! La moyenne d’âge à Vaudreuil-Dorion est de 37 ans. C’est presque quatre ans de moins que la moyenne québécoise. Âge tendre s’il en est un, la relative jeunesse de la population est majoritairement expliquée par la récente explosion démographique qu’a connue la ville. Des légions de familles ont établi leur campement en agrégat et en brique couleur sable, ce qui a eu pour effet de doubler la population en moins de quinze ans. Faut le faire! Mais qu’est-ce qui attire tant les gens vers cette banlieue somnolente? Ce ne peut qu’être sa transformation extrême qui l’a changée de hameau bucolique à mégapole de la piscine hors-terre et de la rocaille. Des fois, je me dis que c’est encore plus « banlieue » que Laval.
4. Le nid des ados de toute la rive ouest
La plus grande fierté et le point qui distingue Vaudreuil des autres banlieues, c’est sa polyvalente monstre. L’École secondaire de la Cité-des-Jeunes, une des premières polyvalentes construites au temps de la Révolution Tranquille, est à l’image de l’enthousiasme et l’ambition du Québec qui sortait de sa Grande Noirceur. Son campus, véritable mastodonte d’enseignement, fait un kilomètre carré, contient un aréna, une piscine, une poignée de gymnases, deux salles de spectacles, deux cafétérias, plusieurs établissements d’enseignement, etc. Bref, c’est la Metropolis de l’hormone frétillante, de la fureur de vivre, du bouton mal dissimulé, de la pression des pairs et de la cigarette fumée en cachette. Ainsi, aux heures de bureau, à chaque jour ouvrable, l’école secondaire accueille près de 5000 adolescents provenant de toute la région.
5. Le Miss, phœnix de toutes les débauches
La quartier général de la déchéance a été pendant plusieurs décennies le Miss Dorion. Dans la véritable tradition du bar de danseuses des bonnes années, le Miss venait avec son bar (peu regardant sur l’âge de ses clients) et son motel (pour ceux qui voulaient mener leur descente vers les enfers de la chair un peu plus loin). Cette institution de Vaudreuil-Dorion aura connu une multitude d’incendies qui, selon les dires des locaux, n’étaient pas « propre-propre ». Par contre, à chaque fois, le Miss renaissait de ses cendres, reprenant son rôle de pervertisseur d’âmes pures et d’oreilles vierges. À chaque fois, à part la dernière. Depuis quelques temps, le Miss est disparu pour de bon, laissant derrière lui une tradition de débauche couvrant plusieurs générations. Depuis que le Miss est parti en fumée, on se demande bien où ira boire la jeunesse folle. De plus, nous nous inquiétons de la qualité des ragots de la région. Quand le Miss était là, on pouvait au moins dire que la fille qui a mal tourné – ou tout simplement la fille qui avait volé l’être aimé – dansait au Miss. Cette insulte ultime, les gens de Vaudreuil ne l’auront plus jamais.
6. « Je suis… » quoi?
Le slogan de Vaudreuil-Dorion est « Je suis ». Une expression exprimant toute les possibilités du monde, nous imaginons. Mais, disons que les habitants de la ville se demandent inévitablement ce que signifie ce slogan mystérieux. Après des recherches poussées, on apprend que le projet « Je suis » vise à « créer un sentiment d’appartenance et de fierté au sein de la population ». On a même photographié près du tiers de la population en les invitant à compléter la phrase « Je suis… ». Courageux projet identitaire qui n’est visiblement pas connu de tous ses citoyens. Il y a même une immense installation à son effigie. « L’horreur », son surnom non-officiel, a été plantée au beau milieu du Parc Valois et représente un grand cercle vert fluo avec écrit au centre… le slogan, bien sûr! Dommage, c’était un si beau parc avec une vue sur l’eau. Maintenant, on ne peut pas s’y reposer sans voir du coin de l’œil une particule vert fluo provenant de cette installation.
7. Être de son temps
La ville n’est pas en reste pour ce qui est de suivre les tendances de l’heure. Elle comporte même deux magasins d’aliments biologiques. Ce ne sont pas seulement ceux qui font un retour à la terre, loin dans les contrées boisées de la province qui peuvent se nourrir sans OGM. Il y a aussi les bobos du Plateau et les Vaudreuillois! (NDLR :L’auteure n’avouera jamais, même sous la torture, qu’elle fût jadis, elle-même, une bobo du Plateau) La municipalité ne manque pas non plus d’originalité pour accommoder les amis des animaux. En effet, vous trouverez un hôtel de luxe où vous pourrez aller « parker » Médor et Pantoufle lors de votre prochaine escapade à Punta Cana. Ce fastueux établissement prendra soin de votre ami à pattes et à poil qui aura droit aux services d’un salon de beauté et à des repas gastronomiques. Pas question que celui-ci dorme dans un chenil, il a sa propre chambre, son propre lit et même une caméra de surveillance si vous voulez voir votre toutou à distance! On n’arrête pas le progrès!
8. À boire, pour tous les goûts
Vaudreuil-Dorion est parfaite pour ceux qui auraient la gorge sèche. Les ablutions sont accessibles ici! Parmi ses bars, pubs et discothèques (NDLR : L’auteure est au courant qu’elle est vieille et pas à la page du jargon d’aujourd’hui), vous trouverez certainement votre compte. Pour les disciples de l’île émeraude, le gastro-pub irlandais Duke & Devine’s est pour vous! Si toutefois, vous préférez les tavernes classiques, le bar L’Ancre est l’endroit où vont s’échouer les épaves. Si vous avez déraciné votre grand flanc mou et qu’il lyre à tous les jours qu’il ne peut plus aller au Moomba ou au Fuzzy, sachez qu’il pourra garer sa Civic-montée-toute-équipée dans le stationnement du Traffik. Cette discothèque a donné une seconde vie à un concessionnaire sur le bord de la 40. Quoi de plus approprié pour flasher sa voiture! Si votre jeune est de sexe féminin, sachez qu’elle pourra faire aérer son perçage de nombril en bikini dans leur piscine et leur spa. Que du bonheur pour le fier parent.
9. Tout est politique
La circonscription est libérale. Au provincial comme au fédéral, et ce, depuis la nuit des temps… ou presque. Le vent commence à se lever. De 2004 à 2011, Meili Faille du Bloc Québécois a représenté le comté. En 2011, la vague orange n’a pas manqué de déferler sur Vaudreuil. Au provincial, on demeure toujours et encore libéral, mais, au moment d’écrire ces lignes, des nouvelles fraîches : Marc-André Pilon est choisi comme représentant de Québec Solidaire. Le fait ne serait pas si surprenant sans savoir que M. Pilon – qui a étudié à la Cité-des-Jeunes et y enseigne maintenant – était aussi le fier drummer du band punk emblème de notre ville : les Ordures Ioniques. De plus, M. Pilon est auteur de deux best-sellers de littérature jeunesse. C’est ce qu’on appelle un candidat glamour… Nous lui souhaitons bonne chance!
10. Vivre à Vaudreuil-Dorion pour en sortir (une autobiographie abrégée)
Dans ma tendre jeunesse, le chemin de mes plus belles aventures était propulsé par ma bécane à pédales. Vivre dans la région, c’est aussi en sortir pour faire autre chose dans les alentours. Puisque l’école secondaire regroupe tous les jeunes de la région, votre BFF vit probablement aux Cèdres et votre amoureux vit à Rigaud. Certains amis avaient une auto, d’autres empruntaient celle de leurs parents, mais, inévitablement, on se ramassait tout le temps à découcher dans la ville voisine. Sans vendre la mèche, la région vous offre des écluses où aller boire une quille en sautant dangereusement à l’eau, un « pit » de sable, des glissades d’eau, un camping, un centre de ski… Quand même! Pour celui qui n’a pas peur des déplacements, une vie de Vaudreuillois peut être paradisiaque. Dans le fond, moi-même, « Je suis » Vaudreuil-Dorion…
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