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La ville de la semaine: Val-d’Or

Val-d’Or. Prenons une pause ici : un trait d’union, un "d" minuscule et un "o" majuscule. Ça semble bien simple, mais y’a plus de gens qui complètent des Iron Man que de personnes qui réalisent la prouesse orthographique d’écrire "Val-d’Or" sans faute.

Par
Geneviève Béland
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Quand on entend parler de Val-d’Or, c’est souvent pour mettre en relief des aspects parfois rudes, rustiques, ou carrément burlesques (le révolu Festival de l’Orignal y aura certainement largement contribué). On aime penser qu’ici, on ne sait pas c’est quoi la kombucha (… ok, ça fait deux semaines que je sais ce que c’est.), que notre gastronomie se résume au steak pétillant et qu’on circule tous en gros pick-up dans nos rues tellement larges qu’on peut se stationner en 45 de chaque côté bien relaxes.

Dans les médias nationaux, on parle rarement de notre ville (tout court ou) pour son audace, sa créativité. Par contre, je comprends facilement qu’une ville qui est définie principalement par une ressource naturelle offerte par les rois mages pour souligner la naissance de Jésus n’évoque pas instinctivement l’avant-garde dans l’imaginaire collectif.

Faut savoir que Val-d’Or, c’est une jeune enfant.

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80 ans en âge de ville, c’est l’équivalent de peut-être quoi, 5 ans d’humain? Elle est propre, “fucking four” est derrière et les contours de sa personnalité se précisent. Actuellement, Val-d’Or, c’est comme une belle fleur qui pousse dans les craques du bitume de la 3e Avenue. Ou encore, pour les Montréalais, c’est comme un représentant de “Médecins sans frontières” à la sortie du métro qui n’est pas du tout envahissant : rare et fascinant!

On vit en ce moment sur le territoire une forme de révolution, une forte effervescence culturelle et entrepreneuriale, probablement attribuable en partie au fait qu’un vaste espace est accordé à la jeunesse dans le développement de celui-ci. Ici, tu peux te démarquer et prendre ta place avec ton baccalauréat en animation et recherche culturelles et ton trois semaines de stage chez Fantasia, ce qui n’est pas peu dire.

Crédit photo : G. Béland
Crédit photo : G. Béland
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Souvent, après leurs études secondaires, plusieurs jeunes Valdoriens ressentent le besoin d’aller explorer ce qui se passe ailleurs qu’au Belvédère pour mieux revenir réinvestir leurs acquis ici par la suite. (Les plus perspicaces ramènent dans leur valise, conjoint ou conjointe pour le meilleur de notre bilan migratoire.)

À travers ce groupe hétérogène, on a d’abord ceux qui trouvent que c’est une bonne idée de partir pour aller cueillir des fruits au B.C. Dans ce segment, quelques-uns sont devenus végétariens parce qu’ils écoutaient beaucoup de Propagandhi. Évidemment, on a aussi, tous ces élèves qui quittent le nid familial pour entreprendre des études à l’extérieur et se rendre compte qu’en dehors de Val-d’Or, un guide étudiant, on appelle ça un agenda. Le fait que plusieurs jeunes d’ici se séparent de leurs parents assez tôt pour s’enrichir du monde extérieur semble expliquer qu’on ait affaire à une génération débrouillarde et moins complexée que la précédente par rapport aux grands centres (ou à Rouyn-Noranda)!

Qu’est-ce qu’ils font une fois revenus ces jeunes formés et inspirés?

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Ils entreprennent, s’impliquent, dynamisent et/ou profitent du RQAP (Régime québécois d’assurance parentale). (Si tu envisages venir habiter ici, mais tu as peur de t’ennuyer, ne t’inquiète pas, les invitations à des baby showers sont surabondantes.)

Les justiciers du commerce

Soyons honnêtes, il y a à peine quelques années, on vivait à Val-d’Or, à quelques exceptions près, dans une sorte de désert alimentaire pour les fines gueules. Je dis “fines gueules”, mais je ne parle pas de gens qui revendiquaient une polenta sur le pouce; simplement de pouvoir consommer un latté quelque part le dimanche matin.

Puis, seulement dans les trois dernières années, une bande de jeunes entrepreneurs divins sont arrivés en sauveurs et ont ouvert le Windsor, le O Thaï, la Microbrasserie Le Prospecteur, le Habaneros, Le monde selon Manu, le Bar à Poutine chez Morasse, La Tanière, Pirouette et Girouette, le Café Bistro Van Houtte, le Sushis & cie, les nouveaux comptoirs du Balthazar pour ne nommer que ceux-là! Ils ont compris que ce qui n’existait pas était à inventer. L’avantage pour un entrepreneur d’implanter un nouveau commerce à Val-d’Or est qu’il sera accueilli en héros; vous n’aurez jamais connu une ouverture d’un Winners autant célébrée que celle qui a eu lieu au Carrefour du Nord-Ouest il y a quelque mois.

Ça avait un petit quelque chose du 400e de la Ville de Québec.

La Tanière William J. Walter/Crédit photo : G. Lagrois
La Tanière William J. Walter/Crédit photo : G. Lagrois
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Faire du body surfing au show de Jason Bajada

À Val-d’Or, l’offre culturelle est consistante et diversifiée. Une impressionnante partie de celle-ci est menée par des organismes sans but lucratif fondés par des bénévoles déterminés à dynamiser leur milieu tels que le Festival de cinéma des gens d’ici, PapaChat & Filles ou encore le Festival de la relève musicale indépendante en Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT). Ce dernier a été fondé à Val-d’Or en 2005 et a largement contribué à développer une offre culturelle alternative intéressante et à fidéliser son public. J’en parle en détail, dans un blogue sur le site de Tourisme Abitibi-Témiscamingue, mais le FRIMAT est plus qu’une série de spectacles, c’est un événement unique et fédérateur, un outil de développement culturel, d’attraction et de rétention de la relève. Il a permis encore cette année à ses festivaliers de faire du karaoké avec une drag queen dans la bibliothèque, de faire du body surfing au show de Jason Bajada et de demander un pays à Bernard Adamus.

FRIMAT/Crédit photo : G. Lagrois
FRIMAT/Crédit photo : G. Lagrois

Val-d’Or est pas mal plus dans le coup que la myrrhe, hein?

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Afin de nourrir ces jeunes avides d’expériences, le Service culturel de la Ville de Val-d’Or vient d’ailleurs tout juste de mettre en place Haut-Parleurs 16-30, en marge de sa programmation régulière afin de mieux répondre aux besoins de sa jeune clientèle.

En effet, après consultations, la Ville a colligé les facteurs importants pour les 16 à 30 ans lorsqu’il est question de spectacles : intimité, sentiment d’exclusivité, ambiance ou encore, l’inverse de ce qu’ils vivent au Tigre Géant. Ainsi pour s’adapter à eux, la Ville fait rupture avec ses façons de faire habituelles et innove en présentant notamment un spectacle hivernal de Valaire dans un lieu secret!

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