St-Valérien

Autoroute 20. Entre Montréal et Québec. Sortie 141. Tout drette rang St-Georges. À droéte su’l pont d’là chute. Encore à droète su’l ch’min d’Upton. Oh un chevreuil! Non, y sont plein de chevreux! Attention, circulation dense à l’heure de pointe : le 4 stops! Bienvenue à St-Valérien-de-Milton… un village à la campagne.

Il y a la fameuse histoire d’Emilie et Ovila. Mais il y a aussi l’histoire de Cécile et Valérien. Il était une fois, Milton, une petite région de la Montérégie où s’établit le premier agriculteur du coin, Valérien. Cet homme dévoué tomba follement amoureux de Cécile, une jeune habitante. En guise de cadeau de noces, il lui offrit une partie des terres qu’il nomma Ste-Cécile-de-Milton, aujourd’hui village voisin de St-Valérien-de-Milton. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de Valériennois et Miltonnais. On veut y croire!

Le 9e, le 8e, le petit 8, le 11e, de l’Égypte en passant par de l’île-Maurice. St-Valérien est un bassin de rangs! Des plats, des montagneux, en asphalte ou en ”garnotte”, les marmottes en ont pour tous les goûts! Bien que Montréal possède La Ronde, elle a tout à envier au haut le coeur que nous procure une bonne ”ride” de ”pick-up” dans les fameux trous chaotiques de St-Val, lors de la saison du dégel : on en évite un, on en ‘‘pogne’’ dix! À chaque printemps, la municipalité affiche leur mise en garde : attention à nos trous, un message du patrimoine de St-Valérien. Ah oui, tant qu’on y est… à la question : avez-vous l’électricité? La réponse est : OUI! Qu’on se le tienne pour dit! Mais Internet haute vitesse… uhm pas tout à fait.

Des champs, du bois, des champs, du bois, une cabane! Au printemps, l’eau d’érable coule dans nos veines. Les cabanes à sucre familiales dégagent une odeur sucrée. Les enfants, comme s’il n’étaient pas déjà assez actifs, se gavent de tire d’érable. Les ancêtres bien au chaud, se racontent des histoires dans la cuisinette. Les plus jeunes eux, font la tournée! Et à la fin de la journée, tout le monde déguste un bon beigne de Rachel et repart avec sa canne de sirop.

1- Ne pas crier à l’aide, il n’y a personne de toute façon.
2- Se demander d’un air vulnérable : qu’est-ce que je fais dans un champ de blé d’Inde
à St-Valérien-de.. quoi déjà?
3- Il y a ce qu’on appelle des rangs de maïs… c’est droit. Longer un rang. Chantonner
ou gambader, brin d’orge à la bouche, est permis!
4- Avertissement, il se peut que votre promenade croise un plan d’herbe n’ayant rien
avoir avec un épis… rires excessifs et vision floue peuvent en être les effets
secondaires.
6- Au bout du rang, ne tournez pas. Sortir du champ au plus vite avant que la nuit
tombe et que les coyotes apparaissent… Twilight, c’est seulement amusant au
cinéma!

En tant que fille d’agriculteur, je vous confirme que non. Est-ce que les fermiers ont tous une moustache? Non plus. À St-Valérien, que vous soyez éleveur de cochons, de moutons, de poules ou de chevaux, la vraie question est ”Qui a le plus gros tracteur John Deere?”. Moi en tous cas, mon père c’est le plus fort!

Dans chaque village vivent des personnages colorés que les métropoles ont délaissé. À St-Val, tout le monde connait monsieur Perron, un Français d’origine, aux allures d’un vieux voyant, philosophe et bon vivant! Il habite un vieux bateau rénové en charmante (ou pas!) demeure. La légende veut qu’il soit un ancien pirate ayant traversé l’Atlantique pour se retrouver sur la rivière Noire. Si vous le croisez alors qu’il se promène avec une baguette magnétique, c’est qu’il recherche des veines d’eau… personnage coloré, je vous disais.

Ce qui fût une fierté du patelin, n’est plus. La compagnie Olymel a fermé les portes de son abattoir valériennoise, laissant un vaste bâtiment vide au centre du village (pas loin des 4 stops!), et des centaines de villageois sans emploi. Bonne nouvelle, l’air ambiant est plus pure que jamais, délaissant la pollution sonore des camions et l’odeur des petits cochons!

Qu’on se le dise, les Valériennois ont le coeur à la fête! Ils aiment se rassembler lors d’événements communautaires. Dans les années 50, après la messe du dimanche, tous les habitants se réunissaient dans les estrades pour assister à une compétition de… lutte! Chaque semaine se disputait un nouveau face-à-face amical. Avec les années, la lutte a laissé place à la balle molle. Un grand tournoi a lieu chaque été mettant au défi les familles de la région. Parce que simplement jouer à la balle molle est plutôt banal, il faut également que toutes les équipes se déguisent… on imagine la scène. Parce que courir au marbre avec un costume de Patof le clown, c’est moins évident! Tant pis, des points, des points, on veut des points!

Dans les petits villages, il n’y a pas toujours grand chose à faire, alors les gens ”patentent” dans leur temps libre. L’art de ”patenter” peut s’appliquer à divers genres : ”patenter” son jardin, ”patenter” le moteur de son ‘‘char’’ de course ou ”patenter” des plans du diable. Le meilleur ”patenteur” est selon moi, M. Petit qui ”patente” le bois. On lui doit les plus belles chaises adirondack géantes! Village où la farniente prend tout son sens!

Soit on est perdu, soit on connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a une cousine qui y habite, ou soit on y est né. Pour la première option, bien que St-Valérien soit petit, les habitants ont le coeur grand et sont des plus dévoués pour aider leur prochain. Pour la deuxième option, il est toujours étonnant de rencontrer des gens qui disent avoir déjà entendu parler de St-Valérien, aussi loin qu’en Europe! Quant à la troisième option, St-Valérien est un lieu où adolescent, on veut vite fuir et où quelques années plus tard, on veut vite revenir…

1- Tu viens de St-Val quand tu salues 99% des gens que tu croises dans la rue
2- Tu viens de St-Val quand tu sais est où l’hôtel
3- Tu viens de St-Val quand tu sais que l’hôtel c’est un bar
4- Tu viens de St-Val quand tes profs de primaire ont enseigné à toutes les générations de ta famille
5- Tu viens de St-Val quand la nouveauté du Richelieu c’est le film Les Boys 2

St-Valérien en images