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La ville de la semaine : St-Sauveur

Découvrir ou redécouvrir une ville, un village, un quartier par le biais d'une personne qui l’aime.

Par
Mélanie Fortin
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Au pied de la pente douce

St-Sauveur, peu importe comment on l’appelle (What up Notre-Dame-de-Pitié!) est de plus en plus populaire, et comme Webster l’a mentionné nous sommes les prochains qui se feront revitaliser, qu’on le veuille ou non.

La gentrification est déjà bien entamée, on est la nouvelle place to be, Limoilou c’est rendu trop populaire pour certains. Ou peut-être trop cher? Mais je ne m’emporterai pas, pas aujourd’hui en tous les cas. C’est vous que je veux emporter, transporter, pour une promenade dans mon quartier.

Si vous vous promenez ici un soir d’été, vous allez voir, on dirait une scène dans un film de Fellini.

Il était une fois dans le bas

Ici on parle aux voisins, pas le choix on est tellement collés puis on n’a pas tellement de verdure pour se cacher (c’est quand tu veux les investissements en verdissement Régis!). Si vous vous promenez ici un soir d’été, vous allez voir, on dirait une scène dans un film de Fellini; des gens qui tiennent des conversations d’un balcon à l’autre, des messieurs qui mémèrent réunis sur un coin de trottoir, des mamans qui crient à leurs enfants de rentrer la tête par-dessus la clôture de leur voisin, et aussi les 4-5 doyens qui se réunissent TOUS LES SOIRS sur le banc d’autobus au coin St-Joseph-St-Vallier Ouest, près de la statue qui commémore les émeutes de la conscription.

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Cette entrée dans le quartier; entre la Taverne Jos Dion, un Pizza Salvatoré, l’épicerie africaine et un pawn shop, ça donne le ton; St-Sauveur sera baroque and roll.

Ici c’est possible de construire des maisons qui ne sont pas à l’épreuve du feu.

L’identité de St-Sauveur c’est d’abord et avant tout son histoire ouvrière. Non annexé à la ville de Québec jusqu’en 1889, le quartier pré-branché a d’abord été habité par des ouvriers pauvres des chantiers navals. Ils s’y installent parce qu’ici c’est possible de construire des maisons qui ne sont pas à l’épreuve du feu, donc moins chères. S’ensuivent deux grands incendies, et St-Sauveur deviendra officiellement une partie de Québec en 1889.

Pour citer l’Action catholique (une fois n’est pas coutume) de 1920: «Jamais débuts ne furent plus modestes: le terrain est une savane non irriguée et les résidences, de misérables cabanes».

Party mix

Pauvres, modestes, misérables. C’est peut-être comme ça que vous avez entendu parler de St-Sauveur avant que des restaurateurs visionnaires ne décident de s’y établir et de vous conquérir par l’estomac. Si oui, il y a de la pauvreté, il n’y a rien de misérable dans ce quartier.

La mode des mini-maisons c’est surement St-Sauveur qui l’a inventé.

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Les gens sont organisés, ils ont un Comité de Citoyennes et Citoyens qui lutte pour préserver la belle mixité de ce quartier historique Hé non, les citoyens de Québec ne sont pas tous conservateurs de droite trippants sur les radios poubelles!

Les résidents sont fiers de leurs identités, de leurs histoires, de leurs racines. Si vous discutez avec un habitant du quartier il va vous raconter de long en large comment il y est arrivé, ou comment leurs grands-parents s’y sont rencontrés, quand leur grand-mère travaillait encore pour la Dominion Corset et leur Grand-Père pour la Rothman. Ils se sont probablement établis dans l’une des charmantes maisons d’ouvriers qui parsèment le quartier. La mode des mini-maisons c’est surement St-Sauveur qui l’a inventé.

Notre quartier est très certainement le pire cauchemar d’un urbaniste ou d’un architecte fan d’uniformité avec ses petites maisons, blocs appartements de briques et constructions plus … bigarrées, mais pour moi ça représente à merveille la diversité des habitants du quartier et la place toute spéciale qu’il devrait avoir dans la ville de Québec. Ville qui ne se bat pas très fort pour préserver les services et l’identité ouvrière et diverse du quartier. Je garde espoir toutefois, parce que les citoyens eux ont des projets magnifiques et une volonté en béton armé.

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Si J’écrivais dans un magazine de madames ceci serait la section: Mon carnet d’adresses.

Venez donc, j’aurais tellement d’endroits à vous faire visiter! Vous pouvez aller chez Mademoiselle Verret; acheter des poissons (vivants), des vêtements pour bébés ou des jaquettes pour adulte. Je ne vous niaise pas, l’inventaire de Madame Verret est pour le moins varié!

On peut encore louer des films au Vidéo Centre-Ville qui a une collection incroyable, des commis avec les meilleurs conseils pour quand tu ne sais pas trop quoi regarder, des allées où te perdre en regardants les pochettes, et un sous-sol…où personnellement j’aime mieux ne pas mettre les pieds.

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On pourrait même faire les groupies et passer voir la maison où Alys Robi est née!

Si vous êtes fatigué de marcher, on ira prendre un verre Chez Girard, une taverne comme il ne s’en fait plus, où le gros pichet est moins de 10$, le pop corn gratuit et où tu peux siroter ta bière en profitant d’un feu de foyer! Je répète: FEU.DE.FOYER.

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Lorsqu’on aura faim, ce n’est vraiment pas les choix qui manquent, même le resto favori de Régis est dans notre hood, mais j’ai un faible pour le restaurant annexé à l’épicerie Lao Indochine où presque tous les mets sont à 10$.

À St-Sauveur on prononce la dernière lettre des noms de rue.

Venez donc nous voir, parce que j’aurais encore tellement de choses à vous raconter; le Carnaval sur la rue Ste-Thérèse, les fenêtres décorées, la démolition du Centre Durocher… Roger Lemelin a bien pu avoir besoin de livres pour vous raconter notre quartier.

**Puis un petit truc pour ne pas avoir l’air d’un touriste; dans St-Sauveur on prononce la dernière lettre des noms de rue: Bagot est prononcée BagoTTE, Mazenod = MazenODE. Si vous ne le faites pas, on va rouler nos yeux en silence. **

Pour découvrir une autre ville de la semaine: «Ville de la semaine: Pointe-aux-trembles»

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