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La ville de la semaine: St-Norbert-d’Arthabaska

Par
Patrick Robert
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Ses valons majestueux constituent un terrain de jeu parfait pour le
vent, qui décroche avec impudence les vêtements des cordes à linge.

1. St-Homonyme
St-Norbert possède beaucoup d’affinité pour les homonymes. La municipalité du centre du Québec fondée en 1845 est souvent confondue avec St-Norbert de Berthier, où habite Jean-Pierre Ferland, qui est plutôt situé dans la région de Lanaudière. On voit à l’occasion des madames égarées au dépanneur Beaudet qui cherchent la maison du chanteur, et qui seront déçues d’apprendre qu’elles doivent reprendre la route pendant un bon deux heures si elles tiennent vraiment à la voir.

2. Des résidants célèbres?
Si Jean-Pierre Ferland n’y habite pas, St-Norbert compte parmi ses résidants un dénommé Jean-Marc Parent, qui ne flashe pas ses lumières mais tourne le bois, un René Simard et un Bernard Landry qui travaillent tous deux au Moulin La Pierre (on s’imagine très mal l’ancien Premier Ministre du Québec mettre la main à la pâte), ainsi qu’un Paul Hébert, qui n’a pas l’âge vénérable du comédien mais est plutôt peintre de son métier. Vous portez le nom d’une personnalité célèbre? Il reste quelques maisons disponibles…

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3. Cuisine fusion
J’ai grossi le rang des 300 âmes de Norbertville en 2008, mais nous avons fusionné l’année suivante avec St-Norbert d’Arthabaska. Pendant plus de quarante ans, les deux municipalités voisines se sont chicanées pour savoir qui payerait les trottoirs, ce qui explique probablement qu’il n’y en ait pas beaucoup dans le coin… Depuis la fusion, le principal problème pour les Norbertiens est le nouveau nom de la ville, qui ne rentre pas dans les cases des différents formulaires officiels qui affligent notre quotidien. Les gens qui habitent Alma ou St-Bruno ne peuvent pas comprendre.

4. Un maire poète

L’homme qui a réussi la fusion est Richard Gamache, le dernier maire officiel de Norbertville. En plus d’être l’efficace politicien d’un seul mandat, il compte aussi à son arc le métier de poète. À part Gérald Godin, les politiciens qui riment à quelque chose sont assez rares. Vous avez maintenant un deuxième exemple à glisser dans vos conversations pour épater la galerie avec votre culture. Notre ancien maire à la retraite s’occupe aussi de la Gamacherie, une salle de diffusion artistique qui accueille autant William Deslauriers que des soirées de poésie, évidemment.

5. Les voies du Seigneur
Les commissions scolaires au Québec ont longtemps été de confession religieuse, mais l’école primaire Notre-Dame possède une particularité supplémentaire. Une passerelle de métal a été construite sur la butte qui sépare l’établissement de l’église. Elle servait pour mener les jeunes aux différentes messes à l’époque. Il ne s’agit pas d’un gros raccourci, mais plusieurs élèves utilisaient ce passage en cachette, malgré l’interdiction, pour se rapprocher des bonbons du dépanneur en face de l’Église bien davantage que pour se rapprocher du Seigneur. J’ai des noms, mais je ne stoolerai personne ici…

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6. Les étoiles de la lutte
En plus du carnaval d’hiver ou des célébrations de Norbertville en fête, la ville a eu sa propre ligue de lutte pendant une quinzaine d’années, où les combats n’étaient pas du tout arrangés, comme dans la WWF. À l’image d’Andy Kaufman (mais probablement sans jamais en avoir entendu parler), la légende locale René Camiré s’habillait parfois en femme et portait une perruque pour lutter contre le sexe faible sur le ring. Les gens qui ont assisté à ces soirées en parlent encore aujourd’hui, et des vidéos underground circulent sous le manteau…

7. Toute une ambiance

J’ai décidé depuis belle lurette que mon premier livre s’intitulerait Best Seller, et mon premier disque Greatest Hits. Quelle meilleure façon d’attirer le succès et les ventes? À St-Norbert, il y a un bar qui pense comme moi et qui porte le meilleur nom de toute la province : l’Ambiance. Qui pourrait refuser de passer une soirée à l’Ambiance? Il y a longtemps eu une marquise à côté du stationnement, mais on ne faisait que changer les dates du spectacle de Fred Perreault, notre « band » local. Depuis que la marquise a été brisée, on l’a retirée plutôt que la réparer. On ne sait plus quand joue Fred Perreault maintenant.

8. Dame Plume

En plus du centre communautaire (où on peut voir des groupes au nom évocateur comme « Tendance Alcoolique »), de la Gamacherie et du bar l’Ambiance, St-Norbert compte un autre fleuron culturel, les Carnets de Dame Plume. La particularité de cette maison d’édition vraiment unique est d’accompagner les gens dans la publication d’un livre à compte d’auteur. Parmi la soixantaine d’ouvrages publiés, on retrouve des romans, mais aussi plusieurs autobiographies de gens ordinaires qui veulent laisser un héritage à leurs petits enfants et aux générations suivantes, comme Une vie bien remplie de Florence Pellerin ou Mes ouï-dire de Yvon Lefebvre.

9. Mon ami fidèle
Pendant que le reste de la province succombait à la vague orange lors des dernières élections fédérales et votait pour des inconnus de 22 ans qui parlent français à temps partiel, la région est demeurée fidèle à André Bellavance, un des quatre bloquistes qui a survécu à l’hécatombe électorale du mois de mai et a conservé son poste dans la circonscription de Richmond-Arthabaska. Il faut dire que le député s’est fait connaître pas mal plus qu’à l’échelle locale dès son premier mandat, en refusant de fournir des drapeaux à la Légion royale canadienne de Richmond pour rester fidèle à ses convictions.

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10. Passer au batte
Les conservateurs ont raison : la criminalité augmente tellement qu’elle frappe même les paisibles coins de campagne! Nous avons eu droit à une poursuite d’hélicoptères digne des films hollywoodiens au printemps dernier, après que deux hommes cagoulés aient dévalisé le dépanneur Beaudet, armés d’un bâton de baseball. C’était le premier hold-up depuis treize ans, et il y a maintenant des caméras de surveillance dans l’établissement. Malgré cet incident, le conseil municipal n’a pas l’intention de mettre sur pied un registre des bâtons de baseball, et nous avons toujours une ligue de balle-molle bien active. Ouf!

NDLR: Urbania mettant St-Norbert-d’Arthabaska à l’honneur cette semaine, nous
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St-Norbert-d’Arthabaska en images

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