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Sorte de point central des Cantons de l’Est, Sherbrooke est charmante et bucolique, même quand c’est la saison de la gadoue ou des travaux routiers.
Ça fait quand même un bout que je suis parti, mais j’y suis encore
attaché. Mes parents et beaucoup d’amis y vivent toujours. Très souvent, je m’ennuie d’eux (d’elle). Trêve d’émotions, voici dix trucs à savoir sur le joyau des Cantons.
1. LES PERSONNAGES / MASCOTTES
Trois-Rivières a son cowboy, Montréal a son vieux raciste, Saguenay a son maire. À Sherbrooke, on a aussi une couple de mascottes.
Madame Bou
C’est la plus populaire d’entre toutes. Quand elle passe à côté de vous, soyez prêts à lui dire « Bouh! » à votre tour. Ça la fera bien rire. Au début, la légende voulait qu’elle soit itinérante. Mais lors de ma dernière visite, je l’ai aperçue dans un pickup neuf. J’imagine que le business de la surprise, ça fonctionne bien.
Robe Orange
Les gens s’amusent aussi à le surnommer « Le Krishna ». On ne sait pas en quoi il croit, mais sa foi est grande, puisque non seulement sa robe est orange, mais le reste de ses vêtements aussi.
L’homme taï-chi / Mr. Spacewalker / M. Slow-mo
Au coin King et Grandes-Fourches, la lumière est quand même longue. Tellement que l’homme taï-chi a le temps de traverser. Il prend le temps de savourer chacun des mouvements de son corps, bercé par la musique de son fidèle lecteur cassette.
2. LE TRANSPORT DES COMMUNS
Ah merde, le prochain passage est dans une heure et demie. Incapable de déchiffrer le plan aux allures de hiéroglyphes, vous appelez au service à la clientèle. Pas de chance, ça ouvre à 11 heures. En plus, le parcours ne vous mène pas vraiment à destination. Ah, pis ça coûte 4 piastres.
Vous êtes probablement mieux de prendre un taxi.
3. LE VERT & OR CONTRE LES MAUVES
Qui dit sport universitaire dit inévitablement rivalité. Imaginez le Rouge & Or et les Carabins dans la même ville. Si vous ne connaissez pas le football, ben visualisez le Canadiens et les Nordiques jouant tous les deux à Montréal. La rivalité qui sévit à Sherbrooke est sensiblement la même.
L’Université de Sherbrooke, véritable fierté locale, affronte biannuellement Bishop’s, l’établissement anglophone isolé dans l’arrondissement Lennoxville (autrefois une ville majoritairement anglophone à part entière) pour l’obtention de la Coupe du Maire. C’est les Francos contre les Anglos, le Vert & Or contre les mauves, l’Empire contre les rebelles. Choisissez votre camp.
Parlant de Bishop’s, le campus est réputé pour ses anecdotes croustillantes. Voyez-vous, l’université attire par milliers les étudiants du ROC qui sont incapables d’entrer à Toronto, UBC, ou Calgary. Résultat : plusieurs ne sont à l’école que pour ces fameux partys où il y a des verres rouges en plastique. Ils veulent vivre leur American Pie.
Des histoires tordues font souvent la une du quotidien La Tribune attestant qu’un jeune étudiant a sauté de sa fenêtre du cinquième pour impressionner ses collègues, a détruit un mur à coups de masse parce qu’il trouvait son appartement trop petit, a allumé un feu dans son appartement parce qu’il avait froid, s’est fait écrasé par une machine distributrice parce qu’il lui manquait 25 sous pour une boisson gazeuse.
Oui, c’est vraiment ce genre d’endroit là.
4. LE COIN DU CUL COUPÉ
Aux limites de la ville de Sherbrooke se trouve Ascot Corner. Oui, oui, comme dans Ass Cut Corner. C’est ça qui est ça.
5. LA FÊTE DU LAC
Une fois par année, la ville est rassemblée au parc Jacques-Cartier pour le plus gros happening annuel à Sherbrooke. Presque tout le monde achète son laissez-passer. On a eu la chance d’y voir David Usher, C.C.R. et DJ Champion au moins 6 fois.
6. LOUIS, LE ROI SOLEIL
Depuis que je suis haut comme ça (un peu plus petit que Régis Labeaume, mettons), un bref historique jonche toutes les tables de Louis Luncheonette, le restaurant le plus mythique de la ville. « Depuis plus de 40 ans, nos pommes de terre sont livrées chaque matin et soigneusement pelées à la main ». C’est l’assertion qui a créé le mythe.
C’est parce que ses propriétaires ont respecté leurs traditions que Louis est un endroit si légendaire. Des uniformes à la technique de préparation de chacun des aliments, Louis est un gage d’estomac bien rempli (d’huile à patates) et de gosier bien arrosé (de cola).
Lors de votre prochaine visite, je vous recommande chaudement le trio Maxi Louis. Pis profitez-en donc pour changer vos frites en poutine. Je veux pas partir de guerre de clochers avec ça, mais elle doit au moins se tailler une place au sein du top 5 au Québec.
7. LES BRASSERIES
C’est dans ces Mecques des soupers de famille élargie que le Festival de la Langoustine succède à celui de la Crevette qui a succédé celui du Homard. Sorte de Casa Grecque sans le riz jaune, mais avec l’excès de beurre à l’ail, les brasseries sherbrookoises sont un joyau de la culture populaire.
Pendant que certaines villes du Centre-du-Québec se battent pour le titre de la meilleure poutine, une lutte intestine (hum…) sévit à Sherbrooke pour déterminer qui a la meilleure entrée de crevettes.
Scoop : la meilleure est à la Brasserie Fleurimont.
8. LE TRIANGLE D’OR
Oubliez les sociétés secrètes et les rites initiatiques des Skulls and Bones. À Sherbrooke, la culture du secret tourne autour du « Le Triangle d’Or » : trois des plus vieux bâtiments de la ville ayant un lien secret entre eux.
Les trois angles du Triangle :
-Le Mont-Notre-Dame, une école secondaire privée exclusivement féminine autrefois tenue par des soeurs.
-Le Séminaire de Sherbrooke, désormais mixte, mais autrefois réservé aux garçons et mené par des frères.
-La Cathédrale, la plus imposante structure de la ville.
Selon les dires d’anciens étudiants, il y aurait un tunnel entre les deux écoles. Un endroit où les frères et les soeurs se rencontraient à mi-chemin pour faire des trucs pas cathos, sans vouloir faire un mauvais jeu de mots.
Des filles du Mont et des gars du Séminaire auraient aussi vécu les balbutiements de leur amour à cet endroit. Aujourd’hui, ce long couloir des amours interdites est condamné, mais la légende court toujours. Paraît qu’on entend encore des chuchotements dans le tunnel.
Fait intéressant : beaucoup des couples formés d’anciens étudiants du Séminaire et du Mont-Notre-Dame se sont mariés à la Cathédrale. C’est la complétion du Triangle d’Or.
9. LES VOCABLES
Partons d’une phrase typique :
« Mets ton gilet pis calle ta chienne, la bus pour le centro passe dans 5 minutes ».
Gilet : mot fourre-tout comprenant à peu près tout ce qui peut habiller le haut du corps.
Chienne : une grosse bière. Souvent à fort pourcentage d’alcool par volume et consommée à même le sac de papier brun destiné au transport.
La bus : le même moyen de transport qu’ailleurs dans le monde, mais au féminin.
Centro : à ne pas confondre avec la merveille d’étalement urbain qu’est le Centropolis à Laval. C’est le surnom du Centre-Ville de Sherbrooke.
1 cinéma. 2 rues. 4 bars. 8 restaurants. 1 soirée bien arrosée à chaque fois.
10. COMME DANS DIXIÈME
L’autobus gratis, les loyers bon marché et la bière pas chère ont vite fait de Sherbrooke une des villes les plus prisées au Québec pour étudier. Cela ne s’est cependant pas fait sans conséquence. Sherbrooke est aujourd’hui la dixième ville la plus pauvre au Canada aux côtés d’Oshawa et Sudbury. Pas grave, on crée de la richesse, qu’ils disent.
DIS AUX GENS QUE TU VIENS DE SHERBROOKE ET ILS TE PARLERONT DE…
JEAN (JOHN JAMES) CHAREST
Avant d’être le premier ministre contesté (hypocrite) qu’on connaît aujourd’hui, Jean Charest a été président de son école secondaire, la polyvalente Montcalm.
Selon les dires de ses collègues de classe, même à l’époque, il avait tendance à revenir sur l’ensemble de ses décisions.
« CHAUFFER MANUEL »
Il y a beaucoup de côtes à Sherbrooke. C’est vrai que c’était un bon endroit pour apprendre à conduire une voiture manuelle. Un peu comme quand les marathoniens vont s’entraîner en altitude, j’imagine.