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À Saint-Henri, on se fait regarder de haut par Westmount, à la fois figurativement et littéralement, mais ça nous dérange pas ben ben.
Anciennement un quartier de cols bleus, en plein embourgoisement depuis quelques années déjà, Saint-Henri, c’est le petit secret bien gardé de ceux qui y habitent. On y remarque une certaine migration des jeunes couples (souvent avec enfants) branchés (ok, je vais le dire, qu’on en finisse : HIPSTERS) qui désirent se sauver du Plateau ou du Mile-End… C’est ben correct, en autant que vous ne répandiez pas TROP la bonne nouvelle.
Pour voir Saint-Henri en images, c’est par ici!
1. Le restaurant A.A.
André Anousos (vous voyez d’où vient le nom?) tient la barre de ce restaurant depuis 50 ans (les banderoles de la fête sont encore sur les murs). Il en a maintenant 70 et des poussières. Il arrive vers 7-8 heures en chignant un peu et ferme la place, et ce, pratiquement tous les soirs. On aime ou on déteste sa poutine sauce brune (un peu sucrée, avec un petit goût de cannelle) mais on ne peut résister à la poutine italienne (surtout généreusement arrosée de la sauce spéciale à sous-marins) et au cheese bacon. La steam dans les vitres, la game du Canadien à l’écran, l’air un peu bourru d’André et les weirdos qui chambrent en haut et qui tuent le temps au resto contribuent à faire de cet endroit un incontournable. Et si vous avez une p’tite soif, le bar Pierre juste à côté (le nom de son fils, qui travaille aussi au resto – on voit un thème ici) vous offre rafraîchissements, karaoké et machines à vidéopoker.
2. La bouffe en général
Ici, j’opterai pour une simple énumération pour illustrer mon point : Tuck Shop. Campanelli. Le H4C.Grumman 78. Léché Desserts. Ludger. Café Saint-Henri. Satay Brothers. ‘nuff said.
Mention spéciale au Miracle, au Green Spot et bien entendu à AA.
3. La rue Notre-Dame et ses contrastes
Boutique de faux cheveux (avec mannequins aux seins monstrueux dans la vitrine pour attirer la clientèle (?)), restaurant fusion fancy, magasin d’entraide communautaire, salon de « massage », microtorréfacteur, église latino, les Assurances Lafaille (cordonnier bien chaussé?), boutique vintage, ancien commerce barricadé : ce qui fait la beauté de la rue Notre-Dame (et de Saint-Henri au complet), c’est sa diversité. Les endroits plus branchés y côtoient les endroits les plus crades (c’est aussi valable pour les individus), et personne ne bronche. On y trouve de plus en plus de commerces (notamment le barbershop Notorious, la boutique du Campanelli, la boutique Bonfire et Allo Vélo) qui reflètent la nouvelle crowd du quartier mais qui ne tentent pas d’oblitérer le passé.
4. Le Fattal
Les lofts Fattal, c’est un peu comme un timewarp : tu te croirais transporté en plein milieu d’un squat du Lower East Side dans les années 80. Il y a des lofts, des annexes raboutées, des graffitis et des chars enneigés jusqu’à la moitié des fenêtres. Des gens y vivent, d’autres y jouent de la musique, d’autres y tiennent des vernissages ou des ventes, et plusieurs font tout ça à la fois. Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui reste au Fattal (dans le doute, y’a toujours Zombie Boy.)
5. Les édifices (commerciaux comme résidentiels) et l’histoire
Saint-Henri, c’est un peu The Land That Time Forgot. On sent que le quartier est vieux (en fait, il portait auparavant (genre au 17e siècle) le nom des Tanneries – un arrêt important de la route des fourrures – puis Saint-Henri-des-Tanneries, pour finir en Saint-Henri) et qu’il roule sa bosse depuis un bout déjà. Tout est un peu patché tout croche. Chaque promenade te fait découvrir plein de racoins (genre l’îlot perdu en dessous de Turcot). Plein de petites maisons qui ont l’air de rien sont en fait patrimoniales. Et au beau milieu de tout ça poussent moult projets de condominums (y viennent d’où, ce monde-là?), qui respectent plus ou moins le style de l’endroit. Qu’on soit pour ou contre la gentrification, on doit avouer que ça cadre avec l’éclectisme de Saint-Henri. C’est peut-être juste dans ma tête, mais j’ai l’impression qu’ici, les gens se côtoient sans problème. Si t’achètes un condo à Saint-Henri, t’acceptes de facto de dealer avec les weirdos qui pleurent la fermeture des Bas prix Taty.
6. Le verdissement
Les projets de verdissement fleurissent à Saint-Henri et dans l’arrondissement du Sud-Ouest. Parmi eux, on compte des projets de ruelles vertes ainsi qu’un projet unique à Montréal : le woonerf Saint-Pierre (mot qui veut dire « rue conviviale » en néerlandais). Inauguré à la fin de l’été dernier, ce projet a transformé une ruelle plutôt décrépie en espace vert dont toute la collectivité pourra profiter. Transformer un îlot de chaleur en îlot de fraîcheur où on pourra circuler, jardiner, se mettre en forme sur des exerciseurs urbains (je prévois aller traîner dans le coin uniquement pour cette source infinie de lol), se promener et se reposer, tout ça en tenant compte de l’avis des citoyens? C’est ici que ça se passe. On espère que cette initiative entraînera les autres arrondissements dans le droit chemin.
7. La track de chemin de fer
Saint-Henri est traversé par le chemin de fer. Ce que ça signifie? Peu importe où tu dois te rendre et combien pressé tu es, tu vas immanquablement rester pogné à attendre que le train finisse de passer. Si ça t’arrive, pogne pas les nerfs. Profite plutôt de ce moment pour te laisser bercer par le doux son du train, et pense à tes réussites, à des chatons ou des lapins, aux raisons qui font que la vie est belle… et ne pense surtout pas aux accidents ferroviaires, près comme loin. Je te l’assure, ça fait du bien.
8. Le marché Atwater
Idéalement situé, le marché Atwater est tout simplement parfait. On le reconnaît de par son superbe bâtiment art déco (que l’on doit à Ludger et Paul-Marie Lemieux, duo père-fils d’architectes ayant conçu plusieurs édifices à Saint-Henri, dont la caserne de pompiers et le Bain Saint-Henri). Un de mes moments préférés de la vie, c’est m’y rendre à vélo pour ensuite m’écraser sur le bord de l’eau et lire en mangeant un sorbet du Havre-aux-glaces. (J’y ai toutefois aussi vécu mon moment le moins préféré de la vie, soit me faire pogner aux gags Juste pour rire.) Mes seules doléances : pourquoi, mais POURQUOI fermer à 18 h le lundi-mardi-mercredi? On vit dans un quartier ouvrier, nous autres!
9. Le canal de Lachine
Le canal, c’est l’une des choses que j’aime le plus. Comme il a longtemps été la plus grande voie maritime de la région (avant que le Saint-Laurent vienne faire son frais chié), il est responsable de l’industrialisation et de l’urbanisation de l’arrondissement. Les explorateurs européens qui voulaient tant trouver un chemin vers la Chine l’ont donc ainsi nommé (leur quête, quant à elle, a eu les résultats qu’on connaît). Je vous ferais bien un résumé de toute son histoire, mais la seule chose que j’ai retenu, c’est le LAC À LA LOUTRE. Ce lieu historique national (ben oui toi!) nous offre une piste cyclable de 15 km (dont la plus belle qualité est son absence de dénivellation), des activités nautiques (merci aux gens qui font du paddleboard pour le divertissement), plein de verdure, des tours guidés, du camping, des activités, parfois de la bouffe de rue, l’Esplanade du Centenaire… J’ai aussi vu des gens y pêcher, mais je ne vous le recommanderais pas.
10. Son emplacement idéal
Saint-Henri est délimité par la 720 au nord, le canal de Lachine au sud, la rue Atwater à l’est et l’autoroute 15 à l’ouest, ce qui signifie qu’on peut se rendre pas mal partout en peu de temps. Envie d’aller chez Joe Beef/Liverpool House/Vin papillon/Nora Grey/Patrice Pâtisserie? 5-10 minutes vers l’est. Au centre-ville? 5 minutes (pis une pas pire côte) vers le nord. On est proche de l’eau, proche des principaux accès aux autoroutes, proche de tout le reste du Sud-Ouest, pis on peut se rendre à Hochelaga rapidement par la 720. (Toutefois, une chance qu’il n’existe aucune raison valable d’aller à Villeray pis à Saint-Léonard, parce que c’est loin.)
P.S.: Pour mieux comprendre ce qu’est mon quartier, je vous conseille le classique de cinéma-vérité À Saint-Henri le cinq septembre d’Hubert Aquin (et un peu moins la suite-hommage À Saint-Henri le 26 août, mais ça, c’est mon avis à moi), ainsi que le roman Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, dont la maison en coin figure dans la galerie photo (je vous rassure : c’est moins plate que dans vos souvenirs de cours de français de secondaire IV.)
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