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Connaissez-vous Roxboro? Détrompez-vous, ce n’est pas dans le fin fond à côté de St-Clin-Clin-des-Meu-Meu. À part d’être le nom d’une station de train jumelée à Pierrefonds, c’est aussi un voisinage sympathique en banlieue de Montréal – mais sur l’île là! Et moi, eh bin, je viens de là: du West Island.
Ne me prenez pas en pitié; Roxboro a sa rue principale et sa gang de rue. Tout pour dire que je viens de Montréal, dans le fond.
1. La Source
Au début de son existence, Roxboro était un quartier riverain offrant à ses résidents une détente de la grand’ ville, aux abords de La Source, devenu par la suite le Boulevard Des Sources, et de la Rivière des Prairies. Roxboro fêtera son centième anniversaire en 2014. Autrefois reconnue en tant que communauté indépendante de la grande Ville de Montréal, Roxboro a d’abord été fusionnée à l’arrondissement Dollard-des-Ormeaux en 2002, puis à Pierrefonds en 2006. Une île, une ville, qu’ils disaient. Reste que les citoyens du vrai Roxboro sont restés solidaires envers leur ville, laissant trôner les armoiries de la ville sur le drapeau de la bibliothèque: Per aspera ad Astra! (Par des sentiers ardus jusqu’aux étoiles – la référence est inconnue pour tous, ne vous inquiétez pas).
2. Le train de banlieue: trajet direct vers « la ville »
Les citoyens roxborois sont chanceux de compter dans leur voisinage un train de banlieue. Chose qui, d’ailleurs, met Roxboro sur la mappe de la STM. Reste que, pour les amis de l’Ouest, n’importe quelle destination située près d’un métro est considérée comme « en ville ». Villeray, Plateau, HoMa, peu importe. Même les gens de Lachine/LaSalle sont plus urbains que notre gang.
3. La gang de rue
Revenons sur la gang de rue: la RoxBox Crew (qui a pour accronyme RBC) c’est la bande des « durs » de Roxboro. Leur repère se situe tout près du (seul) dépanneur de Roxboro, le Dép-à-tout, entre la station de train de banlieue et le Salon de shisha. Longtemps, la gang a marqué son territoire avec des graffitis « RBC » sur le toit de la piscine ou du Centre de dépannage (ils n’offraient pas des services bancaires confortables, eux).
4. La rue principale
Le repère de RBC est en plein centre-ville de Roxboro, dans le fond. Juste à côté de la rue principale. Sauf que cette rue principale là, elle ne s’appelle pas Ste-Cyrille, elle s’appelle rue du Centre Commercial. Bon, centre commercial est un bien grand mot: le seul commerce qui ait survécu à l’économie de Roxboro depuis ma naissance, c’est la friperie. Même la Caisse Pop a décidé de déménager il y a 2-3 ans. Dans mon jeune temps, on y retrouvait un sympathique cordonnier. Il vendait des patins pour la patinoire du quartier. C’était comique parce que des fois, tu te retrouvais avec les patins trop petits d’un de tes amis.
5. Les chilling spots
Si t’avais un peu peur de chiller à la station de train, il te restait pleins d’endroits de qualité à explorer. Roxboro compte entre autres un parc naturel: l’île de Roxboro. Les habitués la connaîtront sous le surnom d’Île aux chats: endroit de prédilection pour les beuveries juvéniles et autres fiestas de nuit, l’île est, de jour, un attrait naturel sympathique pour les adeptes de la rivière des Prairies. On peut même y percevoir, de l’autre côté de la rive, les domaines richissimes de l’île Bizard. Pour les trips bouffe ou autres sorties gourmandes, le Pizza Gigi était gage de qualité à bas prix. Pizza, poutine ou spaghetti boulettes, le tout pour moins de 20$ juste au coin de Gouin. Quelques-uns osaient ensuite s’aventurer sur la terrasse du Salon de shisha, petit commerce qui rassemble la communauté arabe de l’Ouest-de-l’île dans un local de 10 mètres de long, pas plus.
La bibliothèque de Roxboro, c’était un peu le chilling spot des plus intellos. En revenant de l’école primaire Lalande, j’allais là pour chatter sur Caramail dans le temps qu’internet était encore dial-up pi que ma mère ne lâchait pas le téléphone. L’été, il y avait du bricolage d’organisé et on pouvait faire des colliers en macaroni. C’était éducatif. Ça a été une grande révélation quand la carte de bibliothèque a été changée et que là, on pouvait avoir accès aux livres des autres bibliothèques de la Ville de Montréal. Parce qu’on va se le dire, ce n’est pas à Roxboro qu’il y a la plus grande sélection de bouquins. Des fois, avec ma mère, on faisait une grosse sortie et on prenait le train jusqu’en ville pour aller à la Grande Bibliothèque. Ma mère le prévoyait deux semaines d’avance. Quand on feelait moins sortie, on allait plutôt à celle de Pierrefonds. Y’avait des fenêtres en forme de hublot pi on pouvait s’asseoir pour lire à côté. C’était un des avantages de notre défusion de Dollard-des-Ormeaux en 2004 pour se fusionner à Pierrefonds début 2006.
(PS: Chère si-charmante-madame-de-la-biblio, je suis désolée pour les frais de retards toujours impayés.)
6. Le «coin des riches»
Dans le début des années 2000, un intrus a vu le jour dans le quartier: le Domaine Roxboro. Un nouveau quartier plus aisé s’est vu construire au grand désespoir de ses voisins et de l’ancienne forêt de Roxboro. Reste que plusieurs jeunes ont aussi traîné là, explorant les maisons à moitié construites. L’architecture allait faire pas mal changement des maisons à paliers des alentours. Pour les citoyens qui habitaient dans ces dites maisons, le nouveau développement était le nouvel attrait du quartier. Après le souper, on allait se promener dans «le coin des riches».
7. Le ghetto de Roxboro
Il y a toujours un envers de la médaille. Ce pourquoi, même dans notre petite ville de 6000 habitants, il y avait aussi un «ghetto». Il n’avait l’air de rien à côté d’À Ma Baie, le fameux ghetto de Pierrefonds où habitaient (probablement sans exception) tous les joueurs de football des écoles secondaires de l’Ouest-de-l’île. Notre « ghetto » à nous était situé tout près du « centre-ville » et de ses commerces, du train, de l’école Lalande et de la piscine. La seule raison pour laquelle on surnommait ce coin-là le ghetto, c’était qu’au lieu d’y habiter des bungalows ou des maisons à paliers, on y habitait plutôt des semi-détachés. Si seulement tous les ghettos pouvaient avoir cette définition! Bon ok, ils étaient aussi un peu plus proches du repère de RBC.
8. Les écoles primaires et leurs secrets
Dans mon quartier, il y avait trois écoles primaires – une française, une anglaise, et une grecque. Respectivement: Lalande, connue pour avoir le meilleur parc d’amusement, Charles A. Kirkland (jusqu’en 2007, parce qu’elle a été achetée par l’école privée Charles-Perreault), dont les plus futés connaissaient le raccourci pour se rendre de Roxboro vers le Jean Coutu sur Des Sources, et l’école Socrates, qui a accueilli les exploits d’escalade de plusieurs jeunes venant chiller sur son toit.
9. Le soccer
Les jeunes polyglottes se mêlaient dans les tournois de soccer estivaux. Pour le tournant du millénaire, la ville avait concocté des habits vert et or, et sur la bande or il y avait pleins de 2000. Le budget de Soccer Roxboro avait été flambé cette année-là, parce que la fusion de Montréal se faisait sentir et DDO Soccer allait prendre le dessus. Souvent, c’étaient les pères des uns ou des autres qui se proposaient comme entraîneurs des équipes. Certains (dont moi) criaient à l’injustice du haut de leurs trois pommes, jaloux de ne pas être sur le jeu autant que les fils et filles des coachs. Avec le recul, je me dis que ça devait bien contribuer à l’implication citoyenne, à l’esprit de communauté… Pour se rendre aux joutes, il fallait bien connaître ses repères: c’est au parc de la 18e, de la 11e ou de la 9e ce soir? Parce que oui, l’originalité a manqué quand est venu le temps de nommer les rues, qui sont toutes numérotées ou presque. Ça doit m’avoir pris 15 ans avant de comprendre: les avenues sont à la verticale et les rues à l’horizontale (ou le contraire, dépendamment d’où tu te tiens). Mais attention, plusieurs de ces rues ont des tournants…
10. L’hiver roxborois, ou le règne du déneigement Da Silva
Quand la neige pose son premier lit blanc sur l’hiver roxborois, les poteaux de déneigement Da Silva poussent dans les rues comme de la mauvaise herbe. Quand j’y habitais, rares étaient ceux qui ne faisaient pas déneiger leur entrée par la compagnie, dont le gérant avait été gardien au chalet de Roxboro. Dans le temps, Roxboro pouvait se vanter d’être le seul quartier des alentours qui ne permettait pas à ses citoyens de poser des *@*$&?$# d’abris tempo. Pi là, y’a eu la fusion.
L’hiver annonçait aussi le temps des joutes de hockey, de la glissade hivernale et de l’achat de patins usagés chez le cordonnier. Et bientôt, aussi, la pièce de théâtre mettant en scène la naissance de Jésus lors de la messe de Noël à l’Église Marie-Reine-de-la-Paix. «Glooooo – oooo – oooo – oooo – RIA In ex-cel-sis Deeeee-eeee-oooo», chantaient fièrement les enfants devenus angéliques, tout de blanc vêtus.
11. Le chalet de Roxboro, quartier général du sôôôcial
La vie de quartier bien sympathique, c’est aussi l’avantage de grandir dans une petite communauté tissée serrée. Quand la distance entre l’entrée et la sortie de la ville se marche en moins de 30 minutes, on peut bien se vanter de connaître (de vue, au moins) pas mal tous les habitants. Ça en fait du monde avec qui potiner ça!
Les quelques 6000 Roxborois de souche peuvent se vanter d’avoir connu la maison hantée des pompiers à la mairie, la glissade hivernale du parc de la 11e – qui a valu plusieurs points de suture aux jeunes aventuriers du quartier, les soirées spaghetti à piscine, la fête de Roxboro, la journée sécurité à bicyclette du Club Optimiste, les rendez-vous au chalet de Roxboro… Shout out à mon enfance roxboroise.
Je te souhaite de rester authentique, chère ville de mon enfance!
RIP Roxbox, mais bon centième aussi, parce que dans nos cœurs t’es loin d’être morte.
1914-2002 // 1914-2014
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