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J’ai longtemps été ambivalente par rapport à ma ville natale, choisie complètement par hasard par mes parents quand est venu le temps de fonder une famille. Pas aussi mainstream que Longueuil ou Boucherville, mais pas aussi cute et rurale que L’Assomption.
On n’a pas de légendes, on n’a pas de sorcière, pas de patois particulier ni de lac où se baigner. Malgré tout, Repentigny vaut le détour. Regard sur une ville-phare de la région administrative numéro 14.
1. Auparavant une station balnéaire, désormais…?
Autrefois, on la surnommait Repentigny-les-bains, grâce à ses nombreux spots baignables, ce que les anciens vous confirmeront probablement. Jadis, pour les gens de l’extérieur, Repentigny était un oasis de tranquillité, une contrée verdoyante où la vie était douce. Oui, il fut un temps où Montréal était jalouse de nous. Quelques décennies plus tard, l’eau brune a pris le dessus et plus personne ne se baigne dans la Rivière L’Assomption de crainte de pogner le tétanos ou quelque chose du genre, sauf peut-être quelques bums en quête de sensations fortes.
2. Repentigny, si loin mais si proche à la fois
Frustration, haine et gros soupirs: voilà les sentiments qui habitent tout repentignois en soif d’escapade montréalaise. Ça prend vingt minutes en char pour arriver dans la métropole, mais la 3 prend un bon 35 minutes bien tassées pour t’amener jusqu’à Radisson? Après avoir payé 4,80$ le trajet (4 piasses et 80!!!), c’est un peu insultant. En tout cas moi quand j’étais jeune, ça coûtait 3,25$ (pis on trouvait ça cher) pis il fallait marcher 20 minutes jusqu’à l’arrêt le plus proche. J’imagine que depuis le temps, les transports en commun se sont améliorés.
3. Quand crème à glace et quincaillerie se rencontrent
Un des bienfaits de la fusion avec Le Gardeur est qu’on peut désormais s’approprier la fameuse crèmerie sur Notre-Dame où il est permis, et même encouragé, de payer sa crème molle avec de l’argent Canadian Tire. Jusqu’à tout récemment, c’était même inscrit sur le panneau d’affichage en bord de route. Jamais des billets de quincaillerie à cinq cennes n’auront été aussi utiles. Évidemment, le monsieur de la crèmerie te jette un regard noir si tu arrives genre 15 minutes avant la fermeture, mais la cerise sur le sundae, c’est qu’il est content si tu payes en argent Canadian Tire. Il va dire quelque chose qu’on sous-titrerait « inaudible » au cinéma et va te faire un cornet trapu et très laid.
4. La Sacoche avec un grand S
Qu’on aime Jésus ou non, l’église en forme de sacoche, près du défunt Cinéma Plaza Repentigny, fait l’unanimité. Même pas besoin de le dire, ça frappe l’imaginaire des gens à un point tel que tout le monde est d’accord pour l’appeler « La Sacoche ». Pour en avoir la preuve, tapez « église » et « sacoche » dans Google. La Sacoche et tellement trop en forme de sacoche qu’on a du bâtir le clocher à l’extérieur de la structure. Qui sait ce qui est passé par la tête de l’architecte qui l’a construite cinquante ans plus tôt? Mystère. Mais j’oserais dire que la Sacoche est sans contredit un vibrant symbole de ma ville.
5. Chat…mort?
À Repen, niaise pas avec les dépanneurs. Le plus important s’appelle Chamard (et fils), et le monde de l’extérieur me fait une face bizarre quand je dis qu’on fait un arrêt au « Chat mort ». Normal, il n’existe que trois chanceux portant ce nom de famille à Repentigny. Les Chamard ont compris assez vite que les trois choses qui vendent, c’est la bière, les chips et les bonbons. À preuve, on t’accueille, à l’entrée, avec une gigantesque arche faite de caisses de Coors Light Iced Tea. C’est une véritable institution qui compte non pas une, non pas deux, mais trois succursales. Trois succursales sur le même boulevard, face à face. C’est ben pour dire, on aime tellement le Chamard qu’on snobe la SAQ à 20 mètres en achetant notre vin là.
6. Vie nocturne à Repen
Je dois admettre qu’adolescente, je trippais plus sur les soirées de sous-sol que de retrouver la gang au Skratch, sauf que ce serait de mauvaise foi de dire que le nightlife repentignois est inexistant. Le bar La Ripaille, sans contredit une institution, tient le fort depuis les années 1970. Vous allez me dire, on a un, nous aussi, un bar avec de la publicité pleine de fautes en bord de route, qui annonce les ailes de poulet pas chères ou le festival du homard. Mais quel bar peut se vanter d’avoir accueilli, en 1996, les Cowboys Fringants à leurs balbutiements? La Ripaille. C’est plate à dire, mais maintenant, on peut dire que la carrière d’un tel (David Usher) est sur un down quand doit fait un show à la Rip’.
7. Youhou, le patrimoine?
On dit parfois de Repentigny que c’est l’une de plus vieilles villes dans la région de Montréal. Pourtant, si ma ville a bien des qualités, on ne peut pas dire qu’elle soit très forte sur la conservation du patrimoine. Le « Vieux-Repentigny » se limite à quelques rues de bungalows des années 1950. Pour le reste, on fait le saut quand on voit une maison centenaire, qui, anyways, a été reconvertie en salon de coiffure la plupart du temps. Si vous faites un peu de recherche, vous verrez qu’on insiste beaucoup sur le vieux moulin comme trésor archéologique repentignois. Pris hors contexte, le moulin est vraiment super, mais dans son environnement réel, il est comme « neillé » dans les fils électriques et le béton.
8. Le petit Jésus ne serait pas fier de moi
Repentigny est supposée être la ville qui compte le plus grand nombre de croyants au Québec, selon un vieux sondage. C’est aussi la ville où les gens sont le plus heureux. Y a-t-il un lien à faire? Va savoir. En fait, c’était un peu chien de ma part de parler juste du moulin plus haut, on a quand même une très vieille église, vieille de plus de 300 ans, qui a résisté aux années 1980 : l’église de la Purification, où j’ai personnellement fait mes premiers pas (et derniers) de comédienne en jouant deux années de suite dans la crèche vivante. Dans le temps, j’avais triché à un tirage pour pouvoir jouer la Sainte Vierge, parce qu’évidemment c’était LE rôle hot (désolée les filles). Quoi qu’il en soit, j’ai été punie en devant dealer avec un bébé Jésus pas commode pantoute.
9. De l’amusement
Comment s’amusent les jeunes à Repen? Où sont les places cool où se tenir? Que faire quand on est à l’âge où la bière, c’est pas bon? Au primaire, mon spot préféré était le dépanneur Paradis (normal, mon école était juste en face), où j’allais régulièrement faire le plein de Archie’s et de jujubes à une cenne. Après ça, il y a eu le cinéma, (qui n’existe plus, d’ailleurs, supplanté par le Cinéma Triomphe à Lachenaie), où c’était de bon ton de finir les fêtes d’amies. Pour ce qui est des ados, je pense pouvoir dire sans me tromper que les jeunes chillent toujours dans les parcs et vont toujours se montrer leur char dans le stationnement du Tims.
10. On a quand même des parcs
On peut chiâler sur toutes sortes d’affaires. On peut dire que Repentigny, vu qu’elle est sciée en deux par la 40, nous oblige à traverser un mautadine de viaduc chaque fois qu’on veut aller quelque part (à moins d’être du bon bord!). Cependant, pas besoin d’aller faire un tour au Botanix quand on veut s’entourer d’un peu de verdure; le Parc Saint-Laurent, qui accueille annuellement le party de la Saint-Jean, fait très bien la job. Et, même si on ne peut plus se baigner dans le fleuve, une façon le fun de profiter de la rive est de se rendre tout au bout du Parc de l’Île Lebel, de traverser les herbes hautes jusqu’à un immense bloc de béton, qui offre une vue imprenable sur les factries de Varennes, l’autre côté du fleuve. La twist, c’est qu’on ne sait jamais qui est allé fricoter là une heure plus tôt. À vos risques et périls!
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