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Pour moi, Rawdon, c’est là où j’ai appris à jouer à “kick la cacanne”. C’est aussi là où j’ai pris ma première débarque de “bicyle à pédale”. Voici donc un portrait en dix étapes de ce petit coin de pays situé en bordure de la 125. Si tu ne viens pas de Lanaudière, tu ne sais pas où c’est.
1. Tchin la CAQ!
Siroter un vin de fraises est possible à Rawdon. À l’origine de ce dérivé, Christine Rivest cultive le Kildare dans l’ombre du plateau laurentien. Avec leurs voisins « farmer », les Rivest sont sortis au front quand Hydro-Québec a voulu fracturer leur plaine. À la demande des élus péquistes, le tracé sera finalement modifié. « Nous voyons une première lumière au bout du tunnel, mais ce n’est pas fini. Les dernières semaines ont été très silencieuses. Nous restons sur nos gardes », a indiqué Marie-Michelle Breault. Château-fort indépendantiste, la région a pris de la valeur avec la création de la CAQ. Par le passé, les investissements n’ont jamais eu une grande valeur politique. Quoi qu’il advienne, d’un bord comme de l’autre, on la croyait acquise. Majorité oblige, à défaut d’un amphithéâtre de 400M$, on aura la paix.
2. Rawdon Beach
Difficile de trouver plus stéréotypé que le stationnement du centre d’éducation aux adultes de Sainte-Thérèse. On y entre, porté par les « subs » des Civic modifiées, traversant le smog des fumeurs massés tout près des portes. À l’intérieur, un laminé d’un Rawdonnois, symbole de ceux qui ont passé au travers. Martin Deschamps a fait vibrer son « Quand! » aux quatre coins du Québec. En dépit de son handicap, il a pris la relève de Gerry, la voix d’Offenbach. Sur une scène flottante, Deschamps est revenu faire danser ses fans de la première heure, les pieds dans le sable. Un rocker et sa beach, la Rawdon beach.
3. Des chemins de verre
Comme vous pouvez vous l’imaginer, la beach est un peu « frette » en hiver. On a eu l’idée d’y dessiner des chemins de verre. Sur la glace, un philosophe lasse ses patins. Il est 6h30 du matin. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit-on. Mais ça, ce n’est pas de « Viat ». Sa philosophie est plutôt la suivante : Lorsqu’il fait frette, on arrose. Lorsqu’il neige, on déneige. Plusieurs visites à l’hôtel de ville lui ont permis d’étayer sa thèse. L’idée commence à faire son chemin chez les administratifs. Il ne serait pas si fou le vieux moustachu, même si bien souvent, il patine le vent dans face. En passant, Cormier n’est jamais venu à Rawdon, mais on aimerait ça. Cormier sur des chemins de verre, il me semble que ça « fitterait »?
4. Dommage collatéral
Rawdon est l’un des rares bastions anglophones au milieu de villages où l’on baragouine le YESNOTOASTER. La période post-référendaire ne fut pas sans heurts. Les « discos » étaient devenus prétexte à la tape sur la « yeule ». Une cueillette d’armes blanches dans les cèdres bordant le cimetière a poussé Moïse Piuze à agir. Gardien de la maison des jeunes, « Mo » était au cœur de cette tension juvénile. Lors d’une soirée organisée, les jeunes n’ont pas eu le choix de se parler. Les choses se sont passées. Le Rawdonnois moyen ne sonne pas comme Radio Radio. Autour d’une bière, il passe d’un anglais « à peu près » à un français « so so », dans l’ordre et dans le désordre.
5. Rêver en couleur
Elliot nous accueille à l’aréna de Rawdon. Un terrain vague jonché par des débris industriels à l’ombre de la polyvalente. Les explications sont aussi nombreuses que farfelues et seule Marie-Maude Denis pourra un jour faire la lumière sur cette histoire. Ce que l’on sait cependant, c’est que les milliers de dollars tirés des poches des Rawdonnois sont disparus dans la brume. Une brume épaisse. Pourquoi Elliot sourit-il alors? C’est qu’il garde espoir. La rumeur d’une patinoire digne de ce nom plane sur Rawdon. Plusieurs pensent qu’Elliot rêve en couleur. Et ils ont amplement raison. Elliot rêve en Bleu-Blanc-Bouge.
6. Pluie de citrouilles
Si Rawdon n’est pas Saint-Élie-de-Caxton, Rawdon a sa part de légendaire. Le concierge du couvent Marie-Anne rapporte une pluie de citrouilles. C’est arrivé il y a quelques années. Le concierge prenait son café sur le perron du couvent quand il s’est aperçu qu’il avait les orteils dans « le gluan t». Il faut dire que la vue de Rawdon, du toit du couvent, permet d’avoir une vue panoramique sur la ville. Un très beau spot comme on dit. S’il y avait une place où averser, c’était là. Bien entendu, il est strictement défendu d’y grimper. STRICTEMENT. Si vous passez dans le coin du couvent, n’hésitez pas à venir saluer le concierge. C’est un amateur de bon rouge.
7. Caaaarl Carmoni!
Charlevoix a vécu Raymond Malenfant. Saint-Eustache entretient son Jean-Guy Mathers. Rawdon a aussi été marquée au fer par son homme d’affaire « controversé », Jean-Pierre Godin. Manger une crème molle à la Patate à Gogo a été un arrêt obligatoire pendant de nombreuses années. Impossible de comptabiliser le nombre d’ados boutonneux qui ont passé leurs étés à éplucher des patates dans « les meilleures conditions ». La Patate à Gogo n’est plus. Dans l’élan des bulldozers, elle a disparu avec son mini-putt et son lance-balle, laissant place à une magnifique construction en brique beige. Jean-Pierre Godin, qui a aussi été propriétaire du Inn night club (le campus universitaire de Rawdon), se la coule douce au Pontbriand. L’histoire ne dit pas s’il s’ennuie d’entendre raisonner les Caaarl Carmoni! La Ri-vière! LAaaaaa RIVIÈRE! LA RI-VIÈRE!
8. Le temple irlandais
Parmi sa variété culturelle, Rawdon compte son lot d’Irlandais. Bien visibles avec leurs yeux pochés et leur bouche pâteuse lors de la Saint-Patrick, les amateurs de trèfle avaient tendance à s’effacer le restant de l’année. C’était avant l’ouverture du Sim’s, le temple irlandais. Les fidèles du Sim’s (on dirait une chapelle) s’y rendent pour la bière de micro-brasserie et la terrasse qui donne sur le lac. La vue sur la beach, bien entendu. Des œuvres d’art témoignent d’un choix de connaisseurs, principalement dans les toilettes des hommes. Roland est non seulement le moine en chef du Sim’s, mais également son plus célèbre danseur. Le poids des années sont assez visibles sur sa carapace, Roland connaît beaucoup d’histoires. Des racontables et des limites. Armé de sa marchette, il franchit quotidiennement le kilomètre qui le sépare de sa peinte de Harp, tout ça en pensant à la première danse.
9. Un été à la commune
Cargué dans sa chaise pliante, P-E déguste sa Coor’s. Bédaine à l’air, il est la version champêtre du chest-bras. De leur roulotte, ses voisins ont une vue imprenable sur celui dont ils ont entendu tous les sons et vu tous les « racoins ». C’est ça la vie au Camping ensoleillé. C’est un peu celle des communes des années 1970. On partage beaucoup de choses, particulièrement les odeurs, particulièrement après quelques Coor’s. Pas de ménage à faire, pas de gazon à tondre, mais beaucoup de Coor’s. On raconte qu’après plusieurs canettes, lorsque le feu est à son apogée, l’esprit de Nipissingue se dévoile au-dessus des chutes. Après tout, elles ne sont que l’autre bord de la rue. C’est signe que Paul-Émile va bien dormir, mais peut-être pas ses voisins.
10. Babyboom le village
Avec son melting pot culturel, on aurait pu penser que Rawdon a toujours été d’une ouverture proverbiale pour la différence. Toutefois, à une époque pas trop lointaine, impossible pour un Irlandais anglophone catholique de fréquenter une Canadienne anglophone anglicane. Ça se faisait pas. Vous devinerez que le métissage des langues n’était pas non plus chose courante même si ça frenchait en masse aux Chutes. Heureusement, les temps changent. Je ne sais pas si ce sont les Françaises qui ont un nouveau penchant pour les joueurs de cornemuse ou si ce sont les Anglaises qui… Bref, vous avez compris. Anglaises ou Françaises, à Rawdon, ce sont les femmes qui mènent. À travers le mélange de «yesoui», ça babyboome le village.
Rawdon en images
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