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[…] mais non ce n’est pas loin, c’est la ville juste à côté de Dorval! Tu sais où il y a l’aéroport! – Aaaah, cool. (Signifiant Je-sais-où-est-l’aéroport-mais-je-suis-rarement-allé-plus-loin-que-ça-par-contre-sur-l’île.)

Lorsque j’ai dit à mes collègues que j’allais écrire sur Pointe-Claire, on m’a rétorqué que toutes les villes de l’Ouest-de-l’Île ressemblaient aux banlieues américaines. A priori, il est vrai que ses parcs, ses maisons homogènes aux pelouses bien coupées, ses nombreuses piscines municipales, son train de vie lent et paisible alimentent le cliché de ville banlieusarde tranquille, voire oisive. Sous un joug anglophone de surcroît. Toutefois, il serait présomptueux de penser que Pointe-Claire ce n’est que ça. C’est une ville qui peut s’avérer charmante, une ville qui vit au fil de l’eau, une ville dédiée au bien-être de ses citoyens en misant sur une panoplie de services et de loisirs.

Bien que je n’y réside plus depuis quelques années, j’y ai grandi pendant 20 ans et j’apprécie toujours autant retourner dans mon Pointe-Claire, cette ville hétéroclite avec son village pittoresque, ses grands centres commerciaux impersonnels et la magnificence de son fleuve. Plusieurs facettes, plusieurs raisons de l’aimer.
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Pour voir Pointe-Claire en images, c’est par ici!

1. Bienvenue à/Welcome to Pointe-Claire

La ville est bordée par le Lac St-Louis (là où le fleuve s’élargit). C’est fort joli comme en témoignent les têtes grises qui se baladent en vieilles décapotables, les hordes de cyclistes et les promeneurs de chiens dès qu’il y a un dimanche ensoleillé; scène typique de ce 5 km fluvial. Ce parcours ravissant est d’autant plus remarquable par la splendeur architecturale qui se dresse derrière la pancarte de bienvenue lorsqu’on arrive de Dorval. Le bâtiment barricadé et couvert de graffitis, un des seuls édifices abandonnés dans cette « ville modèle », est définitivement une incongruité du paysage. J’ai dans mes souvenirs que jadis c’était une école primaire. Jusqu’à tout récemment, il y avait d’ailleurs une pancarte : « A loué. Ècole ou Èglise. » Tous les francophones du quartier sont déçus qu’elle soit désormais enlevée mais, vu l’état des lieux, je ne pense pas qu’il y ait de nouveau locataire. Des preneurs? La vue est magnifique, je vous jure!
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2. Une ville archétype

Si je savais jouer à SimCity et que je voulais créer une ville bien pratique pour ses citoyens, je m’inspirerais certainement de Pointe-Claire. Son centre civique 5 étoiles comprend un amalgame de tous les services municipaux possibles. Mise en situation très réaliste d’une famille le samedi matin : L’aînée fait du tutorat à l’école secondaire anglophone et du bénévolat à l’hôpital Lakeshore (situé à deux minutes), le père passe à l’hôtel de ville et va assister à la pratique de hockey du cadet à l’aréna, la benjamine suit son cours de natation au centre aquatique pendant que la mère lit à la bibliothèque. Tous vont ensuite au spectacle des élèves de l’école primaire francophone. S’ajoutent le poste de police et la caserne de pompier qui ne cadraient pas vraiment dans mon histoire. Le tout dans le même quadrilatère en plein cœur névralgique de la ville! Pointe-Claire, une ville efficace.
P.S. Mea culpa, j’ignore où est passé le skate park qui a dû céder sa place au 2e bassin olympique.

3. Le Village

À Pointe-Claire, quand on dit qu’on va dans le Village, personne ne pense à l’est du Quartier Latin montréalais, mais plutôt à quelques petites rues charmantes longeant le bord du lac à l’extrémité ouest. Des boutiques, des restaurants, des cafés, des salons de coiffure, des maisons ancestrales, des librairies, des artisans, un vrai village dans une ville! Parmi les commerces dignes de mention, on pense entre autres à la pizzeria Gigi, à la Première Compagnie de Paniers (l’endroit où tu trouvais un cadeau pour la fête des mères) et, bien entendu, au Wild Willy’s, notre institution de crème glacée faite maison (je n’en reviens pas encore qu’un Bilboquet se soit installé à 300m de là). Parfois, on y allait pour le King Kong, un chapeau contenant 15 boules qu’on partageait avec famille et amis. Le personnel prenait alors une photo de nous arborant fièrement notre délice glacé et la mettait dans sa vitrine. Le défi c’était d’essayer de reconnaître nos amis en attendant en file. La tradition persiste encore, mais le Wall of Fame est dorénavant sur Facebook. Wild Willy’s 2.0. s’est d’ailleurs fait refaire une « beauté » : le zébré cédant la place au jaune et aux palmiers en plastique. Les goûts ne se discutent pas. Ah oui, votre compagnon pourra également y avoir une surprise, car ils font de la crème glacée pour chiens!
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Parce qu’un village chaleureux et invitant était apparemment insuffisant, il y en a un second, le Village de Valois, qui est assez peu glorieux. À part quelques exceptions, les commerces aux allures et noms douteux semblent lutter pour leur survie. Je leur souhaite bonne chance.

4. Ces endroits préférés de nos aînés

Comme toute bonne ville qui se respecte et qui veut créer un espace de climatisation pour ses amis de l’âge d’or, on a notre Plaza Pointe-Claire. Bien que récemment agrandie de façon plus moderne, la Plaza qu’on connaît c’est le Ted’s (le magasin de jouets où on achetait des billes dans le temps), le magasin de bonbons en vrac (Papillon, qui est en fait une épicerie bio), le Club vidéo old school qui occupe toujours le 2e étage au complet et les racks de linge pour très jeune ou très âgé en plein milieu du corridor.
Un autre lieu propice aux retraités est le Centre culturel du Stewart Hall, une sorte de grand manoir au bord du lac. J’admets qu’il y a quand même une pléthore d’activités pour toute la famille qui peuvent être très agréables tels des concerts, des spectacles pour enfants, des expositions d’art, une chorale, des cours de musique, de poterie, de tissage… Mais le Club des Philatélistes du Lakeshore (un des plus importants au Québec avec 170 membres) et le Club des Numismates du Lakeshore a quand même sa clientèle cible. On s’entend.
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5. Une ville qui t’encourage à te mettre en forme

Il faut savoir que la ville est divisée par l’autoroute 20 et plusieurs voies ferrées. Pour se rendre du Nord au Sud ou vice-versa, un système fort élaboré de tunnels et de passerelles a été conçu. À chaque kilomètre environ, il y a un moyen pour traverser de l’autre bord. Dit de même, vous pouvez penser wow comme c’est pratique! À tort. Admettons que vous viviez dans Pointe-Claire Sud et que vous vouliez aller au dépanneur le plus près, situé dans Pointe-Claire Nord. Le dépanneur est juste derrière vous. Un oiseau s’y rend en deux temps, trois mouvements. Vous n’êtes pas un oiseau. À votre droite, 500m de marche et il y a un tunnel. À votre gauche, 500m de marche et il y a une passerelle. Quoi que vous choisissiez, vous aurez ensuite un autre 500m de marche pour revenir sur vos pas, mais de l’autre côté. Tout ça pour un paquet de gomme et un Mr. Freeze? C’est un pensez-y bien. Au moins, pendant la canicule estivale, les tunnels sont toujours frais et la vue du haut de la passerelle est quand même le fun!
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6. Yo, on a des clubs! (Mais pas de nightlife)

En effet, bonne chance pour trouver une piste de danse endiablée à 1h du matin. À la place, voilà ce que la ville propose à condition d’être bon avec les acronymes. C’est pas mal un pré-requis avant de se lancer dans une discussion sur le sujet. Je vais tenter de vous clarifier tout ça :
  • D’abord, il y a le PCYC (Pointe-Claire Yacht Club), puis le PCCC (Pointe-Claire Canoë Club). Attention de ne pas le confondre avec le PCC (Pointe-Claire Curling)!
  • Le PCSC (Pointe-Claire Swim Club) et le PCDC (Pointe-Claire Diving Club) s’entraînent au PCAC (Pointe-Claire Aquatic Center).
  • Juste à côté à l’aréna, on retrouvera le PCFSC (Pointe-Claire Figure Skating Club), le PCIHL (Pointe-Claire Intermediate Hockey League) et le PCOT (Pointe-Claire Old Timers, du hockey pour les 35 ans et plus).
  • Finalement, on retrouve le PCASA (Pointe-Claire Amateur Soccer Association). J’en oublie probablement, mais ce sont les plus importants à connaître pour faire partie du PCPLNC (Pointe-Claire Pour Les Nuls Club, seul groupe fictif et francophone du lot).
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Mention honorable aussi au Club de Golf Beaconsfield (qui est bel et bien situé à Pointe-Claire) et, particulièrement, une pensée pour sa pente qui rappelle de bons souvenirs hivernaux avec luges et crazy carpets.

7. La pointe de Pointe-Claire

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8. Es-tu sauveteur ou travailles-tu au Fairview?

Avec ses 7 piscines extérieures et ses 3 piscines intérieures (pour 30 000 habitants), Pointe-Claire regorge de sauveteurs et de moniteurs de natation. C’est sûr que tu n’as pas à aller plus loin que le cousin du meilleur ami du fils de ton voisin pour en trouver un. Gros maximum. Si c’est l’emploi étudiant par excellence, il y en a qui finissent aussi par y passer leur vie.
L’autre option, c’est d’aller porter des C.V. au Fairview. Oui, ce centre d’achats-là. Nomme-moi une chose que tu connais du West Island? Le Fairview sortira 4 fois sur 5. Ado, les chances d’y croiser une connaissance sont de 99,9%. Le terminus de bus du Fairview s’est bâti une solide réputation également avec ses jeunes bums et gang de thugs. Lorsqu’un article sort sur quelqu’un de grièvement blessé qui s’est fait frappé, il y a de fortes chances que ce soit là. Quand je suis allée le photographier, un agent de sécurité de la STM et un policier montaient la garde. À 14 heures. Un dimanche. Pour vous dire.
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9. Sortir à/de Pointe-Claire

Sortir à Pointe-Claire ne fera jamais les manchettes, mais on peut passer de bonnes soirées dans certains établissements. La brasserie Le Manoir sur le Boul. St-Jean (ou comme les gens disent « boul. St-John », wonder why) est un incontournable : cet espèce de gros shack a une ambiance fort agréable les soirs de match ainsi que l’été sur l’immense terrasse. Dans le village, on a assisté à la renaissance du resto-bar Le Pionnier qui a repris sa place sur le défunt Clydes. Si vous êtes fan de spectacles amateurs de vieux rock, c’est la place où aller. Si vous êtes trop dépaysé par les landes hostiles du West Island, vous pouvez vous rassurer dans des valeurs sûres comme le McKibbin’s ou Les 3 brasseurs. Et si vous vous sentez téméraire, essayez le Bar Hymus et la Taverne du Green Hornet qui requièrent une certaine connaissance de la faune des environs avant de s’y hasarder.
Les habitants aiment la familiarité de leur partie occidentale de l’île et auront tendance à rester dans les bars des environs. Songer sortir à Montréal est pratiquement exotique et, à moins d’y étudier ou d’y travailler, on tente de l’éviter. Il faut dire que le dernier train de banlieue quittant le centre-ville est à 21h15. C’est tôt en maudit, même pour les baby-boomers qui veulent aller au festival de jazz. Et inutile de mentionner le taxi, hors de prix.
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10. Sans oublier

Le parc naturel Terra Cotta est décrit comme un « îlot naturel de 45 hectares ayant pour vocation la conservation et sillonné par plus de 6 km de sentiers » et blablabla. Allô, c’est une forêt (avec des moustiques) au milieu de la ville. Nul ne sait ce que tu peux y faire et y retrouver une fois le crépuscule tombé… Attention quand même, car à Pointe-Claire, il y a des couvre-feux. Tu as beau faire du tai-chi, du frisbee ou vendre des substances illicites, si tu te trouves dans un parc à partir de 23h, une amende de 75$ tu auras. Pointe-Claire, une ville d’oiseaux de nuit.