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Sur les rives de la riviÚre Richelieu, juste en face de sa jumelle et rivale Beloeil, se trouve une charmante municipalité renommée pour ses légendes, mythes et autres histoires fantastiques: Mont-St-Hilaire.
1. Les ivrognes de la montagne
Les gens de la montagne de Saint-Hilaire ont toujours Ă©tĂ© diffĂ©rents de ceux du village le long du Richelieu. Autrefois, on les appelait souvent des mĂ©crĂ©ants, des paĂŻens qui nâallaient jamais Ă lâĂ©glise. Câest vrai quâils habitaient loin de la riviĂšre. CâĂ©taient surtout des pomiculteurs qui vivaient donc de la vente des fruits de leurs vergers. Ils trompaient leur isolement en buvant le cidre quâils fabriquaient Ă partir de leurs pommes. Dans la paroisse, tout le monde savait quâils buvaient bien plus leurs pommes quâils les mangeaient!
2. Le fou de la montagne
Il y a toutes sortes de gens au mont Saint-Hilaire, mĂȘme des fous. Le plus connu dâentre eux arriva ici il y a une centaine dâannĂ©es. Le vieux bonhomme ne voulait parler Ă personne, il fuyait dans les bois de la montagne du moment quâon sâapprochait de lui. Pour les paroissiens, câĂ©tait un vieux fou. Il vĂ©cut comme ça plusieurs annĂ©es jusquâĂ temps quâil disparaisse. On apprit que ce qui lâavait amenĂ© dans le fond des bois de Saint-Hilaire, câĂ©tait un immense chagrin amoureux. Le pauvre fou avait calculĂ© quâaprĂšs une telle peine il fallait se retirer du monde!
3. Le lac pas de fond
Autrefois, on avait le droit de pĂȘcher au lac Hertel mais quand des pĂȘcheurs se sont mis Ă ramasser des esturgeons « ça de long », une façon de dire quâils mesuraient un mĂštre, un mĂštre et demi de long, on a commencĂ© Ă se poser des questions. On sâest dit que ces gros poissons arrivaient par des passages secrets depuis les lacs des environs et mĂȘme, une fois parti, depuis le lac Champlain. Mais les hommes de science de lâUniversitĂ© McGill se sont dĂ©pĂȘchĂ©s de faire des sondages : il nây avait pas de passage secret. Câest Ă©tonnant, câest depuis ce moment-lĂ quâon ne pĂȘche plus de gros poissons!
4. Le trou du diable
Il y a deux cents ans, des habitants se promenaient dans la forĂȘt tout Ă cĂŽtĂ© du lac Hertel quand lâun dâentre eux manque de tomber dans un gros trou. On essaye de trouver la profondeur de ce trou-lĂ , impossible, câĂ©tait trop creux. On a commencĂ© Ă penser que cette ouverture dans le sol menait tout droit Ă lâenfer, que câĂ©tait le trou du diable. DâaprĂšs la lĂ©gende, les paroissiens morts en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel durant lâannĂ©e remontaient de lâenfer pour aller visiter leur paroisse une derniĂšre fois avant de revenir brĂ»ler pour lâĂ©ternitĂ©. La montagne, câest la porte de lâenfer et le paradis des lĂ©gendes!
5. Le fantĂŽme du manoir
Chaque annĂ©e, dans la nuit du 5 aoĂ»t, les visiteurs du manoir ont la chance, si on peut dire, dâentendre un fantĂŽme Ă©cossais qui joue de la cornemuse. Le fantĂŽme se promĂšne dans les combles depuis la mort du seigneur Campbell pour rappeler que celui-ci a failli aux devoirs sacrĂ©s de lâhospitalitĂ© dans la noblesse Ă laquelle il appartenait.
Le fantĂŽme lui apparut rĂ©guliĂšrement jusquâĂ sa mort dans la nuit du 5 aoĂ»t 1872. Et depuis ce temps-lĂ , chaque annĂ©e, le fantĂŽme Ă la cornemuse rĂ©apparaĂźt au manoir durant cette nuit funeste. En tout cas, câest ce quâon raconte!
6. Le nid dâamour des patrons montrĂ©alais
Autrefois, les gens riches fuyaient les villes oĂč lâatmosphĂšre irrespirable transportait des maladies contagieuses et ils venaient passer lâĂ©tĂ© Ă la campagne. LâhĂŽtel du mont Saint-Hilaire Ă©tait tout prĂšs de MontrĂ©al et le train passait Ă ses pieds plusieurs fois par jour. Les patrons en profitĂšrent bientĂŽt pour venir y passer la journĂ©e avec leur maĂźtresse. Le nid dâamour des bourgeois montrĂ©alais fut bientĂŽt connu comme un lieu de perdition morale. Les visiteurs sĂ©duisaient les femmes de mĂ©nage de la paroisse. Un mari jaloux dĂ©cida que câen Ă©tait trop et mit le feu Ă lâhĂŽtel Iroquois en 1895.
7. Le rebelle qui vivait dans une boĂźte dâallumettes
Mont-Saint-Hilaire a eu son rebelle. Pas un patriote de 1837 mais un artiste rebelle, Paul-Ămile Borduas. Au cours des annĂ©es 1940, le peintre commence Ă exĂ©cuter des Ćuvres abstraites quâon appellera bientĂŽt des Ćuvres automatistes. Il veut crier son besoin de libĂ©ration et publie un Refus global aux contraintes de la sociĂ©tĂ© conservatrice. Il perd son emploi et doit se rĂ©fugier dans sa maison de Saint-Hilaire. Cette maison, il lâa construite selon les principes les plus avant-gardistes et elle est faite et de lâassemblage dâun cube et dâun rectangle. Les habitants se moquent de cette maison et lâappellent bientĂŽt la boĂźte dâallumettes!
8. Le sculpteur manchot
Tout le monde sait que Mont-Saint-Hilaire est une ville dâart. Mais on sait moins que lâun de ses artistes les plus cĂ©lĂšbres, Jordi Bonet, nâavait quâun bras. Il avait une dizaine dâannĂ©es lorsquâil tombe dâun arbre; sa blessure est mal soignĂ©e et on doit lâamputer du bras droit. Avec lâaide de son pĂšre, il apprend Ă se servir de son bras gauche tout en sâouvrant au monde de lâart. Il vivait alors en Espagne et il dĂ©mĂ©nage au QuĂ©bec dans les annĂ©es 1950. Il devient dessinateur, peintre, cĂ©ramiste, sculpteur et muraliste. Comme quoi la dĂ©termination et le talent aident Ă vaincre les plus grandes difficultĂ©s.
9. Le cheval blanc
Tout le monde Ă Mont-Saint-Hilaire a entendu parler du cheval blanc, surtout les vieux. Vous ne trouverez pas ce cheval-lĂ dans une Ă©curie mais sur le versant de la montagne, et encore seulement une partie de lâannĂ©e. En fait, le cheval blanc, câest une masse de glace qui prĂ©sente vaguement la forme dâun cheval blanc et qui apparaĂźt au moment de la fonte des neiges. La glace fond trĂšs lentement. Un vieil adage rĂ©pandu chez les cultivateurs prĂ©tend quâil ne faut jamais commencer Ă semer dans les champs avant la disparition du cheval blanc parce quâun gel inattendu pourrait dĂ©truire toutes les semailles.
10. Le nombril du Québec
Au cours des annĂ©es 1980, on a commencĂ© Ă voir de plus en plus de soucoupes volantes au QuĂ©bec. Leurs trajets se recoupent au-dessus du mont Saint-Hilaire. La montagne est le point focal de ces objets volants, elle devient vĂ©ritablement le nombril du QuĂ©bec! On commence Ă voir des soucoupes volantes en plein jour et durant la nuit, elles sont parfois trois, quatre stationnĂ©es au-dessus de la montagne. BientĂŽt, un illuminĂ© dĂ©clara que le mont Saint-Hilaire Ă©tait la porte de sortie des intraterrestres, des humanoĂŻdes qui rĂ©sidaient Ă lâintĂ©rieur de la Terre et qui sortaient de la montagne pour sâen aller en soucoupe volante. Ils doivent ĂȘtre tous partis : on nâen voit plus!