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Mont-St-Hilaire

Par
Pierre Lambert
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Sur les rives de la riviÚre Richelieu, juste en face de sa jumelle et rivale Beloeil, se trouve une charmante municipalité renommée pour ses légendes, mythes et autres histoires fantastiques: Mont-St-Hilaire.

1. Les ivrognes de la montagne

Les gens de la montagne de Saint-Hilaire ont toujours Ă©tĂ© diffĂ©rents de ceux du village le long du Richelieu. Autrefois, on les appelait souvent des mĂ©crĂ©ants, des paĂŻens qui n’allaient jamais Ă  l’église. C’est vrai qu’ils habitaient loin de la riviĂšre. C’étaient surtout des pomiculteurs qui vivaient donc de la vente des fruits de leurs vergers. Ils trompaient leur isolement en buvant le cidre qu’ils fabriquaient Ă  partir de leurs pommes. Dans la paroisse, tout le monde savait qu’ils buvaient bien plus leurs pommes qu’ils les mangeaient!

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2. Le fou de la montagne

Il y a toutes sortes de gens au mont Saint-Hilaire, mĂȘme des fous. Le plus connu d’entre eux arriva ici il y a une centaine d’annĂ©es. Le vieux bonhomme ne voulait parler Ă  personne, il fuyait dans les bois de la montagne du moment qu’on s’approchait de lui. Pour les paroissiens, c’était un vieux fou. Il vĂ©cut comme ça plusieurs annĂ©es jusqu’à temps qu’il disparaisse. On apprit que ce qui l’avait amenĂ© dans le fond des bois de Saint-Hilaire, c’était un immense chagrin amoureux. Le pauvre fou avait calculĂ© qu’aprĂšs une telle peine il fallait se retirer du monde!

3. Le lac pas de fond

Autrefois, on avait le droit de pĂȘcher au lac Hertel mais quand des pĂȘcheurs se sont mis Ă  ramasser des esturgeons « ça de long », une façon de dire qu’ils mesuraient un mĂštre, un mĂštre et demi de long, on a commencĂ© Ă  se poser des questions. On s’est dit que ces gros poissons arrivaient par des passages secrets depuis les lacs des environs et mĂȘme, une fois parti, depuis le lac Champlain. Mais les hommes de science de l’UniversitĂ© McGill se sont dĂ©pĂȘchĂ©s de faire des sondages : il n’y avait pas de passage secret. C’est Ă©tonnant, c’est depuis ce moment-lĂ  qu’on ne pĂȘche plus de gros poissons!

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4. Le trou du diable

Il y a deux cents ans, des habitants se promenaient dans la forĂȘt tout Ă  cĂŽtĂ© du lac Hertel quand l’un d’entre eux manque de tomber dans un gros trou. On essaye de trouver la profondeur de ce trou-lĂ , impossible, c’était trop creux. On a commencĂ© Ă  penser que cette ouverture dans le sol menait tout droit Ă  l’enfer, que c’était le trou du diable. D’aprĂšs la lĂ©gende, les paroissiens morts en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel durant l’annĂ©e remontaient de l’enfer pour aller visiter leur paroisse une derniĂšre fois avant de revenir brĂ»ler pour l’éternitĂ©. La montagne, c’est la porte de l’enfer et le paradis des lĂ©gendes!

5. Le fantĂŽme du manoir

Chaque annĂ©e, dans la nuit du 5 aoĂ»t, les visiteurs du manoir ont la chance, si on peut dire, d’entendre un fantĂŽme Ă©cossais qui joue de la cornemuse. Le fantĂŽme se promĂšne dans les combles depuis la mort du seigneur Campbell pour rappeler que celui-ci a failli aux devoirs sacrĂ©s de l’hospitalitĂ© dans la noblesse Ă  laquelle il appartenait.

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Le fantĂŽme lui apparut rĂ©guliĂšrement jusqu’à sa mort dans la nuit du 5 aoĂ»t 1872. Et depuis ce temps-lĂ , chaque annĂ©e, le fantĂŽme Ă  la cornemuse rĂ©apparaĂźt au manoir durant cette nuit funeste. En tout cas, c’est ce qu’on raconte!

6. Le nid d’amour des patrons montrĂ©alais

Autrefois, les gens riches fuyaient les villes oĂč l’atmosphĂšre irrespirable transportait des maladies contagieuses et ils venaient passer l’étĂ© Ă  la campagne. L’hĂŽtel du mont Saint-Hilaire Ă©tait tout prĂšs de MontrĂ©al et le train passait Ă  ses pieds plusieurs fois par jour. Les patrons en profitĂšrent bientĂŽt pour venir y passer la journĂ©e avec leur maĂźtresse. Le nid d’amour des bourgeois montrĂ©alais fut bientĂŽt connu comme un lieu de perdition morale. Les visiteurs sĂ©duisaient les femmes de mĂ©nage de la paroisse. Un mari jaloux dĂ©cida que c’en Ă©tait trop et mit le feu Ă  l’hĂŽtel Iroquois en 1895.

7. Le rebelle qui vivait dans une boüte d’allumettes

Mont-Saint-Hilaire a eu son rebelle. Pas un patriote de 1837 mais un artiste rebelle, Paul-Émile Borduas. Au cours des annĂ©es 1940, le peintre commence Ă  exĂ©cuter des Ɠuvres abstraites qu’on appellera bientĂŽt des Ɠuvres automatistes. Il veut crier son besoin de libĂ©ration et publie un Refus global aux contraintes de la sociĂ©tĂ© conservatrice. Il perd son emploi et doit se rĂ©fugier dans sa maison de Saint-Hilaire. Cette maison, il l’a construite selon les principes les plus avant-gardistes et elle est faite et de l’assemblage d’un cube et d’un rectangle. Les habitants se moquent de cette maison et l’appellent bientĂŽt la boĂźte d’allumettes!

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8. Le sculpteur manchot

Tout le monde sait que Mont-Saint-Hilaire est une ville d’art. Mais on sait moins que l’un de ses artistes les plus cĂ©lĂšbres, Jordi Bonet, n’avait qu’un bras. Il avait une dizaine d’annĂ©es lorsqu’il tombe d’un arbre; sa blessure est mal soignĂ©e et on doit l’amputer du bras droit. Avec l’aide de son pĂšre, il apprend Ă  se servir de son bras gauche tout en s’ouvrant au monde de l’art. Il vivait alors en Espagne et il dĂ©mĂ©nage au QuĂ©bec dans les annĂ©es 1950. Il devient dessinateur, peintre, cĂ©ramiste, sculpteur et muraliste. Comme quoi la dĂ©termination et le talent aident Ă  vaincre les plus grandes difficultĂ©s.

9. Le cheval blanc

Tout le monde Ă  Mont-Saint-Hilaire a entendu parler du cheval blanc, surtout les vieux. Vous ne trouverez pas ce cheval-lĂ  dans une Ă©curie mais sur le versant de la montagne, et encore seulement une partie de l’annĂ©e. En fait, le cheval blanc, c’est une masse de glace qui prĂ©sente vaguement la forme d’un cheval blanc et qui apparaĂźt au moment de la fonte des neiges. La glace fond trĂšs lentement. Un vieil adage rĂ©pandu chez les cultivateurs prĂ©tend qu’il ne faut jamais commencer Ă  semer dans les champs avant la disparition du cheval blanc parce qu’un gel inattendu pourrait dĂ©truire toutes les semailles.

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10. Le nombril du Québec

Au cours des annĂ©es 1980, on a commencĂ© Ă  voir de plus en plus de soucoupes volantes au QuĂ©bec. Leurs trajets se recoupent au-dessus du mont Saint-Hilaire. La montagne est le point focal de ces objets volants, elle devient vĂ©ritablement le nombril du QuĂ©bec! On commence Ă  voir des soucoupes volantes en plein jour et durant la nuit, elles sont parfois trois, quatre stationnĂ©es au-dessus de la montagne. BientĂŽt, un illuminĂ© dĂ©clara que le mont Saint-Hilaire Ă©tait la porte de sortie des intraterrestres, des humanoĂŻdes qui rĂ©sidaient Ă  l’intĂ©rieur de la Terre et qui sortaient de la montagne pour s’en aller en soucoupe volante. Ils doivent ĂȘtre tous partis : on n’en voit plus!