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La ville de la semaine : Moncton

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Plaque tournante des Maritimes, première ville canadienne officiellement bilingue et capitale des centres d’appels, Moncton est également la fière propriétaire de la mascotte la plus creepy de la Ligue Nationale de Basketball (oui toi, Maximus le bodybuilder gris pas de face).

Mais au-delà de tout ça, Moncton c’est surtout le centre urbain de l’Acadie (sorry Caraquet), la birthplace du chiac, et une maudite belle place à vivre si tu peux endurer les maringouins.

J’aime ma ville natale pour mille et une raisons. En voici dix.

Pour voir Moncton en images, c’est par ici!

1. Moncton est chill

Moncton, c’est une ville relaxe. Tu veux aller à l’école en pyjama ? Vas-y fort. La lumière est verte et tu bouges pas? Pas de trouble, on va attendre la prochaine. Pas la peine de sortir le klaxon pour ça.

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À Moncton, on se soucie assez peu des formalités. Pas de vouvoiement ni de monsieur/madame ici. À preuve, notre ancienne députée accueillait les dignitaires avec des hugs enthousiastes au lieu de poignées de main. Au diable le protocole, bienvenue à Moncton.

Mais attention, n’allez pas croire qu’on est mous pour autant. En 1968, quand le maire a refusé de reconnaître la communauté francophone de la ville (presque 40% de la population), il s’est réveillé avec une tête de cochon sur le perron. Faique choque-nous pas trop, parce qu’on risque de virer Godfather ben assez vite!

2. On a la rue St George

La St George a le double honneur d’être à la fois la rue la plus douteuse et la plus branchée en ville. Que t’aies le goût de prendre une microbrew artisanale sur une terrasse ou de chanter du karaoke avec des motards, la Saint-George est là pour toi. C’est le type d’endroit où tu peux magasiner ton crack en buvant un smoothie au wheatgrass bio du resto vegan installé dans l’ancien sex-shop. Tu vois le genre.

À noter qu’à Moncton, quand on dit d’une femme qu’elle « travaille sur la Saint-George », on n’a pas besoin de préciser de quel métier on parle (mais c’est pas « faiseuse de smoothies au wheatgrass »).

3. Et le Frenchy’s

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On a peut-être le plus gros centre d’achats en Atlantique, mais on s’en fout, parce qu’on a le Frenchy’s. Plus qu’une simple friperie, c’est l’endroit où l’on fait tomber les barrières entre les classes sociales autour d’un bac de vêtements usagés. Tout le monde magasine chez Frenchy’s, peu importe le contenu de son portefeuille, et on n’a pas honte de partager nos meilleures trouvailles. Mentionne le Frenchy’s près d’un groupe de madames, et t’auras droit sans faute à l’histoire de la fois où Ginette a trouvé une paire de Levi’s à 2$ avec l’étiquette encore dessus. Essaye, tu verras.

Il y a plusieurs Frenchy’s, mais on sait tous lequel est le meilleur (à Shédiac, près de l’autoroute), quand y aller (au tournant de chaque heure, quand ils remplissent les bacs), et quelle technique utiliser (on pousse tout du même bord, et on procède par élimination).

4. C’est une ville avec de l’ambition

Après une série de creux économiques successifs assez profonds depuis son incorporation en 1875 (la devise de la ville, « Resurgo », veut dire « Je me relève », si ça te donne une idée), Moncton est finalement dans une bonne passe, et se permet de voir grand pour la première fois depuis des décennies. Maintenant, chaque fois qu’on réussit à avoir un gros événement (genre un show de U2 ou des Rolling Stones), tout Moncton se félicite haut et fort d’être devenu une destination internationale de première classe pour des groupes du genre. Mais entre nous, on se targue surtout d’être plus hot qu’Halifax.

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Pendant ce temps, dans la capitale néo-écossaise, personne ne semble être au courant qu’il existe une rivalité entre nos deux villes. C’est assez unilatéral notre affaire.

5. On loue nos films au Spin-It

Ici, on a un magasin de location de DVD qui fonctionne à la planche. Non, c’est pas parce qu’on n’a pas encore découvert Netflix, c’est parce que le Spin-It est mille fois mieux. Nomme un film et ils l’ont. C’est aussi simple que ça. T’aimes le art-house suédois des années 40 ? Spin-It. T’es dans la mood pour un chick-flick coréen en noir et blanc au sujet d’une gang de cannibales ? Spin-It. Un western spaghetti de l’espace avec une distribution composée entièrement de Burkinabés nains ? Spin-It.

6. « T’es la fille à qui ? »

À Moncton, comme dans n’importe quelle communauté acadienne, toute conversation avec quelqu’un de plus de 65 ans comprend immanquablement la phrase suivante :

« T’es la fille à qui, toi? ».

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Parce qu’ils aiment ça savoir s’ils connaissent tes parents, mettons.

Le problème, c’est que Moncton c’est quand même une assez grande ville, où des gens viennent de partout pour s’établir. Ça fait qu’une conversation qui durerait 30 secondes dans un village de 200 habitants (« Ah, t’es la fille à Gerry ! ». Fin.) devient un exercice assez ardu de défrichage d’arbre généalogique dans une ville qui en compte 140 000:

– Ah, t’es une petite Cormier toi, hein ??

– Ouaip.

– Les Cormier de Caraquet, ça ?

– Non, de Cap-Pelé

– Ah bon. T’es la fille à qui ?

– Gerry pis Suzanne

– Hmm. Gerry, le frère à Clément qu’a marié la nièce à Joe LeBlanc ?

– Non, Gerry, le garçon à Eusèbe, qui travaillait dans la shop à Donald.

– Donald… Donald Saulnier, ça ? De Saumarez?

– Non, Donald Doiron. Du Cap de Cocagne.

…et ainsi de suite jusqu’à ce que vous retrouviez finalement le cousin de la nièce de ta mère qui a fréquenté le Collège de Bathurst en même temps que son oncle. Et croyez-moi, ça peut prendre du temps.

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7. La Kamikaze, c’est du sérieux

Les gens à Moncton sont divisés en deux groupes : ceux qui ont déjà fait la Kamikaze, et les moumounes. J’assume pleinement mon adhésion au groupe numéro deux.

La Kamikaze, c’est la plus haute glissade d’eau du parc aquatique Magic Mountain. Elle descend à la verticale (ou à peu près). Elle transforme tout maillot en monokini, tous les shorts en g-string. On finit la Kamikaze avec du linge en moins, mais avec un ou deux poils de chest en plus. Parce que la Kamikaze, c’est plus qu’une simple glissade d’eau, c’est un rite de passage. Quand t’es un jeune garçon à l’aube de la puberté, la meilleure façon de prouver ta virilité devant les filles de ta classe, c’est de descendre la Kamikaze. On y monte garçon, mais on en redescend homme.

8. À Moncton, l’eau est brune

Au plein cœur de la ville, il y a la Petitcodiac. Ok, c’est peut-être une rivière brune pleine de bouette, mais c’est NOTRE rivière brune pleine de bouette. Et on l’aime, bon. Avec ses paniers d’épicerie pris dans la vase pis toute.

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Après avoir souffert pendant 40 ans du barrage d’un pont-chaussée, le mascaret (une grosse vague qui remonte la rivière d’un bout à l’autre deux fois par jour) est de retour en force depuis 2010. Grâce à lui, Moncton est récemment devenue une destination de surf, à la grande surprise de quiconque a déjà vu la rivière Petitcodiac ou une destination de surf.

9. Le Hynes

Si tu viens de Moncton, t’as déjà mangé chez Hynes. Tes grands-parents ont mangé chez Hynes. Tes petits-enfants et tous leurs descendants mangeront chez Hynes. C’est là tu sortais pour des hot chicken avec les grands-parents quand t’étais petit, puis où t’es allé vivre tes premiers lendemains de brosse comme adolescent quelques années plus tard.

Si un jour t’as envie d’aller chez Hynes un dimanche matin, je te signale que c’est juste en face de l’église et qu’il est donc primordial d’arriver AVANT LA FIN DE LA MESSE. Parce qu’à dix heures pile, la paroisse St Augustine au grand complet entame sa migration collective de la nef vers le Hynes pour digérer son hostie avec une pointe de tarte au citron quadruple-meringue. Et t’es mieux d’être déjà assis, parce que sinon tu vas te ramasser au Deluxe en bas de la rue avec un fish n’ chips graisseux en maudissant le troupeau de fidèles qui a réussi à avoir une banquette avant toi.

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10. Ici, personne n’utilise l’expression « Ma p’tite madame »

PERSONNE. Ça ne s’est jamais dit dans l’histoire de la ville. Ça vaut quasiment le déplacement juste pour ça.