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l’Isle-aux-Coudres

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L’Isle-aux-Coudres, c’est environ 1 300 personnes plantées en plein milieu du fleuve. J’y ai grandi, mes deux parents aussi, mes quatre grands-parents aussi, etc. Vous y êtes peut-être allé enfants, pendant les vacances familiales, vous avez peut-être fait le tour en vélo avec des amis ou l’avez seulement vu de loin en vous promenant dans Charlevoix (ou dans le générique de votre plaisir coupable : Le temps d’une paix). Ce qui est sûr c’est que vous ne connaissez pas l’Isle tant que vous ne l’avez pas vu à travers les yeux d’un(e) insulaire.

1- Le bateau

On n’entre pas à l’Isle sans passer par là, à moins d’avoir un petit avion, mais c’est moins pratique. La traversée dure environ 20 minutes, selon l’humeur du fleuve. Parlant de fleuve, on va régler quelque chose : on MONTE à Québec (ou Montréal) et on DESCEND à l’Isle. Ça a à voir avec le courant et rien d’autre. Les horaires du traversier fluctuent avec les saisons, aux demies heures l’été, aux deux heures l’hiver, aux heures entre les deux. Mais la traversée Isle-aux-Coudres/St-Joseph-de-la-Rive est comme la bière : après 23h, faut attendre au lendemain matin! Au moins, c’est gratuit.

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2- Les Marsouins

C’est le gentilé non officiel des gens de l’Isle, mais c’est le seul qu’on utilise (c’est tu laid un peu Coudrien!). Pour la petite histoire, l’activité principale de l’Isle a longtemps été la chasse aux marsouins (bélugas) et l’odeur suivait les pêcheurs jusqu’au marché de Québec. Paraît-il que les citadins les accueillaient par un « Tiens, v’là les Marsouins qui arrivent! » C’est resté.

3- La grève

Je ne parle pas ici du conflit de travail du même nom, mais bien du « bord de l’eau ». La grève, c’est du sable gris, des petites roches, du varech et des crans, roches sédimentaires qui s’effritent facilement, mais qui peuvent sans problèmes causer une crevaison ou une hémorragie. Ça sent la mer, on y trouve des coquillages, des bouts de bois, tout plein de petites choses marines! La grève est un excellent endroit pour pique-niquer, faire un feu de camp et se mouiller les orteils. Laissez aller votre créativité, l’avantage, c’est qu’il y en a tout le tour de l’Isle!

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4- Le temps qu’il fait

De par son positionnement hautement stratégique, soit en plein milieu du fleuve, l’Isle-aux-Coudres bénéficie de ce qu’on appelle un microclimat. C’est plus frais en été, mais un peu moins froid en hiver. C’est un phénomène particulier, de voir les nuages et la pluie carrément vous contourner pour aller arroser la Rive-Nord. Ça donne presque l’impression que c’est fait exprès…

5- Jacques Cartier

Il a donné à l’Isle son nom, parce qu’il a vu quelques noisetiers (coudriers) en débarquant de son navire. Pour ceux qui savent encore ce qu’est une messe, sachez également que nous nous targuons d’avoir été le lieu de la première messe au Canada. Il y a probablement quelques résidents d’un village gaspésien en train de hurler « à l’intérieur des terres!! » mais on ne s’obstinera pas pour si peu.

6- Pierre Perreault

Je vous ai parlé des bélugas et du fait qu’on s’adonnait à la pêche de ceux-ci, à l’époque où l’expression « espèce en voie de disparition » n’existait pas encore. Le cinéaste Pierre Perreault, qui affectionnait tellement l’Isle-aux-Coudres et ses habitants qu’il leur a consacré une trilogie dans les années 1960, a d’ailleurs saisi sur pellicule la dernière pêche aux marsouins ayant eu lieu à l’Isle, pour fournir un béluga à l’Aquarium de New York, dans le premier de ces films : Pour la suite du monde (1963), Le règne du jour (1967) et Les voitures d’eau (1968). À noter que Perreault n’est pas le seul cinéaste à être passé sur l’Isle, vous surveillerez le prochain film de Xavier Dolan…

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7- La boulangerie

« Su l’Cap-à-Labranche », se trouve la Boulangerie Bouchard (aucun lien de parenté! bon probablement, mais de très loin), et ce, depuis 1945. Malgré un changement de propriétaire il y a quelques années, la boulangerie est toujours l’un des lieux les plus fréquentés de l’Isle, par les touristes et les insulaires. Les nouveaux propriétaires ont relooké l’endroit et ajouté de nouveaux produits, mais on y trouve toujours les classiques pains ronds, pains de fesses (petites et grosses), galettes levées (brioches), pâtés (certains croches), tartes, etc. Le pain de la boulangerie, c’est un pain blanc bien normal sans flaflas, mais quand on a été élevé avec ça, on reste accroché. J’ai une tante qui a vécu vingt-cinq ans en ville et qui a mangé des toasts avec du pain de la boulangerie tous les matins de sa vie (elle avait un congélateur dédié exclusivement à ses pains). Je dois avouer que moi-même, bien que je sois entourée de boulangeries artisanales, j’ai toujours un ou deux pains de l’Isle dans mon congélateur. Mes collègues trouvent ça très drôle quand j’appelle ma mère pour lui dire de m’apporter des petites fesses.

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8-L’Halloween au printemps

Avant Pâques, selon la doctrine catholique, il faut faire Carême (quarante jours de jeûne et de pénitence). Et à mi-chemin, il y a la Mi-Carême. Autrefois, c’était un soir de pause dans la pénitence, un soir d’exaltation où les jeunes hommes fringants se déguisaient pour aller visiter leurs belles. Aujourd’hui, c’est une fête où on mange, on danse et où les plus dégourdis se déguisent, avec des masques et tout ce qu’ils peuvent trouver, et viennent faire leur tour au party. Ils se promènent en clopinant jusqu’à ce qu’ils soient démasqués, mais pas avant d’avoir offert un tour de gigue. Pendant ce temps, les madames s’épivardent à crier les noms de ceux qu’elles croient deviner sous les costumes, en inspectant la salle pour vérifier les absents. Sont privilégiés les rares « étranges » qui en sont témoins, bravant les glaces du fleuve pour venir participer à cette soirée d’Halloween un peu décalée.

9- Salut Bonhomme!

« Nous autres icitte à l’Isle », on sait s’amuser en hiver. Il fut un temps où le traversier arrêtait avec les glaces et seuls les plus valeureux traversaient en canot à glace pour aller chercher le courrier au Nord et transporter les rares voyageurs. Aujourd’hui encore, l’Isle est l’hôte d’une course en canot tous les hivers, La Grande Taversée, et plusieurs insulaires font partie des équipes qui y participent. L’Isle a également son propre carnaval d’hiver qui, malgré un hiatus de quelques années, a ressurgi récemment pour faire revivre la gloire de notre beau Bonhomme Carnaval bleu. Ce sont plusieurs semaines de festivités, de compétitions (canots, traîneaux à chien) et de célébrations. Et à l’Isle, on a encore nos duchesses et notre reine de carnaval (ce fut ma mère une année, il y a de cela TRÈS longtemps). En plus de la course en canot, l’Isle a une longue tradition, la course de chiens de traîneaux. Ces compétitions ont un rayonnement international et des habitués de partout dans le monde, amoureux de l’hiver, convergent sur l’Isle chaque année pour y prendre part.

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10- Les touristes

Le tourisme est aujourd’hui la principale industrie de l’Isle. Le touriste est une bibitte spéciale qu’on aime parce qu’il nous fait vivre de son charmant commerce, même quand il nous empêche de tourner en rond. Les touristes peuvent être observés dans leur habitat naturel, surtout entre juin et octobre. Ils affectionnent les vélos à 4 ou 6 personnes plus larges que les voitures, freinent sans prévenir parce qu’ils ont vu « quelque chose », font signe aux voitures de ralentir même si on roule à 50 km/h, demandent où est le pont, arrivent avec une voiture remplie de bouffe, convaincus qu’il n’y a pas d’épicerie, sont surpris de voir les routes asphaltées et qu’on ne déménage pas ailleurs l’hiver.

L’Isle-aux-Coudres en images

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