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Vous n’êtes pas vraiment allé dans le nord tant que vous n’êtes pas allés à Lebel-sur-Quévillon (c’est très important de ne pas oublier l’accent!).
Cette petite ville ( et non village! ) située entre Chibougamau et Senneterre au nord du 49ème parallèle compte désormais un peu plus de 2 000 habitants qui se connaissent à peu près tous.
Lieu rêvé pour les chasseurs, pêcheurs, amoureux de la nature et amateurs de ski-doo, cette petite ville tranquillement désertée à cause de la fermeture de son usine a un passé dynamique et rêveur.
1. Loin d’ici, c’est loin en titi!
Lebel-sur-Quévillon (seulement Quévillon pour les intimes) est une toute petite ville située non pas en Abitibi, mais dans le Nord-du-Québec. Pour vous y rendre, seulement deux choix s’offrent à vous. Vous pourrez rouler jusqu’à la « fourche » avant Val-d’Or puis rouler deux heures dans le bois ou bien passer par la magnifique et pittoresque ville de Chibougamau. Si vous choisissez la « fourche », vous passerez par Rapide-des-Cèdres, un magnifique village comptant 2 maisons et un garage abandonné tandis que si vous passez par Chibougamau, des heures et des heures de forêt vous attendent. Sur votre route, orignaux, ratons laveurs et animaux de toutes sortes vous accompagneront, alors soyez prudents! Pour ceux qui détestent faire de la route, vous pouvez toujours prendre l’avion parce que oui, il y a un aéroport à Quévillon!
2. Plus jeune que mon grand-père!
La naissance de la ville de Lebel-sur-Quévillon remonte à un temps pas si lointain. En fait, autour des années 40, de nobles bûcherons vinrent s’installer à Rapide-des-Cèdres afin de défricher « l’Or vert ». La ville tire son nom d’un entrepreneur visionnaire, le père Lebel, qui caressait alors le rêve d’avoir des installations modernes afin d’exploiter tout ce pin noir. Ce n’est qu’en 1963 que son projet se concrétisera et que la compagnie Domtar décidera d’installer une usine à pâte « kraft » moderne aux abords du lac Quévillon. Au même rythme que l’usine se construisit, une petite ville vit le jour dans la péninsule du lac Quévillon. Si vous regardez la ville du ciel aujourd’hui, vous remarquerez qu’elle a la forme d’un arbre. En effet, le centre-ville (on y reviendra!) est le « tronc » et toutes les rues (portant d’ailleurs un nom d’arbre) représentent des branches…. Concept tout de même ces pionniers! Les premiers résidents, dont mon grand-père, issus de partout au Québec, firent leur arrivée en 1966 pour venir y travailler. On peut donc dire que la ville de Lebel-sur-Quévillon est la digne « fille » de l’usine Domtar. Malheureusement, aujourd’hui, l’usine a fermé ses portes et a apporté avec elle le gagne-pain de bien des foyers. Mais bien des espoirs sont tournés vers le marché de la rayonne.
3. Le mur de Quévillon
Ce ne sont pas les loisirs qui manquent à Lebel-sur-Quévillon! Dans ce fameux centre-ville se trouvent le centre d’achat, le complexe communautaire, le parc, l’église, le terrain de baseball, les restos, les écoles et tous les autres magasins. De quoi s’amuser toute la journée! Je suis prête à parier qu’à Quévillon se trouve la seule église située sous une salle de cinéma et ce, dans un complexe communautaire! Je me rappelle le temps où j’étais jeune et que l’été nous devions nous taire dans le cinéma pendant le camp de jour (parce que oui, le camp de jour avait lieu dans la salle de cinéma) pour ne pas déranger la messe en bas. D’ailleurs, en plus d’avoir un cinéma et une église, ce bâtiment abritait l’aréna, les bureaux de la municipalité, la bibliothèque, la salle de curling, la salle de bowling et le casse-croûte servant les meilleures poutines en ville. On dirait presque une mini-version du mur à Fermont!
4. Le bonheur d’avoir du sable dans les fesses
Malgré le fait que ce soit dans le Nord-du-Québec (et non l’Abitibi!), c’est possible d’habiter à deux minutes d’une plage (et de pouvoir en profiter!) à Quévillon. Le lac Quévillon est une vraie richesse pour les habitants de la ville. L’été, en plus du festival nautique et de la prospection de « glaise » pour les jeunes, il est possible de s’y promener en bateau et de pêcher le doré ou le brochet (qu’on rejetait à l’eau parce que le vrai bon poisson était abondant). Petit fait cocasse : Je ne savais même pas que le brochet se mangeait avant de déménager en Outaouais, tellement le doré abondait! Évidemment, la saison de baignade est un peu moins longue puisque les temps froids commencent en août. L’hiver, un vrai village s’organise sur le lac afin de pêcher sur la glace et celui-ci devient le paradis du « ski-doo ».
5. Cédez le passage!
Lebel-sur-Quévillon est l’une des rares municipalités au Québec où les panneaux stop ont été remplacés par des « cédez le passage » à des intersections à angle droit. En vrai, ça signifie que tout le tour de « la principale » (et les vrais de vrais savent ce qu’est « la principale ») il n’y a aucun stop! Et parlant de « la principale », je me rappelle que dans mon jeune temps, en faire le tour était l’un des passe-temps favori de bien des habitants. Mais attention, il fallait le faire à la marche rapide pour ne pas se faire dévorer par les maringouins!
6. Record Guiness
Les habitants de Lebel-sur-Quévillon peuvent se vanter d’avoir collectivement réussi à établir le record Guiness du plus grand feu de la Saint-Jean-Baptiste. En effet, à chaque année est organisé un gigantesque feu de joie qui s’en suit d’une fête bien arrosée qui dure toute la nuit. Pour faire un tel feu, ça prend du bois, et du bois, il y en a tout le tour de la Ville. Et là, on ne parle pas de petites bûches mais bien de troncs d’arbres au complet! Après une plainte de pollution à cause des pneus de voiture qui étaient insérés dans le grand feu pour soutenir le bois, le feu a perdu de son ampleur.
7. Les « cravings » inassouvis
À Quévillon, pas de grande chaîne de restauration rapide pour assouvir un « craving » de fin de soirée. Si une envie de McDonald ou de Tim Hortons vous prend, vous devez vous rendre à Val-d’Or, qui est à environ deux heures de route s’il fait beau! Autrement, vous pouvez toujours vous rendre au restaurant OPC Déli pour manger un bon roteux ou aller vous assoir avec les petites vieilles au resto Can-Can pour boire un petit café.
8. La meilleure place pour être malade !
Ça fait quelques années que j’ai déménagé en Outaouais où la situation dans les urgences est déguelasse (je mâche mes mots!). Si jamais je dois aller à l’urgence, je pense que je vais faire la route jusqu’à Quévillon. Faire l’aller-retour, en plus de « l’attente » à l’hôpital est moins long qu’attendre ici pour se faire dire que t’as une otite. « Je te crois pas! » me direz-vous? Je vous le jure! À Quévillon, quand t’es malade, on ne niaise pas avec ça. T’arrives dans la salle d’attente, tu attends 20 minutes ou 45 minutes si c’est ben occupé et que t’es pas chanceux, tu vois un médecin, tu as ta prescription et tu retournes te coucher dans ton lit!
9. Hôtel-môtel Quévillon, lieu de rassemblement
Un monument de la Ville, qui est malheureusement fermé aujourd’hui à cause du ralentissement économique, est l’hôtel-môtel Quévillon. C’était la place des habitués qui voulaient prendre un verre, la place où on allait bruncher le dimanche matin, la place où tu savais que des histoires « pas catholiques » se passaient. D’ailleurs, ça me rappelle une histoire que mon oncle m’a raconté! Quand il était jeune, il allait veiller là avec ses amis et lors des fins de soirée bien arrosées, tout le monde se lançait les verres et la vaisselle. Ça, c’est sans compter les ustensiles et les verres qui étaient cachés dans les sacoches « pour se monter un trousseau ».
10. Moi?! Un accent?
Quand j’ai enfin sorti de mon trou nordique et que je suis arrivée en Outaouais, je me suis faite traitée de « fille de région ». Parce qu’à Lebel-sur-Quévillon, ça l’air qu’on a un accent! Parce que nous autres, on fait cuire nos toasts dans un « toasteur », on chauffe des « loadeurs », on porte des « soute de neige », on se « parke » pis nos chars ont des « taiyeurs ».
Après avoir écrit cet article, c’est drôle, mais je me sens un peu nostalgique de cette petite ville dans laquelle j’ai grandi et qui m’a apporté tant de beaux souvenirs! J’aurais eu bien des choses à vous dire encore, mais je vous garde sur votre appétit pour vous donner envie de faire un road-trip et d’y aller!