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Laval-des-rapides

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Je viens de Laval-des-Rapides. Pas de Laval. Rien à voir avec Chomedey, Vimont ou Saint-François. Laval-des-Rapides, c’est une ville en soi, unique sur l’île Jésus. (Parce que, pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est ça le nom de l’île sur laquelle repose la Ville de l’Avenir).

Venir de Laval-des-Rapides, c’est en quelque sorte assumer une double identité : d’un côté, on est inéluctablement attachés aux parkings de centres d’achats et aux boulevards sur lesquels les cyclistes ne sont pas la bienvenue; et d’un autre côté, on est ploggué intra-veineuse sur ce qui se passe de l’autre bord de la frontière du code régional. Après tout, ce n’est qu’un gros ruisseau qui nous sépare. Et on a les 3 stations de métro de l’île Jésus nananère!… Petit tout d’horizon pas du tout touristique :

1. De l’huile à moteur jusqu’à l’huile à patate frites

Selon mon recensement scientifique, sur le boulevard Cartier, entre l’autoroute 15 et le boulevard des Laurentides (donc sur 3,3 km), on dénombre pas moins de 7 stations-service qui ont fermé leurs portes dans les 20 dernières années. Il en reste une seule. Ça veut dire qu’il y en avait 8 dans mon temps. Ça fait une station-service à chaque 415 mètres ça. Sur les 7 stations disparues, 3 se sont ramassées dans le Triangle des Bermudes. Les 4 autres ont été reconverties en restaurant : 3 fois La Belle Province et 1 fois feu le Robin’s Donuts. Toutefois, il est bon de préciser qu’une des Belle Province est devenue une Église baptiste roumaine. Évidemment. Esso / Belle Pro / Église baptiste…

2. Les transports en autobus

De mon jeune temps, l’inévitable rivalité entre les circuits d’autobus 20 et 24 alimentait la plupart des conversations reliées à STL. La 20 (et la 20A) sur le bord de la Rivière-des-Prairies, c’était plus joli, mais beaucoup plus long comme trajet, surtout à cause du long détour pour aller chercher les bonnes sœurs au bout de la place où personne ne va jamais sauf les bonnes sœurs. Mais c’était beau. La 24 du boulevard Cartier, tant qu’à elle, était plus « urbaine » : surpeuplée, désagréable, mais rapide et efficace. À ce jour, on n’a pas encore déterminé de gagnant. Notez ici l’oubli volontaire des circuits 33, 35, 37 et 61.

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3. Le tunnel sous la 15
Nous, on a un tunnel. Alors que plein de jeunes rebelles férus de rap-musique souhaiteraient ardemment être équipés d’un tel dispositif de mobilier urbain pour pratiquer leur coup de pinceau, nous on en a un, bien caché en plein milieu d’un quartier résidentiel peuplé à majorité de personnes âgées et/ou en voie de le devenir. À ce jour, à mon grand désarroi, aucun vidéoclip de rap-musique tourné dans ces lieux n’a été répertorié.

4. Meilleure place pour necker
L’Île-aux-Fesses, mains en bas. Alors que les biens pensants de l’administration Vaillancourt (que je salue en passant. Envoyez-moi l’enveloppe à la même place que d’habitude…) voudraient nous faire croire que l’îlot sur la Rivière-des-Prairies entre Laval-des-Rapides et Bordeaux s’appelle île Perry, TOUT LE MONDE sait qu’elle s’appelle en réalité Île-aux-Fesses. Devinez pourquoi…En passant, voici un fait méconnu que je déballe de mon bagage de connaissance : le 3 août 1965, une bombe du FLQ composée de 43 bâtons de dynamite fût désamorcée sous le pont. La raison pour laquelle le FLQ s’y était attaqué tient en 2 lettres : CN, Canadian National…

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5. Notre héros local, Armand Frappier
Armand, c’était pas un héros au sens militaire du terme, mais plutôt au sens scientifique. On imagine qu’il avait dû lire le « Un bon exemple de… » sur Louis Pasteur quand il était jeune parce qu’il a consacré sa vie à la recherche en micro-biologie et en médecine préventive. L’Institut qui porte son nom a créé un effet d’enchaînement qui a mené à la création du Parc Scientifique de Haute Technologie, juste à l’ouest de l’autoroute 15. Anecdote : mes parents l’ont croisé le jour de leur mariage. Il leur a fait cadeau d’un beau billet de 10 dollars.

6. Laval-des-Rapides, haut lieu du savoir
Deux institutions de renommée internationale siègent dans le LDR. Tout d’abord, le Mont-de-La-Salle promulgue un enseignement secondaire de très haut niveau dans un contexte académique rigoureux où la discipline et le calme sont de mise. Bien que je n’ai pas eu la chance moi-même de fréquenter cette légendaire académie, les ouï-dire qui me sont parvenus me laissent pantois de jalousie et d’envie de n’avoir pu faire partie des illustres personnages qui ont marqué l’histoire de cet établissement. L’autre institution à laquelle je fais référence est le Collège Montmorency, aka le Cégep Montmorency, aka Momo. Comme dans l’expression : « J’t’à Momo en sciences humaines. Asti qu’yé sua coche mon prof de philo, el’ gros. Il m’a parlé de Nitche pis de Jean-Claude Sparte.»

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7. Gastronomie et plaisirs de luxe
Chaque ville du Québec a sa « meillleure poutine du monde ». Pas Laval-des-Rapides. En fait, on l’avait, mais on l’a pu. Je m’explique. Ce n’est certainement pas à celle du Patio-Vidal, aka Patio-Vidange que je fais référence. Celle des deux Gérard Patates n’est pas mal, mais ce n’est pas tout à fait ce je cherche. Oubliez celle des 14 Belle Province, de toute façon. Les nostalgiques se rappelleront le grandiose restaurant qu’était « La Poutinière » au coin de Cartier/ Des Lau, et ils penseront qu’ils ont trouvé la clé de mon énigme. C’est vrai qu’avec ses 52 choix de poutines (bien avant le hype de La Banquise à Montréal), La Poutinière faisait un poutine exceptionnelle. Mais ce n’est toujours pas d’elle que je parle. Je veux tout simplement avancer que le minuscule resto « Au Petit Cartier », au coin de Bon-Pasteur et Cartier (aujourd’hui remplacé par un restaurant de falafels) faisait la meilleure-poutine-du-monde®. Pour 4 piastres, avec un Pepsi, c’était une aubaine et un repas monstrueusement savoureux. Je m’en voudrais aussi, dans cette section, de ne pas mentionner le Dairy Queen. Parce que tsé, c’est important à Laval-des-Rapides le Dairy Queen.

8. Célébrations sportives
En 1988, les Jeux Olympiques ont eu lieu à Calgary. En 1993, les Canadiens ont gagné la Coupe Stanley. En 1988, la flamme olympique a défilé sur le boulevard Cartier. En 1993, la Coupe Stanley a défilé sur le boulevard Cartier. Ouais, en l’espace de 5 ans, j’ai eu la chance de voir passer drette au coin de chez nous ces 2 grands symboles de la beauté du sport. Qui peut en dire autant?

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9. Beu!
Très jeune, quand j’allais au Parc Bon-Pasteur, j’étais intrigué par cet étrange endroit surmonté d’une grosse pancarte montrant un boxeur. C’était écrit « Le Beu de Chomedey, Taverne Robert Cléroux, Bar Sportif ». Sauf qu’à l’époque, je ne savais pas lire. Dans ma tête, je pensais que c’était un club de boxe. Un jour, j’ai compris. Je me suis alors dit que quand je serais assez grand pour boire de la boisson, j’irais voir de quoi ça avait l’air en-dedans au « Beu de Chomedey ». Quand j’ai eu 18 ans, c’était déjà devenu le « Bar Sportif Raymon Piley » et je m’en foutais pas mal. Je n’y suis jamais allé. Mais je me demande toujours pourquoi Robert Cléroux n’a pas installé sa taverne qui s’appelait « Le Beu de Chomedey » à Chomedey au lieu de Laval-des-Rapides. Peut-être que j’ai l’esprit trop cartésien aussi…

10. Le village d’Astérix
À l’heure où les grands marchands de disques ont de la difficulté à survivre, même dans les centres-ville, une étrange petite boutique de disques tient toujours le fort au coin de Cartier et de la 15ème Rue. Je me rappelle que j’y suis déjà allé avec mon père dans les années 80 pour acheter des microsillons de Claude Dubois. Rien ne laissait présager qu’après les Cds, les mp3s, les HMV, les Archambault, le disquaire indépendant L’Indicatif résisterait à l’envahisseur, surtout dans sa position géographique pour le moins accablante. Pourtant, il vit. Chapeau!

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