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Premièrement, remarquez que le nom s’écrit en deux mots : L-majuscule-A-espace-S-majuscule-A-R-R-E. Quand on dit qu’on vient de La Sarre à un Montréalais, il ne faut pas oublier de bien rouler ses R, sinon il aura tendance à confondre avec LaSalle.

Et même si leurs noms se ressemblent, la ville de La Sarre est située à près de 700 kilomètres de cet arrondissement de Montréal. Il y vit 8000 personnes dont l’âge médian est de près de 50 ans. Le groupe le plus sous-représenté selon le dernier recensement, c’est le mien : les 25-29 ans. Comme d’autres, j’ai quitté La Sarre pour étudier et faire carrière dans des métiers plus rares là-bas. Mais pour la première fois depuis plusieurs années, l’exode a stoppé. Même que des gens sont venus s’y établir! Des conditions favorables, mais surtout, une qualité de vie plus qu’enviable prouvent que l’avenir de La Sarre est prometteur.

1. Plus loin que l’île Moukmouk
La Sarre, c’est la dernière ville au nord-ouest du Québec suffisamment peuplée pour porter ce titre. Une fois à La Sarre, si tu fais 30 minutes de char plus au nord, tu te retrouves sur le territoire de la Baie James. Et si tu fais 20 minutes de char vers l’ouest, tu traverses la frontière du temps et tu reviens 20 ans en arrière, dans l’Ontario profonde (genre Cochrane, Kapuskasing et Timmins)… Vous connaissez l’expression « aller aux îles Moukmouk»? On dit ça quand on s’en va à un endroit très éloigné. Bin La Sarre, c’est encore plus loin au nord que l’île Moukmouk! Parce que oui, cette île existe pour vrai. Elle est située sur le Lac Duparquet, au sud de La Sarre. Cette île a appartenu à la famille Perron, des hommes d’affaires lasarrois qui ont fait fortune grâce à la forêt. La prochaine fois que Richard Martineau utilise cette expression pour dénigrer un propos, vous saurez où est l’île Moukmouk et lui, sûrement pas. Lecteurs d’Urbania : 1. Martineau : 0.

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2. La forêt
La Sarre s’est construite dans le bois, pour le bois et avec le bois. La forêt a longtemps été le moteur économique de la région. En 1989, la ville a été nommée Capitale forestière du Canada, première à recevoir le titre au Québec. À l’époque, La Sarre possédait les deux plus importantes scieries de l’Est du pays. Pour l’occasion, une grosse cabane en bois rond a été construite en plein cœur de la ville, et dans laquelle on retrouve le centre d’interprétation de la forêt et le bureau d’information touristique. La cabane a passé au feu en 2011, mais elle a été reconstruite pour accueillir les visiteurs. Fumeurs, soyez vigilants : ça brûle vite du vieux bois sec…

3. Blanche est débarquée à 100 mètres de chez nous

Vous connaissez Blanche, le personnage de la série télévisée du même nom? C’est dans le but de refaire sa vie qu’elle est débarquée à La Sarre dans les années 1930, pour devenir garde-malade dans un village plus au nord. Elle était venue rejoindre son frère Émilien, qui tenait un magasin de vêtements tout près du chemin de fer. Homme d’affaires, il a possédé la compagnie de téléphone et un commerce d’avions. Il a vendu La Sarre Telephone Inc. à Northen Telephone (aujourd’hui Bell Aliant) et il est devenu millionnaire. Sa compagnie d’aviation, Propair, existe toujours aujourd’hui et est détenue par une famille de la région, les Lambert, et leur partenaires. Parlant de millionnaires, il paraît qu’à une époque, La Sarre avait tellement de millionnaires grâce à ses ressources naturelles que c’était la ville québécoise avec le plus de millionnaires par habitants.

4. Nos députés
Je sais pas trop pour quelle raison, mais la région de La Sarre semble être souverainiste et de gauche! Depuis 1976, le député François Gendron du PQ est réélu, toujours avec une écrasante majorité devant ses adversaires. Après 37 ans de service, le doyen de l’Assemblée nationale est actuellement ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et vice-premier ministre. Parlant de politicien qui tiennent à leurs idées, la députée Christine Moore, de La Sarre, a été élue pour le NPD alors qu’elle se présentait pour la troisième fois sous cette bannière. Foglia était tellement excité d’avoir trouvé un député «non-poteau» du NPD qu’il a écrit une chronique complète sur la charmante politicienne (je sais qu’elle est sympa, on est allés au secondaire ensemble). Je n’ai pas pu voter pour elle aux dernières élections mais je sais qu’elle fait son travail avec dévouement, alors je l’appuie autant que je peux! Go Christine, go! L’article de Foglia : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/pierre-foglia/201105/04/01-4395925-cest-pas-un-raton-laveur.php

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5. Des gens qui ont le goût de l’eau
On ne peut pas parler d’une ville en Abitibi sans parler de ses lacs et ses rivières. La Sarre s’est établie autour de la rivière La Sarre, qui a longtemps servi de dépotoir aux scieries qui s’implantaient le long des berges. Son eau est brune parce que le sol est argileux dans le coin. Et pendant longtemps, de fortes odeurs émanaient du cours d’eau. J’aurais tendance à croire qu’une majorité de gens n’aiment pas leur rivière à cause de ça. Pourtant, des efforts ont été faits pour améliorer la perception qu’en ont les gens. On a notamment installé une petite fontaine sur la rivière près du pont menant au centre-ville. Résultat : les piétons reçoivent l’eau de leur rivière en pleine face quand le vent est du mauvais côté. Non, si tu veux vivre une expérience hors de l’ordinaire avec une étendue d’eau à La Sarre, il faut se rendre au petit lac dans le rang 7 Est pour pêcher une ou plusieurs des 3200 truites arc-en-ciel qui y sont ensemencées chaque année.

6. Attachez vos enfants

Le lac ensemencé ainsi que trois autres petits lacs à proximité, on les dit «sans fond». Mes frères et moi allions souvent jouer là quand mes grands-parents habitaient à côté de l’ancien dépotoir. Oui, oui, mes grands-parents habitaient à côté d’un ancien dépotoir! Il était situé sur une grosse colline et tout le flanc nord avait été creusé pour enlever les détritus. Cela avait créé un très haut «pit» de sable jaune qu’on s’amusait à escalader. Chez nous, c’était pas mieux. On habitait sur le bord de la track de chemin de fer, en face de deux commerces d’entreposage d’essence. Les garçons les plus téméraires du quartier passaient par-dessus la clôture des commerces pour monter sur un des gros réservoirs de mazout. Moi, j’étais trop pissou pour faire ça, je préférais aller au bout de l’avenue du Chemin de fer Est pour me rendre à la cour à scrap de vieux chars. J’avais 10 ou 11 ans et c’est dans ces endroits-là que j’ai découvert les rudiments de la photographie. Mes parents nous laissaient jouer à des places «dangereuses» mais sans ça, j’aurais peut-être jamais su quoi faire dans la vie!

7. Presque comme à New York
À La Sarre, tout est comme à New York. Pour faire du lèche-vitrine, la principale artère commerciale, c’est la cinquième avenue! On y trouve des commerces de luxe comme la bijouterie Créations Gilles ou le designer Couturier Daniel. Pour le théâtre musical, la Troupe à Cœur Ouvert, nous prépare chaque année une comédie musicale présentée pendant l’été. Pendant sept ans, elle nous avait ébloui avec le spectacle à grand déploiement «Le Paradis du Nord». Les textes avaient été écrits par l’auteure d’Unité 9, qui a longtemps habité Dupuy, un village à cinq minutes de La Sarre. Vous n’avez pas vu le spectacle? Vous avez sûrement vu la publicité à LCN ou sur les autobus Maheux, non? Cette année, la Troupe nous prépare la comédie musicale «Hairspray». Gageons que leur mouture sera meilleure que celle de Denise Filiatrault, qui monte aussi «Hairspray» cet été… Je ne blague pas, je déteste tout ce que fait Denise Filiatrault…

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8. Des vedettes?
Vous voulez du namedropping? Désolé, vous en aurez pas. Ou bien La Sarre n’a pas mis au monde de vedettes, ou bien les vedettes ont honte de dire qu’elles viennent d’ici! Il y a eu Dany Aubé, celle qui chantait «Ma casquette», mais personne se rappelle d’elle aujourd’hui! Il y a Edith Cochrane, qui a grandi à La Sarre. Mais, elle est partie à l’adolescence, c’est normal qu’elle ait oublié. Les vedettes originaires d’ici sont peu nombreuses mais de célèbres personnages de RBO ont été inspirés par une anecdote survenue durant un de leurs spectacles à La Sarre. Il paraît qu’un soir, une grosse famille qui avait des sièges à l’avant est arrivée en retard, tous vêtus de leur plus belle «suit de ski-doo». RBO, fascinés par leur impolitesse et leur accoutrement, les ont immortalisés : les Slomeau étaient nés! Source sur les Slomeau : http://rbo.radio-canada.ca/rbopedia/familleslomeau/

9. Un des cinq fromages d’ici

On mange où à La Sarre? On est quand même assez «big» pour avoir des chaînes comme un McDo, un PFK, un Mike’s, un Tim Hortons, un Subway et un Double Pizza. Sinon, vous pouvez manger dans les six autres casse-croûtes, les trois restaurants de «cuisine canadienne», dans le restaurant canadien-mais-qui-fait-aussi-des-fajitas ainsi qu’au buffet chinois. Si l’eau ne vous vient pas à la bouche, vous pouvez cuisiner avec des produits locaux. Proche de La Sarre, La Fraisonnée offre une gamme de tartinades aux fruits sans sucre ajouté. Ils produisent aussi les confitures pour la marque Minçavi. De plus, la fromagerie La Vache à Maillotte fabrique des fromages de type cheddar et des fromages fins dont certains font partie des Sélection Caséus. Leur fromage en grain est si bon que Maxim Martin l’a écrit dans un statut Facebook. Statut Facebook de Maxim Martin : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=10151532240769114&id=49570139113

10. Une tartinade sur du bon pain

Je vous l’ai déjà mentionné, je travaille en communications visuelles dans la vie et je ne peux m’empêcher de dire que j’aime beaucoup le sac du défunt pain Palmarolle. Je dois pas être le seul à m’ennuyer parce que quelqu’un a créé une page Facebook en son honneur. Page du Pain Palmarolle : https://www.facebook.com/PainPalmarolle

11. Les jeunes sont pas propres propres
À notre époque hyper-rapide et où tout le monde vit chacun pour soi, les gens des grandes villes rêvent de retrouver un esprit plus humain et plus communautaire. La Sarre, elle, n’a jamais perdu cette capacité à s’unir pour bâtir son quotidien. Moi qui avait toujours trouvé la ville monotone lorsque j’y vivais, je me plais à découvrir qu’aujourd’hui, le groupe de jeunes qui reste crée une vie culturelle et sociale active. Ils sont peu nombreux mais ils brassent la cage! Plusieurs festivals sont organisés pour faire sortir les lasarrois mais celui qui m’intrigue le plus, c’est le Festival des langues sales! C’est un festival qui met en valeur la langue française par l’entremise des arts de la scène: musique, chanson à répondre, poésie, conte, théâtre, humour, cinéma… Le Festival a même remis sur pied une ligue d’impro dans la ville, après une vingtaine d’années d’absence. Ces soirées se passent au Bistro La Maîtresse, un bar-spectacles où de nombreux chansonniers et groupes de la relève se produisent. Le clou des Langues Sales est un concours régional de bitchage de villages! La sixième édition du festival cet hiver a tellement été un hit que le Journal de Montréal en a parlé et Matthieu Dugal l’a Facebooké.

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Article du JdM partagé par Matthieu Dugal : https://www.facebook.com/matthieu.dugal/posts/136532603184220

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