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Passé l’aéroport de Montréal, fait surprenant, il y a civilisation. Et pas n’importe laquelle : l’Ouest-de-l’Île, plus communément appelé le West Island. C’est dans le Far West de chez nous, de l’autre bord de la faille linguistique montréalaise, que se situe la ville de la semaine: Kirkland.
Encerclée par ses comparses anglophones, telles Pointe-Claire, Beaconsfield et Pierrefonds, ce bastion libéral « west-islandien » est un petit bijou qui vaut le détour. Ses attractions typiquement banlieusardes vous laisseront pantois, j’en fais le pari.
Kirkland, c’est la meilleure représentation qu’on peut se faire du West Island. Un maire-monument, un boulevard menant aux quatre coins de l’Ouest, un cinéma à vous faire pâlir d’envie et des Tim Hortons à perte de vue. Des voisins qui ne se connaissent que par le prénom de leur chien, des garages servant de lieu de stockage pour des pesticides prohibés, des driveways plus propres que la surface lunaire; bref une banlieue hors du commun.
J’ai quitté Kirkland il y a 2 ans pour poursuivre mes études universitaires, mais aussi, parce qu’en tant que francophone dans l’Ouest-de-l’Île, ça fait du bien de voir ailleurs. À chaque fois que j’y retourne, débarquant dans le centre commercial Fairview Pointe-Claire, je suis sous le choc. L’obésité, les gros SUV et l’omniprésence de la langue anglaise ne font que me rappeler à quel point cette partie de l’Île est américanisée. Mais Kirkland, c’est plus que ça. C’est le paroxysme de l’irréductible Anglo-Québécois, celui qui s’acharne à ne pas parler français et se plaint lorsque le menu est seulement écrit dans la langue officielle de notre Belle Province. Une culture à part, qui m’a certes fait sentir différente, mais qui m’a aussi permis de devenir bilingue et de pouvoir passer pour une anglo aux yeux des plus francophones de ce monde.
1. L’École secondaire Félix-Leclerc (et sa buddy St-Thomas)
Pour les rares francophones de Kirkland, le choix des écoles secondaires est restreint. Moi, j’ai été shippée à Félix-Leclerc à Pointe-Claire, qu’on appelait tout simplement Félix, vu le degré d’intimité qu’on a développé entre ses murs durant cinq années d’adolescence. On raconte que, « dans le temps », des batailles fréquentes survenaient entre les anglos de St-Thomas High School, sa voisine, et les francos de Félix. Ce qui fait la beauté du franglais parlé entre les murs de Félix, c’est ce mélange fabuleux avec des expressions arabes. Ça donnait des trucs du genre « Wallah, check ça gee ! ». On se souviendra aussi des Journées multiculturelles, où plus de 75 nationalités faisaient semblant de vivre en harmonie durant une journée.
2. John W. Meaney, le maire-monument
Ce qui est particulier à Kirkland, c’est que si tu restes assez longtemps à la même place, tu peux devenir un véritable monument, rock solid. C’est d’ailleurs le cas de notre charmant maire, John W. Meaney, qui est en poste depuis bientôt 20 ans, sans interruption. Joueur émérite de balle lente, M. Meaney est entré au conseil municipal en tant qu’élu en 1975. Belle carrière, John.
3. Le Colisée Kirkland, aux confins de l’espace
Le cinéma Colisée Kirkland, c’est la pierre angulaire de notre bourgade. Des films américains, en veux-tu en vlà ! Mis à part « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain », j’ai peine à me souvenir du dernier film en français qui a été diffusé en ces lieux. Ce membre de la famille Cineplex n’a pas fait exception au bon goût du décorateur du géant du cinéma avec ses navettes spatiales et fusées accrochées au plafond, et son tapis style « banc de la STM »; on entre ici aux confins de l’espace. Aux abords du Colisée, on retrouve le Parc des Bénévoles, parc à chien ou paradis des quadrupèdes.
4. Le Manoir
Des bars à Kirkland, ça court pas les rues. Toutefois, on a la chance d’avoir le plus gros de Pointe-Claire pas trop loin : le Manoir. Un genre de chalet géant, dont le toit brillait autrefois de mille feux dans le temps des Fêtes. Ça fait un choc d’entrer au Manoir un jour de semaine en après-midi; le nombre de têtes grises dépasse l’entendement. Mais, avec les trois complexes pour retraités actifs kirklandais non loin, c’est pas si étonnant.
5. La bibliothèque
L’offre de livres de la bibliothèque de Kirkland, c’est une superbe métaphore de la richesse démographique et linguistique de notre ville. Les nouveaux arrivages en français sont plutôt rares, et ceux actuellement offerts sont en piteux état. La section anglophone ne cesse de s’agrandir, et s’alimente sans cesse de nouveautés. Quant à la section italophone (oui oui), et bien, disons qu’elle est mieux fournie que la francophone.
6. Les parcs
La banlieue, c’est plein de petits parcs bien entretenus qui se retrouvent occupés par les ados la nuit tombée. Les parcs Terry-Fox et Cambridge, accessibles à pied de chez moi, ce sont le souvenir des premières conneries, du flirt dans les tubes-glissades et de la découverte de condoms usés près des tables à pique-nique.
7. Les Tims, lieu de pèlerinage (24h/24, 7 jours sur 7)
Avant d’avoir son permis de conduire ou d’aller dans les bars, après ses premières munchies et ses premières vraies soirées d’abus d’alcool, il y avait toujours le Tim Hortons. Véritable institution canadienne, mieux connu que l’hymne national, les Tims occupent une grande place dans nos cœurs kirklandais. Des embouteillages se créent même au drive-through pour acheter le café du matin dans le confort de son SUV. C’est aussi le lieu de rencontre des gars de la Sécurité Publique, pour ne pas faire trop cliché.
8. Le boulevard St-Charles
Kirkland, c’est principalement le boulevard St-Charles. Menant au sud vers Beaconsfield et le village de Pointe-Claire, on passera d’abord par le drive-through du McDonalds où beaucoup viennent éponger l’alcool de leur foie ou tarir leur munchies les soirs de fin de semaine. On y retrouve aussi le tout nouveau Café Starbucks, au sein du centre de commerce Centre St-Charles. Au nord, le boulevard nous mène vers Pierrefonds, DDO et Sainte-Geneviève, où on retrouve le seul cégep francophone du West Island qui peine à remplir ses portes depuis quelques années. Mais non, le français ne recule pas sur l’Île, ce n’est qu’une illusion !
9. Le Rockaberry
The best pie in town! Le Rockaberry, un café-pointe de tarte-dessert, a pignon sur rue sur notre fameux boulevard St-Charles, mais a vu le jour à NDG. Si vous avez le goût de découvrir c’est quoi de la maudite key lime pie, v’là votre chance !
10. Kuper Academy, l’école passerelle
Kuper Academy, une école privée secondaire et primaire, située non loin du Mini-Putt où tout kirklandais qui se mérite a organisé au moins un de ses partys de fête, est une école connue pour plusieurs raisons. D’abord, elle attire l’œil à la sortie des classes avec la monstrueuse file de SUV (oui, encore eux) qui se forme devant la cour d’école lorsque les Real Real Desperates Housewives de ce monde viennent chercher leur progéniture. Ensuite, on connaît Kuper pour sa fabuleuse équipe de Lacrosse, un sport bien de chez nous qu’on a eu le malheur de trop oublier. Finalement, c’est son statut d’école passerelle qui a fait la popularité de cette école. Combien de West Islandiens récemment immigrés ont fait le saut? Difficile à dire. Mais quand on voit que les rangs de St-Thomas sont peuplés d’immigrants ayant effectué une année à Kuper, c’est à se demander à quoi bon la loi 101.
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